Chalon sur Saône

Audrey et Justin, deux résidents du FJT de Chalon-sur-Saône à l'épreuve de la crise sanitaire

Audrey et Justin, deux résidents du FJT de Chalon-sur-Saône à l'épreuve de la crise sanitaire

Touchés eux aussi de plein fouet par la crise sanitaire, les jeunes sont à la peine. Si bon nombre d'entre eux connaissent des difficultés financières, se sentent isolés ou n'arrivent pas à trouver un emploi, d'autres font , chacun à leur manière, preuve de résilience, comme Audrey et Justin. Témoignages recueillis par Info Chalon.

Ils ont tous les deux 20 ans et sourient (derrière leurs masques) à la vie. Audrey Buvot et Justin Jacquot sont deux résidents du Foyer des jeunes travailleurs (FJT) de Chalon-sur-Saône.


Étudiants dans la même classe au lycée Mathias en DCG (pour diplôme de comptabilité et de gestion), ces jeunes témoignent des difficultés que rencontrent encore de nombreux jeunes, particulièrement pénalisés par la crise sanitaire.


Ils finissent leur année dans 3 semaines.


Originaire de Chalon-sur-Saône, Audrey est toujours à la recherche d'un emploi.


Quant à Justin, originaire de La Marre (Jura), s'estimant «un peu trop ambitieux», veut poursuivre ses études dans la comptabilité pour atteindre l'expertise comptable.


C'est tout le mal qu'on lui souhaite!


«Moi, mon premier confinement, j'étais confinée ici (Ndlr : au FJT). Je ne suis pas rentrée chez mes parents. Avant la crise, je sortais beaucoup avec mes amis. Avec tous les risques qu'il pouvait y avoir, je ne suis pas rentrée chez mes parents. Finalement, je suis restée avec d'autres personnes de la résidence, confinés chacun dans son appartement. Heureusement, j'étais avec une amie dans mon appartement, je n'étais donc pas toute seule. Je n'ai pas vu mes parents jusqu'en mai», nous explique Audrey.


«Après, on a un peu repris les cours, pour certains. Ensuite, il y a eu les vacances puis tout a recommencé en septembre avec un nouveau confinement. Avant, je travaillais ici à la résidence, j'avais un job étudiant qui s'est arrêté. Au début, je travaillais à l'accueil et ensuite au Foyer et vu qu'il a été fermé pour le premier confinement, je n'avais plus de travail. Après, on a réouvert, au moment du couvre-feu, en respectant les gestes barrières mais pendant un mois, je n'avais plus de revenu. Du coup, j'ai demandé de l'aide à mes parents car j'ai une bourse mais elle est très légère, c'est pour ça que je dois travailler à côté», poursuit-elle, précisant que cette bourse a diminué cette année.


La jeune femme doit faire beaucoup plus attention à ses dépenses. Heureusement, le FJT lui permet de «récupérer un peu de nourriture» sous forme de panier-repas.


Pour Audrey, fini le superflu.


«Pas de fast-food, pas de plats à emporter! Avec la crise, j'ai fait beaucoup moins d'achats. Déjà, on sort plus en boîte, on fait plus de sorties», déplore-t-elle.


Avant la crise, «fêtarde», Audrey sortait tous les week-ends. Loin de s'en plaindre, la jeune femme décide de prendre le côté positif de la situation — oui, il y en a bien un! — en employant ce temps à réviser et à se consacrer sur ses études.


«Là, ça va un peu mieux car on commence à s'habituer», concède-t-elle.


Avant d'ajouter (chasser le naturel, il revient au galop) :


«Et dans quelques jours, les terrasses vont s'ouvrirent, ça va faire du bien au moral... mais faut qu'on fasse attention quand même!»


«Moi, pareil! Juste ce qui a change par rapport au premier confinement, je l'ai fait chez moi, avec mes parents, donc je n'étais pas tout seul mais je faisait tout en distanciel. Et par rapport à Audrey qui a fait son confinement dans une ville, moi je l'ai fait à la campagne donc beaucoup d'espace pour respirer. Je me souviens que les premiers jours de confinement, il faisait très très beau. En plus, j'ai un jardin chez moi donc ça m'a pas plus affecté. Je pouvais jouer au foot avec mon frère», nous explique à son tour Justin.


À l'époque du premier confinement, au FJT, Audrey avait une chambre de 35 M2 car elle était en colocation avec son amie.


«Dans les villages, si tu fais des tours en vélo, c'est pas très grave, on t'en veut pas», précise Justin.


Pour ce dernier, tout change, le deuxième confinement était «plus dur».


«Comme les autres, tu restes enfermé chez toi. Mes grands-parents qui habitent dans le même village que moi, tu peux pas les voir. J'ai eu des déplacements très limités, les copains non plus, tu peux pas les voir», explique le jeune homme.


Les réseaux sociaux ont été salvateurs pendant ces périodes de confinement.


Comme Audrey, Justin avait l'habitude de sortir avant la pandémie.


«Pas en boîte mais plutôt dans les bars. Assis en terrasse, on parlait et riait beaucoup. Quand tout ça s'est fermé, il a fallu qu'on s'adapte. Avant le confinement, on s'appelait pas forcément et là c'était souvent», ajoute-t-il.


Pour Justin, un des seules choses positives à tirer de ce premier confinement fut qu'il n'a pas beaucoup fait de dépenses. Un moment de répit pour son compte en banque. Au deuxième confinement, les choses changeront radicalement, vivant la même situation qu'Audrey.


Comme tous les résidents du FJT, le petit déjeuner et le repas du soir sont servis au réfectoire, le déjeuner étant à la charge des jeunes.


«C'est un moment convivial, les repas au réfectoire», explique Audrey.


Le deuxième confinement a été synonyme d'une augmentation des dépenses pour Justin:


«Tout l'argent que j'avais économisé a été dépensé dans la nourriture»


Les deux étudiants ont toutefois noté que malgré les difficultés, la solidarité entre jeunes a été importante au FJT.


«Pour moi, ce qui me soulage, c'est que mes grands-parents se sont fait vacciner», conclut la jeune femme qui craint toutefois un nouveau confinement à la rentrée.

 


Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati