Saône et Loire économie

Touroparc/Romanèche-Thorins - Un quinquagénaire en cure de rajeunissement

Touroparc/Romanèche-Thorins - Un quinquagénaire en cure de rajeunissement

Ouvert en 1961, Touroparc, le parc zoologique de Romanèche-Thorins clôt cette année trois ans de rénovation. Adieu les circuits fermés et les zones délaissées qui forçaient parfois le visiteur au détour, voici le « zoo du XXIe siècle ». Un parc animalier plus orienté vers la protection des animaux et le développement durable et chouchoute ses pensionnaires. Une gestion toujours privée mais raisonnée. Tour d'horizon par info-chalon.com.

Fanindra patauge dans la boue, il aime ça et il a le droit de le faire, contrairement aux deux petites filles qui le regardent ébahies. Il en a même besoin. Ce rhinocéros indien est l’un des six de son espèce à vivre en France (53 présents en Europe). Il est venu de Rotterdam en 2013. Une bête rare dont n’est pas peu fier Franck Chauduc, vétérinaire et P.-DG de Touroparc. Fanindra est arrivé à Romanèche-Thorins la même année que les pandas roux. Une femelle rhinocéros lui tiendra compagnie dans les trois ans qui viennent. Les groupes de visiteurs ont désormais une vue plongeante sur sa corne et sa cuirasse, grâce à la sentinelle, une passerelle pratique qui donne une vue imprenable sur l’enclos du rhinocéros, de la famille girafe et des zèbres. On regarde aussi les éléphants qui chahutent mais leur énergie pachydermique se défoulera bientôt sur un mur d’entraînement. 200.000 visiteurs ont franchi l’entrée du parc en 2014.

A l’origine, Touroparc naît d’une passion personnelle et privée, celle de René Livet, un horloger champion de vélo qui faute de devenir un roi de la petite reine pour raison de santé, se consacre à sa deuxième passion, l’élevage des animaux sauvages. Jardin d’acclimatation, zoo, pendant quarante ans l’affaire prospère jusqu’à connaître une tourmente judiciaire dommageable. Soupçonné de malversations, Frédéric Thête, l’ex-directeur du parc, est placé sous contrôle judiciaire en 2012 et démissionne (1). Suite à cet épisode fâcheux, le fondateur, M. Livet, voisin direct du zoo, appelle à la rescousse Franck Chaduc qui a exercé ses talents de docteur vétérinaire de 1986 à 1991 au parc. Dix ans avant l’arrivée du premier Tigre blanc, devenu mascotte officielle. Déterminé et passionné, sans faire table rase du passé, l’homme, plutôt énergique, part en mission pour sauver la structure et ce parc auquel les Saône-et-Loiriens du sud sont attachés, comme on peut l’être à une part d’enfance.

Des travaux maison

Cet été 2015 marque pour la nouvelle équipe la fin de trois années de restructuration et de travaux maison. Avec comme objectif premier le bien-être des animaux. Enterrée la mauvaise réputation des zoos auprès des défenseurs de la vie sauvage. En 2015, les parcs comme celui de Romanèche-Thorins se proclament havre de paix et de protection pour la faune menacée. Beaucoup de pensionnaires à poils et à plumes n’ont jamais connu la vie sauvage et sont les derniers représentants, précieux, de leur espèce. Encore un pas et nous voilà presque dans la militance pour la survie des espèces braconnées,  rhinocéros ou éléphants. Les associations de protection et des parrainages existent pour rappeler les situations dramatiques et les solutions potentielles. La pédagogie est favorisée, les questions des visiteurs aux soigneurs encouragées, les interactions entre espèces dans les enclos souvent rigolotes. Les loutres gambadent dans l’enclos du panda roux et réclament à manger aux visiteurs (NDLR : il est strictement interdit de nourrir les animaux mais la loutre a compris qu’on peut ne pas respecter un règlement et tente sa chance. La loutre est psychologue).

Les émeus côtoient les wallabies, les zèbres baguenaudent chez les girafes. Résultat : les animaux, stimulés par leurs nouveaux colocataires, s’ennuient moins.

Un zoo du XXIe siècle

Les deux femelles hippopotames, Nanahé et Pamba, ont hérité d’un bassin supplémentaire de 250 m2 et  ont 2000 m2 pour s’ébattre. Une responsabilité morale pour Franck Chaduc à qui ce « zoo du XXIe siècle », géré donc sans perdre de vue « le bien-être de l’animal », paraît essentiel. Mieux connaître, mieux expliquer, mieux soigner, mieux préserver. « S’il y a des parcs zoologiques, c’est parce qu’il y a des espèces menacées », assène le P.-D.G dans la documentation presse. Tous pourtant n’ont pas la même éthique. Cette année, deux lycaons, des chiens sauvages africains, saisis par les services vétérinaires dans un établissement moins bien entretenu sont relogés dans un enclos, qui bénéficiera aussi de remodelage puisqu’il a accueilli ces deux nouveaux pensionnaires en urgence.

Franck Chaduc exerce encore deux jours par semaine dans sa clinique de l’Allier. Le reste de la semaine, il arpente, talkie-walkie en main les allées du parc et  prend une décision toutes les dix minutes comme le veut sa fonction. Cet après-midi d’avril, la presse régionale est conviée à une visite guidée et se mêle aux visiteurs du jour. L’ouverture du parc à l’année a été décidée par M. Chaduc et se révèle une bonne opération. La conversation s’engage avec les soigneurs, à l’heure du goûter des animaux qui dans des formules spéciales, accueille du public. Le personnel est très repérable avec ses T-shirts orange fluo siglés. Cet après-midi là, on repeint, on vérifie les canalisations. L’estrade du bassin des phoques, peu pratique, a été refaite par le personnel. Des aménagements ont été concrétisés à la fauverie, chez les zèbres de Grévy. La volière centrale va être démolie. Quinze soigneurs s’occupent de 700 pensionnaires de 140 espèces différentes. En 2014, les nouveaux bébés tigres blancs ont été baptisés Nelson et Mandela sans que cette responsabilité historique ne les empêche de jouer. En 2015, chose rare en captivité sur le vieux continent, deux varans de Macraé ont vu le jour au vivarium. En dehors de la balade traditionnelle le long des enclos, les enfants trouvent plus vite que vous les animations, des tacots au monorail qui offre une vue d’ensemble sur le parc et le parcours d’accrobranche d’Amazon Aventure. Gratuites et illimitées, très appréciées des gamins, ces animations ont redonné une nouvelle jeunesse à Touroparc. En attendant la prochaine étape : l’agrandissement du domaine qui s’étend aujourd’hui sur 12 ha.

 

Florence Genestier

photos : Flo et Anna Genestier

(1)    (1)  Actuellement, toujours soumis au contrôle judiciaire, ce passionné de reptiles s’occupe d’un nouveau parc aux crocodiles dans la Vienne. Renseignements pris au TGI de Mâcon, en charge du dossier, l’instruction n’est pas bouclée.

Les missions du parc : favoriser la reproduction ex situ d’espèces menacées, éduquer et sensibiliser le grand public à la protection de ces espèces et de l’environnement (ex : pesticides et insecticides sont bannis du parc depuis 2012), financer des projets de sauvegarde in situ d’animaux dans leur milieu naturel. Il est possible de parrainer des animaux par exemple.

http://www.touroparc.com/