Chalon sur Saône

Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, l’auteur de Bd Sylvain Aimès dédicacera le samedi 18 juin au Leclerc de Chalon

Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, l’auteur de Bd Sylvain Aimès dédicacera le samedi 18 juin au Leclerc de Chalon

Jamais à ce jour l’auteur de bande dessinée Sylvain Aimès n’avait proposé en face-à-face le fruit de ses cogitations dans le bassin chalonnais. Il créera donc un précédent le samedi 18 juin de 11h à 18h par l’intermédiaire d’une séance de dédicaces à l’Espace culturel de l’hypermarché Leclerc sis à Chalon-sur-Saône. Si vous êtes d’humeur à en être… de plus le garçon accorde du temps à ses clients, discute avec eux, signe en dessinant…

Père spirituel de dix-huit albums

On vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…Il y a vingt-huit ans, le créateur avait alors dix petits printemps, la postérité lui jeta des œillades, en faisant la une du journal municipal « Orange vérités » en 1994, ainsi que de « La Provence » et du « Dauphiné Vaucluse ». Et pourtant à l’époque ce ne sont pas ses ascendants directs qui lui auront mis le pied à l’étrier, mais sa grand-mère. « Mes parents ne voulaient pas que je fasse de la Bd », se remémore-t-il. Qu’à cela ne tienne, la motivation surmontera l’obstruction, et son aptitude à faire d’un rien un tout l’amènera à dessiner suivant le système graphique de la ligne claire et de l’école Marcinelle. Actuellement Sylvain peut se prévaloir de dix-huit albums tous confondus (ils ont la France comme théâtre, sauf le premier, orienté sur l’U.R.S.S.), avec parfois des rééditions. On les trouve dans quinze librairies, à Chalon c’est à l’Espace culturel du Leclerc. A noter que certains sont épuisés. Son personnage porte-bonheur se prénomme Elias, tandis que le commissaire Arthur n’est pas là pour faire de la figuration. Le cerveau réalise tout : textes et dessins, et se poste sous le regard quelque peu inquisiteur de deux correctrices d’orthographe et d’un comité de lecture composé de dix personnes. Le prix à payer pour l’optimisation de ses sujets, avec une règle immuable : il s’impose la mise sur le marché d’un album chaque semestre, et son lectorat donne vie à ses livres grâce au financement participatif « Ulule ».

Sylvain Aimès ne ménage pas sa peine

Derrière la façade reluisante se manifestent des zones d’ombre qui développent des accointances avec l’iniquité. « Aujourd’hui nous ne sommes même pas au même niveau que les romanciers », déplore celui qui en vit depuis 2018, affirme travailler dix heures par jour (de 6h à 16 h) sept jours sur sept, vendre à peu près mille albums annuellement (la quasi-totalité lors des festivals), et consacre nombre de week-ends à des festivals de BD (consulter son programme sur opalebd.com)à l’exception de la période noire courant de la deuxième semaine de décembre à la fin février, voire au début du mois de mars. En France, mais également en Belgique, Suisse, au Luxembourg. Il a fait sienne cette formulation « La vie ne vaut pas d’être vécue si on ne la vit pas comme un rêve ». C’est le métier auquel il a toujours aspiré, et ça, ça n’a pas de prix. Selon ses dires il est l’un des seuls auteurs à être invité tous les ans chez les amis d’Hergé, revendiquant des parrains devenus des amis comme Marc Hardy, Marc Wasterlain…Malik Taymais incarnant son maître à penser.

Avec la BD on tourne le dos au froid réalisme

Contrairement au papa de Tintin, l’habitant de Chaumont (Haute-Marne) donne une fourchette pour une lisibilité idoine de ses albums : de 7 à 99 ans ! Relativement à sa manière d’opérer, il argue ceci : »Je joue sur le côté nostalgique pour les adultes dans tous mes albums, mais je pense d’abord aux enfants. Je suis cash, j’ai une mémoire d’écoute, j’apprends en écoutant. Ce que je produis n’a pas vocation à raconter la réalité des choses. La BD c’est de la distraction, un moyen d’évasion.» Techniquement parlant, les choses sont limpides. « En ligne claire on ne peut pas se rater, on le voit directement. Je ne procède jamais dans l’ordre. Mon dessin est épuré, compréhensible de tous. J’ai redessiné intégralement mes deux premiers albums, revus et corrigés. Ce que je veux, c’est que les lecteurs prennent du plaisir et soient heureux de lire une aventure. Sur une BD il faut avoir un coup de cœur. La durée moyenne de lecture de chacun de mes albums se situe entre une heure et une heure et quart. Si un jour j’arrivais à ne plus avoir de plaisir, mon lecteur  le ressentirait, et il faudrait que j’arrête», allègue-t-il. A l’en croire, aux hommes la BD, aux femmes les livres. Chacun trouve son bonheur livresque où il peut ! Les concepteurs nourrissent des liens sans ambiguïté : « Nous ne sommes pas en concurrence entre auteurs. C’est différent des éditeurs -le mien est indépendant-, qui se livrent à une guéguerre. » A la question : quelles sont les qualités requises pour embrasser la profession d’auteur, le trentenaire rétorque : »Patience, persévérance, pédagogie. Je vais dans les écoles, et il ne faut pas avoir peur des gens. »

« Le jumeau maléfique » n’attend que votre bon vouloir…

Heureusement pour lui qu’il a de la suite dans les idées, car on lui a glissé à une époque que « son truc c’était has been » ! Pris entre le marteau et l’enclume, Sylvain s’épanche. «J’aimerais bien être connu et laisser une trace de mon passage sur terre, mais je serai toujours dans l’anonymat le plus total en étant indépendant », snif ! Le dernier en date, frais émoulu-Le jumeau maléfique-, paru chez Jihem Editions, vaut 15,00 euros, et se déroule dans le nord de la France, via l’univers pittoresque du carnaval. La mairie de Douai lui a passé commande de trois mille exemplaires ! Il conviendra ensuite de ronger son frein jusqu’en 2023 pour avoir en main le prochain album de Sylvain Aimès. Patience et longueur de temps…

 

                                                                                                                      Michel Poiriault

                                                                                                                      [email protected]