Que va-t-il sortir cette fois-ci de son chapeau, Eric Antoine ? Eléments joviaux de réponse...

Carrure imposante, cheveux en bataille, fantasque au possible avec ses imprévisibles sautes d’humeur, le mystificateur de première en pleine ascension qu’est le magicien-humoriste Eric Antoine foulera le vendredi 4 décembre à 20h la scène du Parc des Expositions de Chalon. Nul besoin de vous faire un dessin pour définir le pedigree de sa prestation estampillée Magic Délirium, il suffit de lire entre les lignes…Etre exquis, Eric a ponctué l’entretien qui suit d’éclats de rire sonores et spontanés. Que du bonheur !

Vous êtes venu le 5 octobre 2013 à Chalon-sur-Saône, pour Mystéric. Le 4 décembre 2015  vous y reviendrez avec votre troisième spectacle : Magic Délirium. Que s’est-il passé dans l’intervalle ?

« Rien, ma vie en dehors de Chalon n’existe pas ! Pour tout vous dire j’ai calculé que ces dix dernières années j’ai fait mille cinq cents dates, trois cent mille kilomètres de voyage pour aller d’une ville à l’autre. J’ai fait  donc l’aller-retour à la lune. Vous expliquer ce qui s’est déroulé en quelques mots, c’est une mission absolument impossible. C’est tellement riche de rencontres, de créations, entre des spectacles, la télévision et tout ce qui se passe à côté, c’est d’une grande intensité ! »

De quelle veine est ce Magic Délirium, et où puisez-vous votre inspiration ?

« Le défi, c’était de faire délirer la grande illusion, c’est-à-dire que c’est un domaine très spécifique à la magie, à savoir ces gens qui disparaissent sur scène et apparaissent dans la salle, les grosses boîtes avec des assistantes, et tout ça. C’était de rendre cette partie-là de la magie plus drôle, moins en se prenant au sérieux, que ce soit plus couillon, plus absurde. En fait c’est ma base de départ, après mon inspiration vient de beaucoup de choses différentes, de mes lectures, de mes visions, de ma famille, de ma vie, de mes inspirations artistiques diverses et variées. Par exemple, je commence le spectacle nu dans une baignoire, j’en sors sec et habillé, et ce numéro m’est venu en lisant une bédé pour tout vous dire. Je découvre un dessin d’une femme dans une baignoire dont les pieds viennent lui gratter le nez. Je me suis dit, mais ça c’est un tour de magie, c’est génial ! Donc de ce petit dessin j’ai décidé d’être nu dans la baignoire et puis que mes pieds tournent, après il y a plein de choses qui arrivent dans la baignoire : en ressortent un homme-grenouille, une sirène…Voilà, mes inspirations viennent véritablement de tous les domaines artistiques et privés, de la vie tout simplement. » 

Autoproclamé Humorillusionniste, Prestidagitateur, Grand Dépoussiéreur de la Magie, seriez-vous l’inventeur d’un genre nouveau ?

« Je ne crois pas, en France peut-être, mais dans le Monde, non. Il y a par exemple un duo magique que j’aime beaucoup, qui s’appelle Penn&Teller. Ce sont des Américains, en plus de la magie, ils abordaient des sujets à portée sociale et à portée politique. Eux, ils m’ont beaucoup, beaucoup inspiré dans cette approche de la magie, mais pas que d’elle. »

La magie a-t-elle selon vous toutes ses lettres de noblesse dans la conscience collective, ou dispose-t-elle de réelles marges de manœuvre ?

« Je crois qu’il y a une vraie marge de progression, malheureusement il y a encore une image un petit peu poussiéreuse pour la magie. En réalité, lorsqu’on pose la question aux gens de savoir s’ils ont déjà vu un tour de magie, il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup, qui n’en ont jamais vu en live, et peu en ont vu à la télévision. C’est un art qui est une grande richesse à tous points de vue, aussi bien intellectuelle qu’émotionnelle, qui demande des connaissances en mécanique, en ingénierie, en informatique, mais aussi des heures et des heures de travail pour approfondir sa dextérité. C’est un art merveilleux qui a eu un grand âge d’or il y a deux siècles, et depuis il y a une espèce de petite décomposition. Mais je trouve que depuis quelques années il y a un vrai renouveau. On voit à nouveau un intérêt, on n’avait pas connu ça depuis les années 80, depuis l’ère de Copperfield, et toutes les grandes stars mondiales, la magie qui sort aussi de ses frontières, qui va dans la rue, dans des endroits un peu incongrus. Je trouve que l’on est sur une bonne phase ascendante. » 

Le public est-il plus désireux de s’abandonner au rêve lors de vos tours, ou de tenter d’en percer les inaccessibles secrets ?

« Les secrets ne sont pas si inaccessibles que ça. Mais les deux dynamiques sont vraies, c’est pour cela aussi que je suis humoriste, car l’humoriste c’est un superbe détournement d’attention. Une fois que tu as vu le tour, au lieu de chercher à percer le secret, et que tu continues à rire avec l’artiste qui est en face de toi, eh bien le secret a perdu toute son importance, ce qui compte c’est le moment que l’on vit ensemble. C’est aussi stratégique de ma part que de lier ces deux arts. »

Quelles franges de la population, et (où) quelles catégories d’âge sont-elles les plus dévoreuses de magie ?

« Dans mes spectacles, tout le monde est très représenté. Il y a bien sûr les enfants accompagnés de parents ou de grands-parents, mais il y a aussi des ados qui viennent seuls, des jeunes adultes parce que je suis un peu rock n’roll, des quadras, des quinquas…du moins en ce qui me concerne en salle. Souvent, la magie a un côté un peu familial, mais pour mes spectacles, il y a un mélange. »

N’avez-vous pas une certaine concurrence avec toutes les personnes qui font prendre des vessies pour des lanternes au citoyen lambda ?

«La concurrence est forte, mais moi je suis un escroc honnête. Je sais que je suis un escroc, et je dis que je suis un escroc, ce qui n’est pas le cas des personnes, personnages auxquels vous pensez, j’imagine ! Toute la différence est là ! Les gens viennent me voir pour s’amuser et passer un bon moment, et puis aussi pour peut-être un peu réfléchir. Comme le but est très clairement affiché il ne peut pas y avoir d’escroquerie, puisqu’elle est là car avant même que ça n’ait commencé. »

Renseignements/Réservations :

www.achalon.com; 03.85.41.50.04, www.d2p.fr ; points de vente habituels (Fnac, Carrefour, Géant, Leclerc, Cultura, Auchan, Cora) ; sur le net : www.fnac.com – www.digitick.com ; réservations PMR – Groupes –CE : 03.85.41.50.04 Ceci mis à part, voici l’adresse du site d’Eric Antoine : www.ericantoine.com

Crédit photo : Laurent Seroussi

                                                                                                Michel Poiriault