Chalon sur Saône

Rencontre avec Germain Louvet, danseur étoile de l’Opéra de Paris

Rencontre avec Germain Louvet, danseur étoile de l’Opéra de Paris

Né à Chalon-sur-Saône, passé par le Conservatoire du Grand Chalon, Germain Louvet, danseur étoile, a participé à un temps d’échanges à l’occasion de la sortie du récit autobiographique « Des choses qui se dansent » (Fayard).

Samedi matin, ce sont environ 170 personnes qui sont venues à la rencontre de Germain Louvet, devenu danseur étoile fin 2016, à l’âge de 23 ans. L’Auditorium, en pleine 19e édition de la semaine de la danse, s’est rempli de bonne humeur tant l’ambiance était détendue et tout à fait propice à l’échange ; dans un premier temps avec Marion Schrotzenberger, responsable diffusion, production et Lisa Bicheray, coordinatrice danse au Conservatoire du Grand Chalon. Ensuite, c’est le public qui a été invité à poser des questions et ce sont surtout de jeunes élèves du Conservatoire qui ont pris la parole. Parmi l’assemblée, on notait également la présence de Sébastien Martin, Président du Grand Chalon et d’Emmanuelle Dupuit-Pinto, Vice-présidente en charge de la culture et du développement de la Vie Étudiante.

Le jeune et talentueux danseur a évoqué ses premiers pas dans la danse, dans le jardin de ses parents puis à l’âge de 4 ans avec son inscription à l’école de danse de Givry « qui lui a permis de canaliser son énergie débordante et où il a appris que le corps pouvait se servir du silence et de la musique pour communier ». « Personnellement, au départ, il n’y a que cette envie, cette impulsion, cette nécessité qui m’ont traversé […] Aujourd’hui, c’est encore ça qui m’anime, c’est le plaisir […] De manière spontanée, danser, c’est quelque chose de joyeux, c’est ce qui me suit […] Raconter une histoire et la partager avec le public s’est ajouté à cette vitalité. », explique Germain Louvet  ; dans son livre, il dépeint notamment, depuis son point de vue, le Palais Garnier décrit comme « une mini-société ». A l’assemblée présente, ce samedi matin, il raconte ce jeu d’équilibre à trouver entre docilité, le fait d’entrer dans le moule, d’être un parfait petit soldat et la nécessité de laisser exprimer sa personnalité : « A un moment donné, il faut savoir déconstruire et faire avec sa force, son insolence ».

Germain Louvet s’est rendu très disponible aux questions du public, de son enfance, son passage au Collège Camille Chevalier, des heures passées à travailler au Conservatoire du Grand Chalon, au fait de quitter sa famille à l'âge de 12 ans pour réaliser son rêve… Néanmoins, revenir à Givry s’est toujours imposé à lui et c’est tout naturellement qu’il y est revenu pendant le confinement et a poursuivi les entraînements au Conservatoire du Grand Chalon et à l’Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône. A la question posée par une personne du public de savoir si cela est difficile d’entrer dans un corps de ballet, Germain Louvet répond : « Oui, il faut beaucoup d'entraînement. Pour y arriver, il faut, ce n’est que mon avis, aimer faire de la danse et pas juste vouloir être danseur ou danseuse. Il faut se rappeler le plaisir de pourquoi on danse. » et de conclure par rapport à la question posée : « C’est difficile mais pas impossible ». 

A la fin de cette rencontre, le Président du Grand Chalon a remercié Germain Louvet pour sa générosité, « lui qui a également accepté d’être au Conseil d’Administration de l’Espace des Arts et qui est très assidu au CA » a-t-il précisé. Sébastien Martin a tenu à lui adresser une question à son tour : « Aurons-nous la chance de vous voir sur la scène de l’Espace des Arts ou celle du Conservatoire du Grand Chalon ? » Amusé, le jeune danseur étoile a répondu que cela était en réflexion précisant toutefois qu’il n’était pas évident de danser en dehors de l’Opéra Garnier à cause d’un calendrier serré. La rencontre s’est poursuivie par une séance de dédicaces organisée en partenariat avec la librairie La Mandragore. 

Pour en savoir plus : « « Être danseur, c’est passer beaucoup de temps devant le miroir. Comment ne pas m’interroger à chaque spectacle sur mon rôle ? Comment dois-je l’habiter, l’interpréter et le danser devant un public d’aujourd’hui ? J’ai décidé de me raconter tel que je suis, pour être capable ensuite de m’adresser à ceux qu’on ne représente hélas jamais. Le chemin va être long, mais je ne me retournerai pas. Je dois accepter celui que j’étais hier et que je suis toujours, étoile ou pas. Le titre n’y change rien. » 

Le 28 décembre 2016, Germain Louvet est consacré danseur étoile à l’issue d’une représentation du Lac des cygnes. Investi d’une exigence d’excellence depuis son admission à l’école de danse de l’Opéra de Paris à l’âge de douze ans, il raconte sa passion, convoque les œuvres qui le portent, celles qui lui résistent. Mais sur scène comme en coulisses, le danseur étoile essaie de bousculer l’ordre établi du milieu de la danse.

Germain Louvet fait porter sa voix en faveur de davantage de diversité, remet en cause les codes inculqués, questionne les stéréotypes des corps, et interroge sa pratique jusqu’à renverser l’idée de vocation. Ce récit est celui d’un artiste engagé, pour qui toutes les choses qui se dansent sont un cri. » Texte site Fayard.

‘Des choses qui se dansent’, Fayard, paru le 9 février 2022, 234 pages.

SBR