Chalon sur Saône

HOPITAL DE CHALON - Les sommes les plus folles ont circulé au cours du Conseil de surveillance

HOPITAL DE CHALON - Les sommes les plus folles ont circulé au cours du Conseil de surveillance

Alors que la désertification médicale n'épargne pas non plus des hôpitaux pivot, moderne, comme celui de Chalon sur Saône, la notion de "mercenariat médical" a été régulièrement évoqué alors que le privé déploie des primes de coptation.

Face à la situation très tendue à laquelle est confrontée l'hôpital de Chalon-sur-Saône mais aussi bien d'autres, le recours au personnel complémentaire a engendré depuis quelques années, une accélération de la grille des rémunérations. Vous allez nous dire, quoi de plus normal sur un marché livré à la libre-concurrence et à la loi de l'offre et de la demande ? Sauf que cette logique pourrait s'entendre si toutes les parties jouaient avec des règles claires et partagées. A entendre le jeu qui se joue depuis quelques années, le couperet semble plus peser sur l'hôpital public que l'hôpital privé. Et il n'en faut pas plus pour assister à une implosion du système. 

La question des médecins-anesthésistes au coeur de l'hôpital de Chalon-sur-Saône a mis sur la table les sommes les plus folles en terme de rémunération d'une garde. Les montants sont allés jusqu'à 2500 euros les 24h de garde, montant émanant de la bouche même du représentant de l'Agence Régionale de Santé, alors que du côté la somme la plus communément admise restait "650 euros les 12H de garde" selon le Directeur Délégué chalonnais. 

"Des mercenaires médicaux" a lancé un infirmier de l'hôpital de Chalon sur Saône, dénonçant ce système cautionné par les autorités. 

Entendons-nous bien, loin de nous de vouloir fustiger celles et ceux qui ont réalisé des années et des années d'études, sacrifié bien des années et des choses pour en arriver là, mais le vrai sujet reste celui de la distorsion de concurrence. Comment voulez vous travailler sur l'attractivité d'un établissement médical alors que vos concurrents disposent de jokers en permanence ? Le dernier en date étant le plafonnement des rémunérations de ces médecins dans le public.... mais pas dans le privé ! Sans doute allez-vous répondre que ces rémunérations sont privées et n'émanent pas de l'argent public, comme si au passage les hôpitaux privés ne vivaient pas sur les deniers publics. 

Dernièrement, un hôpital privé du Chalonnais a même mis en place le principe de prime de  coptation. Si un salarié de l'établissement est à l'origine d'un recrutement en CDI d'un infirmier(e), une prime pour le salarié est engagée ainsi qu'une prime pour l'arrivant. 1500 euros bruts pour chacun. C'est dire qu'à ce jeu, comment exercer l'attractivité d'un établissement face à des rouleaux compresseurs qui ne jouent pas dans la même cour que vous. Si à cela vous rajoutez la charge de travail et de responsabilité, sensiblement différente entre un hôpital privé et public, la boucle est bouclée. 

Avoir des règles de jeu identiques, clarifiées et parfaitement concurrentielles apparait aujourd'jui comme indispensable dans le monde médical pour espérer s'en sortir par le haut. 

Laurent Guillaumé