Agglomération chalonnaise

Cette Jack Russel a passé 9 ans de sa vie en cage dans une « usine à chiots »

Cette Jack Russel a passé 9 ans de sa vie en cage dans une « usine à chiots »

Son cauchemar s’est arrêté à l’âge de 9 ans. Et s’est transformé en une vie idéale pour un chien : vivre aux côtés d’une maitresse aimante et responsable.

Tout commence par un cœur qui s’ouvre, comme toujours : être sensible à une cause et au préalable « sensibilisé », comme ce fut le cas d’Amandine.

« J’habitais encore à Paris quand j’ai été accrochée par une pub dans le métro, faite par la SPA. On y voyait un chien plutôt vieux, avec un regard attendrissant et le slogan disait quelque chose comme : "Même si je ne suis plus tout jeune, j’ai besoin d’amour". Cela m’a fait fondre.... Je suis donc allée aux portes ouvertes de la SPA, dans l’idée d’adopter le chien le plus vieux et le plus moche possible, celui dont personne ne voudrait, pour lui permettre d’avoir une belle fin de vie ! Je savais que j’allais emménager bientôt à Chalon-sur-Saône et il me semblait que cela pourrait être un cadre agréable pour un chien, en tout cas toujours mieux que Paris. »

Une saisie dans un élevage de la honte

En 2015, la SPA de Paris organise une campagne d’envergure, et installe un stand place de la Bastille. Pour sensibiliser les gens, il faut parfois aller au-devant d’eux. Amandine se souvient de ce jour, où ces chiens et chats retiennent la curiosité des passants.

« J’ai assez vite repéré Daphné : elle était toute sale, prostrée dans une cage sur laquelle était marqué : "Sauvetage-Urgent-Gratuit" ! On m’a expliqué que cette petite chienne de 9 ans avait passé sa vie dans une cage, dans un élevage, à "pondre" des Jack Russel. Elle avait été battue, engraissée et n’était jamais sortie de sa cage. Un signalement pour maltraitance a permis à la SPA d’effectuer sa mission de sauvetage des chiens de cet élevage. Daphné était de ceux-là. Elle n’avait jamais connu les promenades, les jouets, les câlins… Évidemment, je l’ai adoptée tout de suite. »

Les « usines à chiots » sont tristement célèbres. Ce sont des endroits insalubres où les animaux, qui restent en cage toute la journée, sont considérés comme des marchandises génératrices de profits. Les animaleries s’approvisionnent – dans la majorité des cas – dans ces élevages de la honte.

Si vous recherchez un chien de race dans un élevage, soyez vigilants : demandez à voir où dorment les chiens, où ils jouent et sortent, à rencontrer les parents du chiot. Un éleveur honnête ne refusera jamais de vous faire visiter ses locaux.

Des progrès pas à pas : de Paris à Chalon

Lors d’une visite chez le vétérinaire, une radio confirme les actes de cruauté : Daphné portait les séquelles des coups reçus dans l’élevage. Et celles, invisibles à l’auscultation, qui sont les pires… Mais Amandine sait d’où revient Daphné, ce qu’elle a enduré. Alors elle s’accroche, elle aussi.

« Cela n’a pas été simple au début : elle avait peur de tout – des hommes, des voitures – ne savait pas faire ses besoins dehors, ne savait pas se promener. Il a fallu tout lui apprendre. J’ai failli baisser les bras, mais assez vite, j’ai lu la joie dans ses yeux quand je rentrais du travail, elle commençait à remuer la queue en me voyant. Il y avait de l’amour et de la détresse dans son regard. »

Et puis il y a Sam-Sam, un pinscher nain qui vient parfois chez Amandine et qui fera découvrir le jeu à Daphné. L’interaction entre congénères joue un rôle important dans l’apprentissage.

« Nous sommes devenues inséparables et Daphné a pu goûter aux joies de la vie en liberté. Je me souviendrai toujours l’émotion que j’ai ressentie quand je l’ai vu pour la première fois courir comme une folle dans un pré... C’était sans doute la première fois de sa vie, à 9 ans, qu’elle pouvait faire cela ! 

Bien sûr, des séquelles ont persisté : elle avait toujours très peur des hommes, n’aimait pas trop la foule et avait des peurs paniques de l’orage... Mais année après année, elle devenait plus confiante et, c’est sûr, plus heureuse et tellement affectueuse ! »

La résilience…

« Notre petite Daphné a coulé les derniers jours de sa vie dans la maison de mes parents, Christine et Noël, avec un jardin, à se promener et avoir des câlins tous les jours : c’est ça, le plus important. Elle nous a malheureusement quittés à l’âge de 14 ans... 3 jours avant mon mariage. »

En accueillant Daphné, en la rééduquant, en l’aimant, Amandine a beaucoup appris de la vie. La patience, la compréhension, l’adaptation aux aléas. Et la tolérance, aussi, face à la différence. Ce qui, dans notre société, n’est pas un mince cadeau.

Quand on demande à Amandine ce que l’adoption de Daphné lui a apporté, l’émotion lui serre la gorge, mais les mots sont là : « Daphné m’a donné une leçon de vie. Parfois, je me dis : “malgré tout ce qu’elle a enduré, Daphné a été capable de me donner sa confiance et tellement d’affection ! Je n’en reviens toujours pas. Alors, dans mes moments difficiles, je pense à elle et je remonte à la surface. »

Par Nathalie DUNAND
[email protected]

Vous aussi, vous pouvez témoigner (mail ci-dessus).

Signaler une maltraitance : spa/signaler-une-maltraitance

Les élevages de l’horreur : 30millionsdamis-usines-de-chiens

Fondation Assistance aux animaux : ICI
Les missions de la SPA : spa-missions