Société

L'accouchement sous péridurale serait-il devenu la norme en France?

L'accouchement sous péridurale serait-il devenu la norme en France?

L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a analysé les données d'une enquête périnatale réalisée en 2010 sur 14 600 femmes ayant accouché en France sur une semaine donnée. Les résultats sont assez surprenants. Les explications d'Info-Chalon.

En France, près de 8 femmes sur 10 (77%) accouchant par voie basse ont recours à la péridurale. Cette technique, mise en place dans l'hexagone dans les années 70-80, en plein cœur du débat sur l'émancipation de la femme et l'autorisation de recourir à l'IVG, s'est largement démocratisée, notamment depuis l'instauration en 1994 par Simone Veil de son remboursement à 100% par la Sécurité sociale.

 

Ainsi, on comptait 54 % de femmes accouchant sous péridurale en 1995, contre 75% en 2003 et 81% en 2010. Avec une moyenne de 800 000 accouchements par an en France, autant dire que son utilisation est massive.

 

Mais si la majeure partie des parturientes d'aujourd'hui souhaitent un accouchement médicalisé sans douleur, certaines font le choix de nos ancêtres, assumant la totalité des désagréments que requière l'accouchement. Parmi ces femmes qui font à la base le choix du naturel, la moitié d'entre elles finiraient par prendre la péridurale au moment fatidique, selon les conclusions de l'Inserm. Les raisons de ce choix de dernière minute sont multiples. Tout d'abord, la réalité de la douleur, lorsqu'elle est vécue, dissuade certaines femmes d'aller jusqu'au bout sans un peu d'aide. D'autre part, la prescription d'ocytocine, une hormone naturelle, utilisée parfois pour déclencher ou accélérer le travail en vue d'éviter la césarienne, provoquerait des contractions beaucoup plus douloureuses que la normale et inciterait plus fréquemment à l'utilisation de la péridurale. Enfin, la présence sur place d'un anesthésiste pouvant intervenir rapidement facilite la possibilité de recourir à la péridurale, d'autant que les sages femmes, en surcharge de travail, ne peuvent pas être aussi présentes qu'elles le souhaiteraient auprès des femmes durant leur travail. Ces conditions d'organisation hospitalières seraient-elles aussi à l'origine de l'augmentation du nombre de péridurales en France? C'est en tout cas une des hypothèses avancées par l'Inserm.

 

La France fait donc partie aujourd'hui des pays qui ont le plus recours à la péridurale, avec également un taux élevé de césariennes (21%) et une hospitalisation pour les accouchements sans risques plus longs que la moyenne (4,2 jours en France contre 3 en général).

 

Faut-il l’encourager ? Le fait que l’accouchement soit de plus en plus médicalisé, essentiellement pour faciliter le travail de tout le monde, a en tout cas de quoi interroger. Et l’on est en droit de se demander si une telle situation est véritablement indiquée.

 

M.M.