Chalon sur Saône

Y a-t-il eu un effet Kinder chez les chocolatiers Chalonnais pour Pâques ?

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 02 Mai 2022 à 19h00

Y a-t-il eu un effet Kinder chez les chocolatiers Chalonnais pour Pâques ?

L'immense rappel de produits au chocolat de Ferrero, pour cause de salmonelle, a-t-il été à l'origine du boom des ventes chez les artisans chocolatiers et les boulangeries-pâtisseries de notre durant la période de Pâques? Pour beaucoup d'entre eux dans la profession, ce n'est pas flagrant, les causes seraient à chercher ailleurs. Plus de détails avec Info Chalon.

La consommation moyenne de chocolat en France s'élève à 6,4 kilos par an par habitant. Les Français se distinguent par une tendance à manger plus de chocolat noir que le reste de l'Europe (30% contre 5% en moyenne dans l'ensemble du Vieux Continent).

La profession de la chocolaterie représente 115 entreprises dont 90 % de PME. Elle emploie plus de 30 000 salariés au total (dont 15 850 en production industrielle) et participe l'activité économique de toutes les régions françaises. 

Dedans, il y a, bien entendu, les mastodontes Cémoi ou Nestlé, les PME Weiss ou Révillon, les fabricants et leurs boutiques comme Léonidas ou Jeff de Bruges. Et puis il y a des dizaines d'artisans à dimension plus locale, dans la région bourguignonne, des historiques comme les maisons Allex ou Dufoux.

La période de Pâques qui vient de s'achever marque, derrière celle de Noël, le deuxième temps fort de l'année pour tous les amateurs de chocolat et celles et ceux qui travaillent autour du cacao. En France, les ventes de chocolat représentent 205 millions d’euros pour la seule fête de Pâques.

Avec cette année, un contexte marqué par le scandale Ferrero-Kinder. 

Le groupe italien qui fabrique les mondialement connus Kinder a été contraint de rappeller certains de ses chocolats, à cause d'un risque de contamination à la salmonelle, une bactérie, à l'origine de gastro-entérites, qui peut être grave chez l'enfant.

Cette bactérie avait été retrouvée sur le site d'Arlon, en Belgique, l'usine au cœur du scandale alimentaire, dès le 15 décembre 2021. Pourtant, l'alerte n'a été donnée que le… 4 avril 2022 en France!

Au total, 150 contaminations ont été recensées par l'EFSA* à l'échelle de 9 pays européens. Bien souvent, malheureusement, il s'agit d’enfants âgés de moins de 10 ans.

Ferrero France a, depuis, rappelé «volontairement» des centaines de tonnes de produits chocolatés Kinder fabriqués en Belgique en raison d'un lien «potentiel» avec des cas de salmonelle, à deux semaines de Pâques, période où les ventes sont boostées.

Mais ce scandale alimentaire a-t-il eu un effet sur les ventes chez les artisans chocolatiers et les boulangeries-pâtisseries de Chalon-sur-Saône?

«Impossible à dire» pour Gwenaelle Rigaud, vendeuse de la boutique Dufoux qui nous explique que le bilan était «merveilleusement bon».

L'artisan chocolatier qui régale les papilles depuis 1960 proposait une trentaine de créations qui allaient de la licorne au chien en passant par le hamster. Tout est parti très vite et c'est tant mieux, les fêtes de Pâques sont une période cruciale pour les pâtissiers et les chocolatiers.

Pour Gwenaelle, les raisons sont à chercher ailleurs. Sans pouvoir trop s'avancer, peut-être à un besoin de tourner la page du Covid.

«On sent que cette année, les gens avaient vraiment envie de fêter Pâques en famille. C'était vraiment agréable, les gens étaient vraiment sympathques», nous explique-t-elle.

Du côté de l'Amaryllis Boutique, on répond par l'affirmatif.

«Je pense qu'effectivement, il y a bien eu un "effet" Kinder. Je ne peux pas vous dire à hauteur de combien car, il y a eu également ces deux dernières années marquées par la crise sanitaire qui n'est pas à négliger. Une chose est sûre, les gens ont acheté jusqu'à la dernière minute. C'est simple, il ne me reste que quelques sujets de Pâques», commente Marion Bellot, la vendeuse.

Effectivement, lors de notre passage, seul restait Gaston l'ourson, un sujet au chocolat au lait à 19 euros l'unité.

«Les gens étaient un peu plus au rendez-vous mais je n'ai pas senti particulièrelement d'effet "Kinder". En tout cas, les clients ne nous l'ont pas dit! À Pâques, on achète forcément du chocolat!», nous dit Marion Boutreux, gérante de la boulangerie-pâtisserie de la Citadelle.

Même son de cloche du côté de la chocolaterie Wettling ou de la maison Chaudat.

«Nous avons de bonnes ventes, surtout les trois derniers jours. De nouveaux clients, de belles ventes, les gens n'ont pas lésiné sur le budget mais difficile d'avoir un répère par rapport à l'année dernière où Pâques était en mars», nous indique Christine Thibert, vendeuse de la Féerie Gourmande.

Fermée pour vacances jusqu'au 5 mai, la boulangerie-pâtisserie avait organisé une tombola de Pâques et la gagnante était Béatrice Galland, une fidèle cliente. 

À noter qu'une semaine avant la fermeture, la Féerie Gourmande avait organisé une vente à 50% de réduction qui a remporté un vif succès.

«Aucun effet notable à observer sur les ventes» pour Danielle Allex qui nous indique que les ventes ont été très bonnes et la clientèle bien au rendez-vous.

Et la marque au triangle doré a fait les choses en grand pour ces fêtes avec plus de 4000 sujets qui ont rapidement trouvé preneurs en peu de temps.

Généralement, la maison Allex réalise à Pâques, son deuxième temps fort après Noël quand ce n'est pas la période de la galette des rois.

Ce samedi 7 mai, la maison Allex met la tarte à l'honneur avec un stand de dégustation. Vous voilà prévenus!

Si les deux tiers des ventes se font la dernière semaine avant Pâques, il semblerait que pour la plupart de ses professionnels, il n'y a pas eu de hausse particulière constatée suite aux annonces de Ferrero.

* Sigle anglais pour European Food Safety Authority, il s'agit de l'autorité européenne de sécurité des aliments.

 

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati