Chalon sur Saône

Le SNUipp-FSU 71 s'oppose à la proposition de loi Rilhac qui sera votée à l'Assemblée Nationale le 29 septembre

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 25 Septembre 2021 à 07h00

Le SNUipp-FSU 71 s'oppose à la proposition de loi Rilhac qui sera votée à l'Assemblée Nationale le 29 septembre

Mercredi 22 septembre, les députés membres de la Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée Nationale ont examiné la proposition de loi Rilhac «créant la fonction de directrice ou directeur d'école», en préalable du vote de la loi le 29 septembre prochain à l'Assemblée Nationale. Pour l'Intersyndicale (CGT, FSU, FO et SUD), il s'agit de la première étape de la libéralisation des écoles publiques annoncée par le président de la République, Emmanuel Macron, lors de son discours à Marseille. Hier, le secrétaire départemental du SNUipp-FSU 71 convoquait la presse locale pour faire le point sur la situation. Plus de détails avec Info Chalon.

Le texte avait été déposé le 12 mai 2020 par la députée LREM du Val-d’Oise  Cécile Rilhac et plusieurs de ses collègues.  Adoptée en première lecture, avec modifications, par l'Assemblée nationale le 24 juin 2020, la proposition de loi a été également été adoptée par le Sénat en première lecture, avec là aussi des modifications. 


«Aujourd'hui, le directeur d'école est un enseignant qui a une responsabilité en plus. Il doit devenir un directeur, qui peut avoir des charges d'enseignement», explique-t-elle, «il aura autorité pour décider dans son école».


La proposition de loi Rilhac a quatre objectifs : reconnaissance, revalorisation, simplification et soutien des directrices et directeurs d'école.


Selon son exposé des motifs, ces derniers «ont beaucoup de responsabilités mais il leur manque d'une part le temps et les moyens pour remplir leurs missions, d'autre part un cadre juridique leur permettant d'asseoir leur légitimité – cette légitimité qui leur fait défaut».


Tel qu'adopté en première lecture, le texte précise et renforce leur rôle de direction au sein du conseil d'école, en prévoyant que le directeur d'école entérine et met en œuvre les décisions prises au sein de celui-ci. 


De plus, il le dote d’un véritable pouvoir de décision en le rendant délégataire de l’autorité académique pour le bon fonctionnement de son école.


La proposition de loi reconnaît, par ailleurs, la spécificité de la fonction de directrice ou directeur d'école en lui donnant une autorité fonctionnelle.


Avancée majeure du texte : accorder davantage de «décharges» au directeur, ces jours où il n’enseigne pas.


Concrètement, une directrice ou un directeur n'aurait plus de classe à sa charge, s'il y a plus de huit classes dans l'école (contre 14 aujourd’hui). Son indemnité augmenterait aussi de 150 euros brut par mois (s’il a de une à trois classes) à 300 euros (au-delà de 14 classes). 


Le texte de loi prévoit également une formation spécifique et le fait d'avoir enseigné au moins cinq ans pour devenir directeur.


Vendredi 24 septembre, à 15 heures, Vincent Castagnino, secrétaire départemental du SNUipp-FSU 71, organisait une conférence de presse à la Maison des Syndicats pour parler de cette proposition de loi qui confère une autorité fonctionnelle et hiérarchique aux directrices et directeurs d'école.


Pour le secrétaire départemental du SNUipp-FSU 71, premier syndicat des enseignements du premier degré au niveau départemental et national, ce transfert de compétence d'autorités est un point saillant.


«Jean-Michel Blanquer tente d'instaurer dans l'Éducation Nationale une culture entrepreneuriale basée sur un pilotage extrêmement vertical, un management autoritaire, tout en écartant de sa route les voies dissonantes. Le projet de conférer une autorité hiérarchique aux directeurs et directrices est une pierre angulaire du système Blanquer», explique ce dernier.


Jusqu'à présent,  en primus inter pares (pair parmi les pairs), le directeur ou la directrice est un professeur des écoles qui, après avoir été placé sur une liste d'aptitude, a obtenu un poste de direction avec «un rapport de collégialité». 


Selon la taille des écoles, il ou elle est plus ou moins déchargé(e) de sa mission d'enseignement mais reste un ou une collègue, avec des responsabilités supplémentaires mais sans aucun pouvoir hiérarchique.


Si la loi Rilhac est adoptée, le directeur ou la directrice bénéficierait d'une délégation de compétences de l'autorité académique, modifiant en profondeur les missions et le statut des directeurs et directrices. D'ailleurs, la proposition de loi affirme clairement que  «le directeur participe à l'encadrement du système éducatif».


Pour Vincent Castagnino, «c'est un changement de culture» et «un grand bouleversement dans le milieu éducatif».


«On fait rentrer la culture du management!», s'insurge-t-il, «il s'agit d'une mauvaise réponse à de vrais besoins!».


Évoquant «l'aveuglement scientiste» du ministre de l'Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, le représentant syndical insistera sur la «gestion autoritaire» de ce dernier.


«Blanquer est venu avec une doctrine droitière et amène un certain scientisme en s'appuyant de manière disproportionnée sur des spécialistes des neurosciences», dénonce-t-il.


Pour les enseignants, le vrai problème, c'est la surcharge de travail.


Pour enfoncer le clou, selon une enquête ministérielle réalisée à l'automne 2019, 91% des directrices et directeurs ne souhaitent pas un statut. Elles ou ils demandent à disposer de moyens et de temps pour assurer ce qu'ils considèrent comme le coeur de leur fonction, à savoir «le suivi collectif des élèves et des projets pédagogiques, le travail en équipe et le pilotage de l'équipe».


À noter que le SNUipp-FSU 71 a invitė les cinq députés du département de Saône-et-Loire pour les éclairer dans leur vote.


Pour l'heure, l'invitation envoyée le 22 septembre reste sans réponse...

 

 


Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati