Bourgogne
Info-Chalon a lu pour vous « Mamie H », l’histoire d’une septuagénaire devenue dealer de cannabis
Publié le 26 Mars 2016 à 16h17

Toujours à l’affut de ces livres dont on ne vous parle pas dans le supplément « Livres » d’un certain « grand quotidien du soir » ou dans les magazines littéraires, car considérés par l’armada de plumes parisiennes en charge de ces publications [1] comme des trucs de « provinciaux » ( des trucs de ploucs, quoi…), Info-Chalon s’est rendu aux portes ouvertes des Editions Mutine, une maison d’édition « locale », qui se tenaient à Cessey-sur-Tille (21), la semaine dernière. Du temps loin d’être perdu puisque ce fut l’occasion d’y découvrir un écrivain qui gagnerait à être connu : Bernard Chatelet, à qui l’on doit le truculent « Mamie H » [2].
Pour entendre parler de « quartiers » sans commisération – cette irritante commisération de ceux qui parlent de ce qu’ils ne connaissent manifestement pas -, les lecteurs d’Info-Chalon savaient depuis le mois d’août dernier qu’ils pouvaient se jeter sur Chiennes [3], de Marie Vindy. En effet, dans ce roman, « immense synthèse de tout ce qu’une société rongée par les effets délétères d’un libéralisme économique de plus en plus débridé » [3], les « quartiers » y étaient envisagés sans angélisme béat, sans essentialisation, sans sensationnalisme putassier. Tant et si bien que Marie Vindy dressait au final de ceux-ci un percutant portrait en clair-obscur, dont l’observation prolongée n’était pas sans donner la nausée.
Avec le Mamie H de Bernard Châtelet, c’est, en un sens, un peu le même programme qui attend le lecteur. « A partir d’un fait divers lu dans la presse », celui relatif à une septuagénaire devenue dealer de cannabis, Bernard Chatelet livre également un portrait sans concession des « quartiers ». Comme chez Marie Vindy, on comprend très bien qu’il ne suffit pas d’être pauvre pour être honnête, que l’on n’est pas tenu de devenir un démon parce que l’on est né en enfer. Et comme chez Vindy, il n’y a pas d’un côté les « bons » et de l’autre les « méchants ». Mais alors que Vindy vous donne l’envie de vous pendre, Chatelet vous fait rire, aux larmes parfois…
Aussi touchant que dans ses magnifiques nouvelles sur le thème de la famille [4], Bernard Chatelet vous fait aimer les gens. Peut-être parce qu’il a médité cette pensée du Momo de Romain Gary, dans La vie devant soi : « Il y avait du bon en lui, comme dans tout le monde quand on fait des recherches » [5]. Ou, peut-être, parce qu’il a fait sienne cette maxime de Coluche : « Pour critiquer les gens, il faut les connaître et pour les connaître, il faut les aimer. » [6]
Quoi qu’il en soit, il y parvient avec une très belle langue, qui n’est pas sans rappeler celle, aussi acide que tendre, du regretté Michel Audiard. A découvrir, vraiment.
S.P.A.B.
[1] Sur cette « dialectique » entre Paris et la « province », Info-Chalon ne saurait trop vous recommander de lire ce qu’en a dit Laurent Vignat dans la revue Siècle 21 (n°26, Printemps-été 2015, p 240). « Ecrire sur la province, c’est forcément écrire sur une dialectique, un rapport de force. Bref, Paris et la province ». C’est ainsi que commençait ce qu’il appelle ses « Notes auto-bio-géographiques ».
[2] Bernard Chatelet, Mamie H, Editions Mutine, 2010, 130 p, 12 euros
[3] Voir l’article d’Info-Chalon :
[4] Bernard Chatelet, Famille, Je Thème…, Editions Mutine, 95 p, 12 euros
[5] Romain Gary (Emile Ajar), La vie devant soi, Mercure de France, coll. « Folio », (1975) 1982, p 50
[6] Coluche, Pensées et anecdotes, Le Livre de poche, (1995) 1998, p 182
EXTRAITS :
« La culture, paraît que ça fait peur aux flics. »
« Combattre l’infâme pour défendre la veuve et l’orphelin : voilà ce qui nous pousse à choisir ce putain de métier. Peu à peu, nous découvrons que la veuve est parfois une salope, que l’orphelin peut être pernicieux et il arrive que l’infâme consacre une partie de son temps au service de la banque alimentaire. Tout se brouille. Nous perdons nos repères et il ne nous reste bientôt que le petit livre rouge (…). Nous n’avons pas le choix pour tenir : croire jusqu’à la connerie que le code pénal est le garant d’un monde meilleur. »
« Les avocats ne servent pas la justice, mais leur ego et leur compte en banque. L’appareil ne peut cependant pas se passer d’eux, leur absence entraînerait des dérives plus graves encore que celles que nous subissons par leur agitation. »
« Flic ou voyou, ça dépend souvent que de l’endroit où on naît et des parents qu’on a eus. »
« La vie, c’est comme la roulette russe, quand on tire un coup, faut avoir de la chance. »
« Depuis Outreau, les magistrats ont tellement peur de l’erreur judiciaire, qu’ils préfèrent libérer un coupable plutôt que de risquer de condamner un innocent. »
« Une incarcération, c’est bon pour un CV ; au-delà de deux internements, ça fleure l’amateurisme. »
« 14 juillet 1954 (…). Mamie H, à seize ans, se laisse engrosser derrière un buisson par Edmond le valet… Faut pas juger trop vite, messieurs les juges… Les gens de la ville se rendent pas compte, à vivre toute la journée dans une ferme, ça échauffe de voir faire les bêtes. »
« Pute à la cité, c’est pas comme dans le XVIème, si on fait pas un peu de social, le commerce périclite. »
« L’âne qui brait se fatigue plus vite que l’âne qui broute. »
« Homme de parole, il ne s’engage pas trop. »
« Se calmer les nerfs sur un avocat, en France, apporte plus d’ennuis que de bousculer une vache sacrée aux Indes. »
« Depuis que l’humanité existe, à aucune époque elle n’a su maintenir ses équilibres en se dispensant de l’usage des drogues. Héroïne, alcool, religions… entre un patron de bar, un dealer d’herbe et un témoin de Jéhovah, je ne fais guère de différence… »
« Le trottoir c’est comme la boucherie, si la viande n’est pas de première fraicheur, vous vendez rien. »
« Les hommes ne sont que des couilles prolongées de grands bras. »



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