Agglomération chalonnaise

Ce malinois a frôlé 2 fois la mort avant d'être amputé

Ce malinois a frôlé 2 fois la mort avant d'être amputé

Fight a regardé deux fois la mort dans les yeux pour finalement lui faire la nique ! Ce « gros enfant » mérite finalement son nom.

« FIGHT » ? Ça sonne le round, le ring, les coups donnés et esquivés ! Un avenir qui lui était promis, dans l’élevage qui l’a vu naitre : Fight était destiné à devenir un chien de policier…

Mais il n’en est rien, puisque Fight-le-malinois n’est pas né pour cette carrière-là.

« Je tétais encore ma mère », répond l’agneau, sous la plume de La Fontaine. C’est presque ça : dans la portée, Fight est le seul chiot à téter si longtemps sa mère : on n’en fera décidément pas un chien policier !

C’est donc à la famille de Mme Durand que le jeune malinois sera confié, à l’âge de 4 mois. « Nous n’avons pas changé son nom, mais il était tout sauf un chien d’attaque ! » ironise sa maitresse.

Un gros enfant »

Le Fight dont nous allons conter l’histoire est plutôt du genre foufou qui fonce dans les jeux avec énergie et insouciance. Dès le début, il reçoit des cours de dressage, plus exactement « d’éducation famille ». Comprenez : chacun des membres de la famille Durand sera le maitre, pendant une séance de dressage. Les 3 filles Durand étaient alors âgées de 7, 4 et 2 ans et demi. Mme Durand lance, amusée : « C’est notre benjamine qui avait le plus d’ascendant sur le chien ! »

Socialisation, agility, brevet d’obéissance : le chien, tout en muscle, assume bientôt ses 30 kg et ses maitres lui donnent régulièrement l’occasion – et la chance – de s’épanouir.

Premier péril

Fight a 6 ou 7 ans lorsqu’il frôle la mort. Nous sommes dans la phase d’échauffement précédant une activité d’agility : le maitre lance un bâton en l’air que le chien réceptionne au vol, à la verticale. Rien d’extraordinaire, Fight a l’habitude de ces jeux et son maitre ne remarque rien d’inhabituel. Sauf que. Quelques minutes plus tard, Fight s’immobilise, se recroqueville et gémit…

Direction le cabinet du vétérinaire de garde parce que, eh oui, c’est dimanche de Pentecôte, se souvient Mme Durand.

L’auscultation ne détecte rien, Fight reçoit un traitement antiinflammatoire, mais le professionnel alerte : « si le chien n’est pas mieux demain, emmenez-le chez votre vétérinaire habituel. »

Le lendemain, rendez-vous est pris à la clinique vétérinaire de La Rocade, à Chalon. Le Dr Raphaël Tuetey, vétérinaire ostéopathe, ausculte à son tour le malinois. Aucune fracture. Une radiographie ne révèle aucune anomalie non plus. Fight est cependant gardé en observation à la clinique vétérinaire. L’état infectieux est constaté, mais sa cause reste obscure.

Le dimanche, le Dr Tuetey, inquiet, est allé voir Fight, dont l’état infectieux persistait malgré les traitements. Il appelle la famille : « Fight ne va pas passer la nuit. Je tente le tout pour le tout, je l’opère. »

Et les nouvelles tombent, étonnantes : « Nous avons trouvé : Fight avait 2 morceaux de bois dans la gorge, un de 10 cm l'autre de 4 cm, proche de la jugulaire. C’était la cause de l’infection. »

« Je me souviens des joies que Fight a fait à M. Tuetey après l’opération ! Et ensuite, à chacune de nos visites ! » ajoute Madame Durand. Nous pouvons glisser ici que c’est réciproque, le vétérinaire nous ayant confié qu’il avait une tendresse toute particulière pour son protégé.

Des jeux potentiellement dangereux

Certains jeux peuvent représenter un danger pour les chiens, notamment les balles de tennis, duveteuses et trop petites pour les grands chiens ou encore les bâtons lancés à la verticale. D’une part votre chien peut se blesser ou avaler la petite balle en se réceptionnant – surtout à l’intérieur de la maison où le sol est lisse – d’autre part, des morceaux peuvent se détacher (filaments de la balle ou morceaux de bois).

Deuxième menace : l’épée de Damoclès

Fight a 11 ans quand on observe une lésion à sa patte avant droite. Le Docteur Tuetey donne un 1er traitement : pommade et anti-inflammatoires.

Deux semaines plus tard, la blessure a gonflé, formant un œdème. À la clinique de la Rocade, on prend les mesures qui s’imposent alors. C’est une biopsie qui révèle la présence de cellules cancéreuses. Un scanner permet de s’assurer que les cellules cancéreuses n’aient pas migré ailleurs. Non, et c’est une chance de survie pour Fight.

L’amputation, le geste qui sauve

Le Docteur Tuetey le sait bien, lui, mais la nouvelle a de quoi ébranler les maitres du chien. Il prend donc le temps d’expliquer à la famille en quoi l’amputation peut sauver Fight, en quoi elle consiste et… oui, il répond patiemment aux questions, forcément inquiètes et multiples : « comment fera-t-il pour courir et jouer ? et pour manger ? comment se sentira-t-il ? pourrons-nous continuer à l’emmener partout ?… »

« Notre fille, qui est ostéopathe, nous a elle aussi aidés à y voir plus clair, explique Madame Durand. »

Quant à la réponse du Docteur Tuetey sur l’attitude à adopter avec Fight au retour à la maison, elle est aussi sensée qu’importante pour comprendre la psychologie canine : « Ne changez rien ! Continuez à lui donner les mêmes ordres, ayez la même exigence. Sinon, vous déclencherez un malaise chez votre chien qui ne comprendra pas le changement de comportement de ses maitres. » Nous étions à la mi-novembre 2021.

Retour clopinclopant ? Même pas !

« Nous avons récupéré notre chien le soir même de l’opération. L’assistante-vétérinaire nous a expliqué comment s’était passé le réveil de Fight, son premier mouvement surpris… Puis ils l’ont laissé nous rejoindre. Ce qui m’a soufflée, c’est qu’il marchait déjà sur ses 3 pattes vers nous, sans clopiner ! »

Très vite, en une semaine, le malinois retrouve ses habitudes, et joue comme avant avec ses congénères. Au placard les « oh ! le pauvre ! », Fight et sa famille sont heureux et vous le disent. Il est même difficile, quand il court, de s’apercevoir que Fight le fait… sur 3 pattes. Finalement, il mérite bien son nom, non ?

Par Nathalie DUNAND
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Clinique vétérinaire LA ROCADE : cliniqueveterinairelarocade.fr
Horaires – Lundi au vendredi : 8 h à 19 h –  Samedi : de 9 h à 15 h
Boutique de la clinique : clubvetshop.fr