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Debout les femmes : un film qui donne la parole aux travailleuses pauvres

Par Nathalie DUNAND

Publié le 07 Octobre 2021 à 08h00 , mise à jour le 08 Mars 2023 à 10h52

Debout les femmes : un film qui donne la parole aux travailleuses pauvres

Elles s’occupent de nos enfants, de nos malades, de nos personnes âgées. Ces invisibles sont au cœur du film documentaire de François Ruffin et Gilles Perret, venus à Chalon en 2021 à l’occasion de sa sortie.
Petit rappel en cette Journée internationale des droits des femmes.

Les métiers du lien sont occupés à plus de 90 % par des femmes : assistante maternelle, accompagnante d’enfant en situation de handicap (AESH), animatrice périscolaire, aide à domicile… « Ces professions avec un faible statut, et de maigres revenus » rappelle François Ruffin.

« [Ces femmes] sont le plus souvent précaires, à temps partiel et touchent moins du SMIC à la fin du mois » rappelle-t-il.

Selon le rapport Ehrel, les aides à domicile touchent en moyenne 682 € par mois, les AESH 750 €, les agents d’entretien 764 €. 

Les réalisateurs ont ainsi voulu faire un film engagé qui pousse les politiciens à reconnaître et rémunérer ces travailleurs sous-payés.

Un combat social

Pendant le confinement, au printemps 2020, ils sont allés à la rencontre de ces femmes du soin et du lien.

« Il faut se souvenir d’à quoi ressemble le pays, à ce moment-là : sur l’autoroute, il n’y a plus de voitures, dans les rues non plus, décrit Gilles Perret. Dans cet arrêt complet, ces dames qui poursuivent leur mission, porte après porte, comme des fourmis du soin, comme des îlots d’humanité dans la nuit, c’est bouleversant… Delphine, Sabrina, Assia, Hayat, Sandy… Toutes ces femmes sont extraordinaires. »

« Tout l’enjeu du documentaire, déclare François Ruffin, a été de rendre à ces femmes leur côté extraordinaire. Nous avons voulu les faire sortir de l’arrière-plan. »

Une parole libérée… à l’Assemblée nationale !

Parce que, oui, leur parole résonnera dans les dorures de l’hémicycle. « Un mouvement du film, explique Gilles Perret, c’est leur accession à la parole. Au début, François la porte pour elles dans l’hémicycle, sans qu’on les voie, sans qu’on les entende. Mais au fil des séquences, elles s’imposent au premier plan, jusqu’à faire résonner leurs mots, leurs colères, leurs espoirs dans l’Assemblée. »


« Notre film, enchaine François Ruffin, poursuit cette bataille en posant LA question : pourquoi ces métiers, essentiels, sont-ils sans statut, sans revenu ? Pourquoi, pour ces femmes, des salaires de misère et des vies de galère ? Franchement, qui pense un instant qu’elles sont moins utiles que les traders et les publicitaires ? poursuit-il. Je veux la libération de la parole, les gens avant l’argent ».

Et nous pouvons ajouter une autre question : pourquoi ces métiers sont-ils presque exclusivement occupés par des femmes ?

Nathalie DUNAND
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