Chalon sur Saône
Espace des Arts. Rencontre avec Alexis Moati, metteur en scène
Publié le 03 Février 2015 à 09h34
L’Espace des Arts, Scène nationale, n’est pas seulement un lieu où l’on peut voir du théâtre, des concerts, des expositions, des spectacles aussi divers que variés… il est aussi un lieu de création, de production et de coproduction. La semaine dernière, la production déléguée Espace des Arts « Et le diable vint dans mon cœur (Adolescences…) » a rassemblé environ un millier de spectateurs.
En marge des représentations de cette pièce qui bouscule les codes du théâtre et des Lycéades dont il est le parrain, infochalon.com a pu s’entretenir avec Alexis Moati, artiste associé à l’Espace des Arts, acteur, metteur en scène, dramaturge.
Pour « Et le diable vint dans mon cœur (Adolescences…) des ateliers avec les adolescents ont été intégrés au processus de création. Il en va de même pour les acteurs de la Cie du Vol Plané qui sont placés au centre de vos projets, est-ce par souci d’authenticité ?
Il est important que les acteurs avec lesquels je travaille puissent également être auteurs pour mettre en œuvre une écriture qui naisse du plateau. De ce travail collectif nait une scénographie et un spectacle qui ressemble aux répétitions. On travaille sur une thématique sans support texte pour capturer le vivant, quelque chose de vrai.
« Cette façon d’appréhender les choses est en réalité un piège –
Un piège pour capturer des moments de vérité ».
Pour cette création, dernier volet d’une trilogie sur la fin de l’enfance, je ne voulais pas que les acteurs en appellent aux souvenirs d’adolescents qu’ils ont été. Il fallait ouvrir le champ des possibles et imaginer tous les adolescents qu’ils n’ont pas été. C’est une approche que j’ai voulu loin de toute sociologie, de toute psychologie. Je voulais que ce soit une observation et que l’on puisse se demander : et après que va-t-il se passer ?
Ce qui est formidable c’est que ça passe et ça ne finit pas... L’adolescence pose la question de l’infini et du fini. Les acteurs ont fourni un énorme travail, ils ont animés des ateliers thématiques, sont partis en immersion dans des lycées… tout cela a été nécessaire pour tenter de comprendre le point de vue des adolescents. Nous avons travaillés dans 4 villes : à Chalon-sur-Saône avec les élèves du Lycée Hilaire de Chardonnet et du collège Jean Vilar, à Gap, à Valréas et à Marseille. Nous nous sommes vite aperçus qu’il n’y avait pas de lieu identifié pour les adolescents mis à part les réseaux sociaux et sur l’espace numérique, précisément, nous n’avons pas voulu tomber dans l’anecdote. L’adolescence est une période de changement, de grands bouleversements, c’est une ouverture sur l’infinitude, sur tous les possibles, ce qui n’est en rien rassurant.
Vous avez voulu restituer une vérité poétique…
Oui, en alternant moments drôles, décalés parfois déjantés et temps de réflexion car un enfant qui bascule dans l’adolescence, ce n’est pas une crise d’adolescence, c’est une crise familiale car se produit la « désaffiliation ». Il y a un secret dans cet âge et quelque chose d’animal chez les adolescents ; ils se cachent pour grandir, on grandit rarement en pleine lumière sous les yeux de ses parents. On peut se permettre de rire d’eux également mais aussi de tout ce qu’il y a autour c’est-à-dire des parents, des professeurs… et pour explorer cet état intime, fragile et transitoire, cet âge des « premières fois », ces moments extrêmes où la vie vous prend et vous traverse, nous avons pris notre temps, le spectacle dure environ 2h10 car « Si l’adolescence est notre miroir, nous devons être le sien… »
Vous écrivez (Adolescences…), entre guillemets, au pluriel, suivi de 3 petits points, est-ce pour signifier que c’est une période passionnante mais difficile à appréhender ?
C’est une période de mutation et de création de soi, où l’on endosse des habits, des peaux… où nait l’urgence, le besoin du risque, où on s’essaye, en cela on est théâtral. Il y a, encore, quelque chose de fondateur dans cette période car c’est le moment où l’on se fait des promesses. Mais les adolescents prennent une vraie douche froide. Il faut leur créer des perspectives et leur dire que tout est possible, tout est à inventer. Ils sont des relais extraordinaires quand tous les voyants sont allumés. De toute manière, il ne nous faut pas oublier que nous avons tort car nous allons mourir avant eux.
Ce spectacle repousse les limites du théâtre, pourquoi avoir choisi de jouer sur la frontière entre réalité et fiction ?
Partant d’une forme qui recompose une convention avec les spectateurs, la fiction est fabriquée à vue, brouillant les pistes entre l’illusion du théâtre et la réalité de ce qui se déroule au plateau. Il s’agit donc de jouer franc-jeu avec le public. Ensemble, on bouscule les limites et c’est le spectacle qui décide. Cette création n’est pas née d’une vision personnelle, elle est le fruit d’un projet collectif. Les acteurs sont les constructeurs scéniques des univers successifs qu’ils traversent, entremêlant imaginaire, réalité et souvenirs, comme des enfants qui jouent.
C’est votre seconde création à l’Espace des Arts, quel rapport entretenez-vous avec ce lieu ?
Je suis artiste associé à l’Espace des Arts depuis janvier 2012 pour 3 ans. Ce spectacle n’aurait pas vu le jour sans le soutien de Philippe Buquet, Directeur de l’Espace des Arts qui, avec toute son équipe, nous ont ouvert les portes…
Vous avez été le parrain des lycéades, quel message avez-vous voulu adresser aux jeunes (option théâtre) que vous avez rencontré ?
Je suis très attaché à cette notion de transmission, elle est fondamentale et fait partie intégrante de notre rôle. Mon message a été : soyez ce que vous êtes et n’ayez pas peur. Je voudrais, également, que ce spectacle porte en lui l’élan de la jeunesse, et donne confiance en la suite, qu’il soit drôle, que l’on s’amuse, qu’il porte l’idée que finalement grandir, c’est bien. Il faut les « alléger » un peu, leur réussite en dépend.
Pour la suite ?
Nous partons en tourné : le 13 février 2015 à La Passerelle, Scène nationale de Gap et des Alpes du Sud, du 26 au 28 mars 2015 au Théâtre du Gymnase, Marseille. Nous allons également nous produire au Théâtre d’Arles, Scène conventionnée pour les écritures et pendant le Festival des Nuits de l’Enclave, Valréas. En ce qui concerne mes projets, après avoir monté en 2008 avec Pierre Laneyrie, Le Malade imaginaire de Molière et en 2011, toujours avec Pierre Laneyrie L’Avare en coproduction avec le théâtre du Gymnase et l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, je vais travailler sur Le Misanthrope, l’année prochaine à Marseille, autour de la réflexion : peut-on changer le monde ?



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