Chalon sur Saône

Le devenir de Chalon dans la Rue au coeur du bras de fer entre le maire et l'Etat...

Le devenir de Chalon dans la Rue au coeur du bras de fer entre le maire et l'Etat...

Samedi soir, à l'occasion de la fermeture de Quartier de Lune, le ton est monté entre la Compagnie l'Homme Debout à l'origine d'Aubépine Lampion, la marionnette géante au coeur du quartier des Aubépins et le maire de Chalon sur Saône. Les explications d'info-chalon.com.

Photo Laurent Guillaumé - Info-chalon.com

En janvier 2015, info-chalon était le premier média, a évoqué les risques encourus sur le festival par la baisse drastique des engagements financiers de la ville de Chalon à destination des arts de la rue. A l'époque, pointé du doigt, y compris par d'autres médias, qui s'étaitent contentés de reprendre "les rumeurs sur internet", info-chalon.com avait maintenu ses informations selon lesquelles, la menace planait autour de la suppression d'une journée de festival. Depuis le dossier a pris une toute autre tournure. Sur l'année 2015, Gilles Platret et sa majorité ont procédé dans un premier temps à la suppression d'une enveloppe représentant 27 % du budget du CNAR de Chalon sur Saône, le Centre National des Arts de la Rue, la structure professionnelle qui chapeaute le festival. La 29e Edition avait été rythmée par l'absence d'inauguration officielle ouvrant la voix à une nouvelle polémique et ce d'autant plus que l'exécutif chalonnais avait été chahuté lors de l'édition précédente, sans compter le dépôt de plainte formulé par le maire de Chalon sur Saône à l'égard d'un artiste. Bref, une ambiance qui était loin d'être apaisée. 

Pour cette 30e édition du Festival des arts de la rue, le maire de Chalon sur Saône s'est vu pointer du doigt une nouvelle fois sur la question de la cure budgétaire imposée une nouvelle fois aux arts de la rue. C'est une nouvelle enveloppe de - 100 000 euros qui est retirée dans le budget primitif 2016. Accusé de jouer sur les mots entre les notions de "Festival" et "CNAR", Gilles Platret a pointé du doigt une nouvelle fois la responsabilité de l'Etat dans le dossier. Considérant que la ville de Chalon sur Saône n'a pas assuré à elle seule 65 % du budget de fonctionnement du CNAR, Gilles Platret a entamé un bras de fer musclé avec les services de l'Etat afin qu'ils reviennent à de meilleures dispositions. 

6 mois de visibilité financière

"On a construit un budget avec les services pour 6 mois" a lancé Gilles Platret à l'occasion du conseil municipal de jeudi soir dernier, évoquant des lendemains difficiles à venir pour le CNAR, si d'aventure l'Etat ne revenait pas à la table des négociations. La 30e édition semble assurée puisqu'elle se place dans les 6 mois du prévisionnel financier mais déjà se pose la question de l'après. Le maire de Chalon a appelé l'Etat a joué son rôle dénonçant les manoeuvres du calendrier. Gilles Platret a dressé une analyse personnelle de l'historique constitutif de Chalon dans la Rue, rappelant que Dominique Perben avait d'abord une vision économique pour sa ville avant qu'un projet artistique ne vienne s'adosser. L'idée première étant d'occuper cette période creuse de l'été et d'assurer aux commerces chalonnais du chiffre d'affaire. 

Sur les réseaux sociaux... Chacun y va de son explication

Samedi soir, c'est Benoit Mousserion, membre éminent de la Compagnie l'Homme Debout à l'origine du projet d'Aubépine Lampion, véritable lien fédérateur au coeur du quartier des Aubépins qui est monté au créneau.  Accusant de coup politique, les expressions d'inquiétude délivrées à la maison de quartier par les professionnels des arts de la rue, Gilles Platret a accusé la Compagnie "L'Homme Debout" de "piétiner la vérité en affirmant que la municipalité souhaitait la mort des arts de la rue à Chalon. Le gros problème dans ce dossier, ce n'est pas un problème artistique, c'est un problème politique car certains se servent de cette affaire pour attaquer une municipalité qui n'a pas la couleur qu'ils souhaiteraient. Quoiqu'il en soit, la semaine prochaine sera cruciale car tous les partenaires financiers se réuniront en mairie pour envisager, à ma demande, une  nouvelle répartition des financements des arts de la rue à Chalon, nouvelle répartition dont nous souhaitons qu'elle soit plus juste pour notre ville" a précisé le maire. 

"Vous mentez volontairement, habilement mais vous mentez..."

Utilisant le même outil que Gilles Platret, Benoit Mousserion, responsable de la Compagnie pointée du doigt par le premier magistrat municipal, a précisé les choses, "je n'ai absolument pas dit que la municipalité souhaitant la mort des arts de la rue à Chalon et vous le savez très bien. J'ai dit que la municipalité va faire disparaître le CNAR, c'est très différent. Vous tentez de nous expliquer que la ville de Chalon est celle qui verse le plus d'argent à un CNAR, c'est peut-être vrai, seulement vous ne faites pas la différence entre l'activité première du CNAR qui est l'aide à la création de spectacles, pour laquelle celui-ci est financé pour une part importante par l'Etat selon une convention très précise, comme tous les 12 autres CNAR de France, et l'organisation du Festival pour laquelle effectivement la ville de Chalon participe pour une grand part. Et pour cause, la ville de Chalon en reçoit les principaux bénéfices. Par exemple, le CNAR en Aquitaine Limousin Poitou Charentes n'organise pas de festival, ses financements sont donc moindres et mieux proportionnés entre la ville, la région et l'Etat. 

Faites mourir le CNAR et nous ne nous présenterons plus dans le OFF de ce festival. Si vous souhaitez faire réaliser des économies à votre ville, ce que je peux comprendre, assumez vos choix. Acceptez que les retombées soient visibles et qu'elles impactent le festival, en le réduisant d'une journée par exemple, et non l'essence même du CNAR : l'aide à la création de spectacles dans l'espace public".

Le responsable de la Compagnie va même plus loin précisant "nous ne sommes pas dupes de votre stragégie politique. Vous montrez du doigt l'Etat en le sollicitant pour financer les baisses des subventions municipales mais l'Etat tient ses engagements. Vous ne tenez pas les vôtres. Il est normal que l'Etat menace de se retirer. Nous savons déjà que vous l'accuserez de la mort du CNAR. Le Festival continuera certainement, au moins un temps. Faute d'une programmation IN et OFF novatrice, les programmateurs ne se déplaceront plus. Le OFF déclinera alors en quantité et en qualité. Les spectateurs viendront donc en moins grand nombre et vous connaissez déjà la suite". 

En conseil municipal, Gilles Platret a l'occasion de l'historique dressé du Festival, avait soigneusement rappelé que le Festival avait longtemps fonctionné sans la structure du CNAR et qu'il pouvait très bien le faire de nouveau. Pas sûr que cette ambition soit clairement entendue par les professionnels des arts de la rue. 

Laurent Guillaumé