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A l’occasion de la sortie de son 2e livre ‘L’homme que je ne devais pas aimer’, interview de la chalonnaise d’adoption Agathe Ruga

A l’occasion de la sortie de son 2e livre ‘L’homme que je ne devais pas aimer’, interview de la chalonnaise d’adoption Agathe Ruga

Agathe Ruga décrit dans ce livre une obsession amoureuse sans filtre qui consume sa protagoniste : Ariane. Un livre que l’on a envie de lire d’une traite, une galerie de portraits sans concession, des personnages captivants !

'L'homme que je ne devais pas aimer' est votre 2e livre. Il semblerait que ces 2es livres soient les plus difficiles à écrire, "c'est celui qui transforme un auteur en écrivain" pour reprendre les termes du Figaro...

Absolument, c'est l’épreuve du feu pour un auteur. Les deuxièmes sont souvent un peu ratés. J’ai tenté de conjurer le sort en écrivant un deuxième livre que je n’ai pas publié. Ce 2ème roman est donc mon troisième, et son style ressemble au premier. Il a été beaucoup plus facile à écrire que le fameux 2ème rangé dans un tiroir. C’est comme tout dans la vie, le plus simple est souvent le plus réussi. (J’espère !)

Du blog ‘Agathe The Book’, aux éditions Stock puis Flammarion, récemment un article dans ELLE, comment vivez-vous ce succès ?

Dans le petit milieu littéraire, mon roman sorti il y a un mois et demi vit en effet un magnifique démarrage. Mon éditrice a demandé la réimpression. Cependant, à l’échelle nationale, je suis toujours une totale inconnue. Tout est relatif et précaire. On parlera de succès quand j’aurai accompli une œuvre conséquente.

Votre livre parle d'obsession amoureuse sur fond de burn-out parental voire de dépression, quel effet a eu l'écriture de ce livre sur vous ?

J’aime beaucoup la citation de Karen Blixen que Constance Joly a placé en épigraphe de son dernier roman « Tous les chagrins sont supportables si on en fait une histoire. » Comme mon héroïne, j’ai traversé une crise violente. Raconter cette crise, y ajouter de la poésie, être lue, recevoir une centaine de témoignages de personnes qui ont vécu la même chose, me répare. Je vivrais beaucoup moins bien les tourments de l’existence si je ne pouvais pas les écrire.

Agathe est-elle Ariane ? Vous dévoilez beaucoup de détails intimes, est-ce un acte de courage que de se dévoiler ainsi ?

Quand je pense à Ariane, ou quand je parle d’elle, je suis traversée par des sentiments ambivalents : la peine, la honte et la nostalgie. Car oui, il y a trois ans, je fus cette femme passionnée, révoltée, mal à l’aise dans sa vie de femme au foyer. Aujourd’hui, je me demande comment elle a pu perdre la raison et être autant dominée par la passion… Je la jalouse un peu, car la passion est un état qui ne perdure jamais. L’Agathe d'aujourd’hui arrose ses plantes avant de se coucher et ne sort plus.

On me dit souvent que ce livre est courageux, il est vrai que je ne m’épargne pas, pourquoi faire ? J’avais davantage peur de ne pas me dévoiler que l’inverse. On se fait des fausses idées sur les femmes, on s’arrête souvent à un grand sourire et à l’image de blogueuse et de mère, que j’avais besoin de casser. C’est seulement dans mes livres qu’on comprend qui je suis vraiment. 

Vous évoquez les amours avec un grand A d'Ariane mais aussi ceux de sa mère, selon vous, peut-on se libérer des schémas familiaux ?

Cela faisait très longtemps que je voulais parler des hommes qui m’ont marquée et manquée, notamment d’un beau-père. J’ai tenté à de nombreuses reprises de me libérer du schéma familial, et je n’ai fait que m’en rapprocher. Alors aujourd’hui je l’accepte. Il n’y a aucun schéma idéal, il n’y a pas d’échec, c’est la seule chose que j’ai comprise. Toutes ces personnes qui se poussent et jouent des coudes pour entrer dans le cadre, je voudrais leur crier d’arrêter la comédie et tous ces dîners de couple où l’on s’ennuie à mourir. On n’est pas tous conçus pour s’épanouir dans le mariage, au contraire.

Vous êtes maman de 3 enfants, avez-vous anticipé le moment où ils vont demander à lire vos livres ?

Ma fille aînée n’a jamais ressenti la curiosité de me lire et je suis tout à fait à l’aise avec le sujet. Je pense que les enfants prennent une bonne distance avec notre part artistique, ce sont les personnes de l’entourage qui la respectent le plus. (Les parents c’est autre chose..!)

Votre séance de dédicaces aura lieu mercredi 25 mai à la librairie Develay à Chalon-sur-Saône, en même temps que celle d'Olivier Liron pour 'Le livre de Neige', un mot sur cet auteur ?

Je suis heureuse et fière de partager ce moment avec Olivier. Je l’ai connu grâce au Grand Prix des blogueurs littéraires que j’ai créé en 2018, et pour lequel vous aviez fait un article. Olivier a été mon deuxième lauréat, avec « Einstein le sexe et moi », encensé par la critique et la communauté. Je vous recommande vivement la lecture du « Livre de Neige », récemment publié chez Gallimard, un roman sur sa mère espagnole, Nieves, d’une émotion rare. Venez nombreux ce mercredi 25 !

Après 'L'homme que je ne devais pas aimer', un autre projet ? 

Pour l’instant je m’occupe de mon nourrisson, c’est-à-dire de sa promo. J’en profite avant de me lancer à nouveau dans une grossesse littéraire !

Propos recueillis par SBR - Photo Pascal Ito © Flammarion