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Anne-Laure LADERRIERE : la dame aux fleurs
Par Nathalie DUNAND
Publié le 05 Octobre 2021 à 09h00
![Anne-Laure LADERRIERE : la dame aux fleurs](https://www.info-chalon.com/w-md/media/journalist24/FLORICULTRICE/UNE.jpg)
Aujourd’hui, 5 octobre, on célèbre la Sainte Fleur mais également tous les prénoms de fleur. C’est donc le jour d’Anne-Laure Laderrière, qui a récemment ouvert sa ferme florale à Bresse-sur-Grosne. À « Pollen et boutons », les fleurs poussent au rythme des saisons, sont cultivées sans produits chimiques et vendues en circuit court. Rencontre avec la nouvelle floricultrice.
Saviez-vous qu’en France, l’immense majorité des fleurs vendues chez les fleuristes – on l’estime à 9 sur 10 – sont importées d’Afrique de l’est, des Pays-Bas ou de l’Amérique latine, entre autres ? La production française, elle, tend à disparaître.
Alors devenir floricultrice, comme Anne-Laure l’a décidé à l’issue de sa reconversion professionnelle, c’est livrer bataille, jour après jour, contre cette évolution moribonde.
Floricultrice est un joli mot, mais-pas-que, c’est surtout et avant tout un état d’esprit qui pourrait se résumer à une notion : le respect du vivant.
« Je voulais travailler avec la terre, le vivant, et ajouter une dimension créative. Créer une ferme florale allie ces deux volets : je produis les fleurs de saison pour créer des bouquets, le tout dans un respect de l’environnement puisque je m’inspire du slow flower » explique Anne-Laure.
Le Slow flower, quèsaco ?
Né en Angleterre, ce mouvement gagne du terrain dans le monde horticole français. Il part d’un constat négatif sur l’environnement : 90 % des fleurs ont parcouru la moitié de la planète, avec engrais chimiques et conservateurs. D’où cette triple menace : la perte de notre notion des fleurs de saison, l’impact sur l’environnement dû au transport et une chute inquiétante du nombre d’entreprises horticoles françaises.
En 2015, l’apparition du label « Fleurs de France » garantit la provenance de produits issus de la production d’horticulteurs et de pépiniéristes français. Les acteurs du Slow flowers prônent une production au rythme de la nature, la plus respectueuse possible de l’environnement et des saisons et vendue localement.
Le Collectif de la fleur française est une association au service du Slow flower.
Des fleurs et des saisons
« C’est une prise de conscience qui émerge dans notre génération, et qui ne s’arrête pas à l’alimentation. On veut davantage de produits sains, locaux et respectueux de l’environnement. En ce qui concerne les fleurs ou les légumes, les gens sont perdus : ils ignorent tout de la saisonnalité. Par exemple, des roses à la Saint Valentin, c’est une aberration ! Il n’y a pas de roses en février. Il faut remettre les choses en perspective. »
La ferme florale d’Anne-Laure dispose de 5 000 m2 de terrain, dont 1 000 m2 consacrés à la production de fleurs. « Pour respecter les saisons, nous n’avons pas de serre chauffée, nous cultivons les fleurs en plein champ. Je travaille sur sol vivant, en m’inspirant de la permaculture : éviter de retourner le sol, apporter de la matière organique, faire en sorte que la vie dans le sol se développe avec équilibre. Actuellement, je cultive une cinquantaine de variétés, du printemps à l’automne : tulipes, narcisses, renoncules, anémones, muscaris, puis au printemps les bisannuelles : cosmos, zinnias, dahlias, centaures… »
Bouquets champêtres et senteurs d’autrefois
Un autre atout de la ferme florale ? Retrouver les fleurs d’antan : « Beaucoup de fleurs sont absentes des boutiques de fleuristes parce que leurs catalogues sont calibrés. À Pollen et boutons, je peux composer des bouquets avec des fleurs oubliées, celles qui habitaient les jardins de nos grands-mères. »
La composition des bouquets, on l’aura deviné, est beaucoup plus libre elle aussi. Elle se joue des codes et fera naitre, au milieu des pétales colorés, des fragrances surprenantes. C’est qu’Anne-Laure y aura glissé des tiges de menthe, pourquoi pas, ou des branches d’eucalyptus et autre arbrisseau inattendu.
Circuits courts
La ferme florale, Pollen et boutons est toute jeune : elle a ouvert ses portes en avril 2021. Anne-Laure a trouvé bon accueil au marché de producteurs de Chapaize le dimanche matin. Un marché exclusivement alimentaire jusque-là, mais qui a ouvert grand ses étals à la nouvelle floricultrice.
« Il y a une demande, c’est sûr. Pour l’instant, c’est le bouche-à-oreille qui crée ma clientèle. Je compose des bouquets champêtres, mais aussi sur commande pour tous les événements familiaux (anniversaire, mariage…). Le retrait à la ferme est possible. J’étudie la faisabilité d’autres points de vente et la création d’un site Internet. Mais je ne veux pas précipiter les choses. »
Clin d’œil à la biodiversité
Le jardin de Pollen et Boutons n’est pas habité que de fleurs et feuillages : les insectes y vrombissent et se délectent, comme nos yeux. C’est tout un écosystème qui se bat pour maintenir un équilibre rendu fragile parfois par les nuisibles : campagnols et autres rongeurs ont la dent dure contre les frêles racines des fleurs, menaçant parfois la précieuse culture. « Ce jardin est une niche de biodiversité, commente Anne-Laure avec bonheur. Je travaille avec le vivant, sous toutes ses formes. Il faut chercher l’équilibre, notamment attirer les petits prédateurs des nuisibles. La fouine ou le renard sont d’excellents régulateurs contre les rongeurs. »
Et c’est sur ce joli compliment adressé au renard – nuisible ou utile ? — que se clôt notre visite à la ferme florale.
Par Nathalie DUNAND
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