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Une française… future présidente du Pérou ?

Une française… future présidente du Pérou ?

Veronika Mendoza est franco-péruvienne de par sa mère et elle est candidate aux élections présidentielles du Pérou. Les sondages à quelques jours du 1er tour la placent à la 3e place des intentions de vote.

Peu de médias francophones ne semblent avoir jugé bon d'évoquer le fait que Veronika Mendoza âgée de 35 ans, bi-nationale, franco-péruvienne, est en course pour remporter les élections présidentielles péruviennes. Ce n'est pas la première des candidates aux élections générales à posséder la double nationalité. Bien évidemment, du côté des Fujimori, c'est la nationalité japonaise qui figure aux côtés de la péruvienne alors que l'autre Pedro Pablo Kuczynski ( 77 ans) lui arbore la nationalité américaine. La tête de liste du  "Frente Amplio" monte petit à petit dans les sondages la plaçant désormais au coude à coude avec le numéro 2 des prévisions statistiques. Celle qui fut étudiante à l'Université Paris VII obtenant une licence de psychologie  a gravi les échelons au sein du Parti Nationaliste Péruvien affilié à l'actuel pensionnaire du Palais Présidentiel, Ollanta Humala. En 2011, elle était élue parlementaire pour la très touristique circonscription de Cusco. 

Alors que le ciel s'assombrissait au-dessus du couple présidentiel et notamment de la 1ere dame, Nadine Heredia, accusée de fraude et financement occulte de la campagne de son mari, Veronika Mendiza a su anticiper le déclin qui allait s'opérer sur Ollanta Humala. En 2012, elle quitte la formation présidentielle et pose les jalons du "Frente Amplio". Classée à gauche de la gauche sur l'échiquier politique péruvien, la candidate Mendoza dénote totalement dans le paysage politique face à Keiko Fujimori, grande favorite des sondages, mais dont le passé de son père, Alberto Fujimori, pèse lourdement ou l'ancien Premier Ministre d'Alejandro Toledo, Pedro Pablo KuCzynski, aux affaires à plusieurs reprises sous les mandats de Fernando Belaunde dans les années 60 puis les années 80. 

Chef de file d'un Front de gauche à la péruvienne, Veronika Mendoza, n'en démord pas, répondant attaque après attaque, à ses détracteurs. Elle appelle notamment  à la rédaction d'une nouvelle constitution, qu'elle considère "être le produit de la dictature", une constitution "fruit du débat et du consensus représentant le peuple péruvien". Veronika Mendoza entend faire en sorte que l'Etat reprenne l'ensemble des ses prérogatives régaliennes, trop longtemps abandonnées. Etat fort et moderne, garantie du respect des droits des citoyens, laïcité, lutte contre la corruption, planification dans le développement économique ou encore le respect des écosystèmes et de l'environnement, sont autant d'ancrages forts dans les propositions politiques de la leader du "Frente Amplio". 

La trentenaire apporte une voix sensiblement différente en terme de propositions politiques dans un pays qui n'a pas encore tiré un trait sur les années de gestion d'Alberto Fujimori. Alors que la croissance économique de ces dernières années n'a pas profité à l'ensemble des péruviens,  elle est une voix qui dénote pour celle qui aspire à un "nouveau Pérou". Le pays qui est parmi les plus grands exportateurs de cuivre, d'or, d'argent notamment au monde a bénéficié d'un regain de vitalité sur les marchés internationaux sauf qu'un Péruvien sur deux vit encore aujourd'hui avec moins de 3 euros/jour et n'a pas accès à l'eau potable. 

Le 10 avril prochain, les Péruviens voteront sans trop de convictions alors que la classe politique peine à s'extraire du cercle infernal des scandales politico-financiers. En attendant, la seule chose de sûr au Pérou, c'est que les choses se passent rarement comme on les attend... sauf qu'au Pérou le vote est obligatoire. Le 5 avril prochain, c'est une grande Marche qui est lancée pour dénoncer la candidature de Keiko Fujimori, qui malgré les accusations à son égard, n'a pas été sanctionné par le triunal national des élections, contrairement à deux autres candidats de droite, dont les candidatures au processus général, ont été annulées. 

Laurent Guillaumé