Faits divers

La question du réseau posée suite à la saisie de 67 kg de produits stupéfiants sur l'A39

Par Florence Saint-Arroman

Publié le 21 Décembre 2021 à 12h18

La question du réseau posée suite à la saisie de 67 kg de produits stupéfiants sur l'A39

« Fait-il partie d’une organisation ? » interroge l’avocat. Celui qui est dans le box ce 20 décembre, a 38 ans, est né en ex-Yougoslavie, vit à la fois en Macédoine du Nord et à Sofia en Bulgarie

Il dit qu’il est musicien, qu’il chante « depuis toujours » et qu’il est devenu routier uniquement par nécessité. Les douanes ont trouvé près de 68 kg de cannabis dans son camion, alors voilà. 

Fait-il partie d’une organisation ? Cet homme n’offre pas tout à fait le même visage que bien d’autres qui échouent d’abord à l’audience puis au centre pénitentiaire, sans être dits trafiquants. Au tribunal on dit que ce sont des mules, des passeurs de drogue, et on leur dit, la plupart du temps, qu’ils participent aux trafics, et donc contribuent de cette façon à aggraver un problème de santé publique, etc. Les avocats rappellent, eux, que les saisies remarquables se montent en tonnes, et que pour le reste ce sont souvent des chauffeurs en réalité désignés aux douanes qui savent alors quel ensemble routier contrôler, pendant que passent sans problème d’autres chargements.

« L’occasion a fait le larron »

Maître Uzan plaide qu’avec ses même pas 68 kg de drogue répartis dans 10 cartons de déménagement posés par-dessus le chargement pro (des machines industrielles, essentiellement), celui-ci avait seulement saisi une occasion de se faire un peu d’argent en plus. « L’occasion a fait le larron. » L’argument est le même mais renversé, du côté de la substitut du procureur, qui parle d’« appât du gain ». « Il savait bien que ce qu’il transportait était illicite. Peut-être n’avait-il pas mesuré les choses. » Le prévenu donne cette impression, de n’avoir pas mesuré les conséquences possibles de son deal 10 cartons/argent liquide. Il a été contrôlé le 23 octobre dernier sur l'aire de Beaurepaire en Bresse.

« Une peine dissuasive »

Le ministère public, qui parle pour la société, demande « une peine dissuasive ». Même si ce n’est pas un trafiquant, même si ce jour-là des centaines de kilos de produits stupéfiants ont traversé la France, même si ce n’était que 67 kg. On veut condamner le principe qui préside aux actes (participer à des trafics). On requiert une peine de 4 ans de prison, avec le maintien en détention. Une interprète traduit.

Chargement de la drogue : en Espagne 

Le prévenu dit qu’il n’était chauffeur professionnel que depuis 15 jours, employé par une société Bulgare qui réclame la restitution de son ensemble routier ainsi que du chargement (7 palettes de machines, 3 palettes de sucre -si on a bien compris) qui devait être livré en Allemagne. Le point de départ ne surprend personne : l’Espagne. La présidente Catala mène une instruction posée et ouverte mais conclut que « vos déclarations sont insatisfaisantes ». « A 10 euros le gramme vous transportez des produits pour une valeur de 679 000 euros et vous dites que personne ne se soucierait du transport et du point de livraison ? »

2 ans, maintien en détention 

Le tribunal déclare le prévenu macédonien coupable et le condamne à une peine de 2 ans de prison, ordonne son maintien en détention. Le prévenu ferme les yeux. De surcroît il a une interdiction du territoire français pendant 10 ans, et une amende de 114 000 euros, « soit un tiers de l’amende encourue » précise la présidente.

Florence Saint-Arroman