Chalon sur Saône

L’esprit village de la rue aux Fèvres

Par Nathalie DUNAND

Publié le 12 Juillet 2021 à 19h00 , mise à jour le 12 Juillet 2021 à 19h21

L’esprit village de la rue aux Fèvres
L’esprit village de la rue aux Fèvres
L’esprit village de la rue aux Fèvres
L’esprit village de la rue aux Fèvres

Peut-être est-ce l’une des plus anciennes rues de Chalon. Peut-être était-ce la rue des artisans du métal, dans un passé moyenâgeux. Il reste qu’aujourd’hui, la rue aux Fèvres est l’une des plus vivantes de Chalon. Info-chalon a rencontré quelques-uns de ses commerçants.

Eh oui, l’étymologie susurre que son nom est issu du nom latin ’faber’ qui désigne l’artisan forgeron. De là à supposer que ce fut, au Moyen Âge, la rue des artisans du métal – pas du précieux, non, celui-là est réservé à l’orfèvre – sans doute l’Espace Patrimoine nous éclairerait sur son origine toponymique.

Pendant la Révolution, la rue fut débaptisée au profit de la ‘Rue du Théâtre Français’. Ne l’avez-vous jamais admirée, cette discrète façade du théâtre Piccolo que l’on doit à l’architecte Emiland Gauthey, fin XVIIIsiècle ? Selon Raoul Violot (1), ce nom est encore gravé dans la pierre d’angle de la rue du Collège.

Il reste qu’aujourd’hui, la rue aux Fèvres cultive son originalité. Et c’est cela qui nous intéresse. Selon les commerçants qui l’animent, elle se distingue par son « esprit village ». Voilà l’identité actuelle de cette rue piétonne, au cœur du vieux Chalon.

Des indépendants

Si l’on devait trouver un point commun entre la bonne quarantaine de commerçants de la rue aux Fèvres, le voici : cette rue regroupe des commerces indépendants et non des enseignes franchisées. Et ça donne un caractère très différent. Le commerçant est impliqué dans sa propre affaire.

De la diversité des commerces

« La diversité évite la concurrence » explique Laetitia Leclercq, de L’Atelier Bijou Créatif. Présidente de l’association de commerçants de la rue aux Fèvres et de la Trémouille, Laetitia rappelle le rôle de toute association de commerçants : créer de l’animation. « Nous avons, pendant 4 ans, animé le ‘Village de l’artisanat’ avec l’AMAC (Métiers d’Art du Chalonnais) ».

Laurent Garcia, patron de l’En-Jeu, a ouvert sa boutique depuis 10 ans maintenant. « Ce que j’apprécie, c’est le relationnel entre voisins. L’originalité aussi : vous avez ici des cours de poterie, la réparation de consoles vidéo à Game Ever. Je pense que la diversité des commerces est une chose à préserver. Il serait dommageable que la concurrence s’installe, et avec elle les rivalités. »

Une diversité affirmée en effet : alimentation d’une grande variété, restaurants, bars, coiffeurs, institut de beauté, boutiques de vêtements, de chaussures, de bijoux, de décoration, de réparation, artisanat, plantes… et on en oublie certainement.

Un microcosme vivant

Par-dessus tout, l’unanimité se fait autour d’un atout : la rue est vivante !

Alexandre Lamour, dont le père Alain est propriétaire depuis 17 ans de la poissonnerie, énumère tous les commerces de bouche et salue la présence du marché, le vendredi et le dimanche.

« J’ouvre tous les dimanches matin », ajoute Sandrine Pierre, patronne de Concept Store, boutique installée depuis 3 ans, qui regroupe moult idées cadeaux pour les hommes.

Salariée depuis quelques mois à l’épicerie 2 pois, 2 mesures, Emeline Rottini travaille et habite dans cette rue. C’est donc à double titre qu’elle témoigne : « On aime beaucoup cette rue parce qu’elle est animée et qu’elle offre aux riverains tout le nécessaire en alimentation. » Il est vrai qu’on y trouve : boulangeries, boucheries, fromager, épicerie fine, vrac, chocolatier, restaurants… et fruits et légumes frais les jours de marché.

Sept 1 coiffeur, le salon de Gérard Bazin, est installé dans la rue depuis 15 ans. Il salue lui aussi son dynamisme : « Je n’aurais pas voulu être ailleurs, lance Gérard dans un franc sourire. Je n’habite pas cette rue, mais j’essaie de faire marcher les commerçants voisins autant que je peux. »  C’est ce qu’on appelle un bon esprit de voisinage.

Deux ans bientôt qu’Émilie et François, patrons du bar L’Atelier Store, baignent dans l’atmosphère de la rue dont ils reconnaissent « l’âme familiale ».

Beauté ?

Enfin, si nous revenions aux monuments, aux volumes qui la composent ? Avouez qu’on ne prend guère le temps pour cela.

Nadège Wetling, de la chocolaterie du même nom, apprécie la rue comme lieu de travail, mais également comme lieu inspirant : « On y travaille très bien ; il n’y a pas de flux continu de clients, c’est préférable. Les clients reviennent d’eux-mêmes et c’est un équilibre parfait. Par ailleurs, j’avoue que cet emplacement précis, à l’angle de la petite place, avec Molière en trompe-l’œil, me plaît beaucoup : il y a une très belle lumière. »

Qu’ajouter d’autre ? Merci pour ces témoignages.

Par Nathalie DUNAND
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(1) Raoul VIOLOT, Revue internationale d’onomastique Année 1956, pp. 288-301 : « Toponymie urbaine. Les noms des rues d’une ville de Province : Chalon-sur-Saône (à suivre) »