Chalon sur Saône

Tout est tellement vrai et plausible dans les parodies d’Arnaud Ducret !

Tout est tellement vrai et plausible dans les parodies d’Arnaud Ducret !

Comme sa désignation l’indique, « Les régalades du Piccolo » emballées par A Chalon Spectacles déroulent le tapis rouge à leurs invités en 2014-2015 au…Piccolo, épatant théâtre s’il en est. Or, il y a eu vendredi soir une exception qui a confirmé la règle. Pour Arnaud Ducret un glissement de terrain s’est produit jusqu’à la salle Marcel-Sembat, dont la contenance n’a rien à voir avec celle du théâtre. Davantage de personnes, donc davantage d’ambiance, et même pour parachever l’ensemble de l’œuvre de l’artiste ce soir-là, une standing ovation !

Ce quotidien insignifiant qui prend une tout autre tournure grâce à l’inventivité

Selon ses dires Arnaud Ducret a mis cinq ans pour en arriver à ce stade vis-à-vis d’un spectacle dont la moindre des qualités n’est pas d’ouvrir les vannes de la marrade du début jusqu’à la fin. Hypertonique, tant dans la gestuelle que dans l’oralité, Arnaud n’a cure de s’économiser au cours de ce one-man-show très physique à certains moments, plus posé à d’autres, mais toujours avec l’idée fixe de renaturer personnes –vous et moi peut-être, qui sait ?, choses, situations qui, dans leur cadre de vie habituel, ne prennent pas obligatoirement une dimension farfelue ! Pour ce faire l’humoriste au style très dupontellien a plus d’une corde à son arc : il mime, chante, danse (Dirty Dancing en particulier avec une partenaire soutirée au public dans un contexte grotesque), fait du bruitage, de la beatbox, des mimiques…et surtout, surtout, sert la comédie sur un plateau avec tous les ingrédients qui participent de la magnificence des grands plats. Histoire d’introduire les sujets avec beaucoup d’acuité, Arnaud Ducret se métamorphose en des personnages disposant d’un quotient intellectuel volant au ras des pâquerettes…Le prof de danse stylé dans un centre de gériatrie avec la valse des déambulateurs, des dentiers, des flatulences, le prof de karaté –Maître Li- enseignant l’art de la contre-attaque quand « vous vous faites agresser par un agresseur de type agressant à forte corpulence », ce Luc qui ambitionne, malgré son cancer du larynx, de faire carrière dans la chanson, cette Sylvie dépendante de son Jack Rabbit avouant à son compagnon d’Arnaud : »J’ai envie de tirer les ficelles de la marionnette que tu es », en déplorant que « pour les mecs on est des bouts de viande »)…ont du répondant ne pouvant engendrer qu’un état jubilatoire. Ce n’est pas possible autrement. Façon de provoquer des appels d’air, le showman créé également des apartés pas piqués des vers. « Les filles, qu’est-ce que vous pouvez faire pendant une heure et demie dans la salle de bain ? Nous, les mecs, en trois minutes c’est fait. On est tranquille pour la semaine ! » Que dire aussi de ce médecin addict au sexe prêt à sauter sur tout ce qui bouge ? Si certains des travers de ses contemporains ont été grossis à la loupe, la forme n’aura à aucun instant pris le pas sur le fond. Inquiétant ? Non, tout le monde n’échappant pas à la faillibilité, il y aura encore à boire et à manger sur scène…

                                                                                                      Michel Poiriault