Côte chalonnnaise

Buxy et Cersot : deux nouveaux lieux du parcours mémoriel sur la ligne de démarcation

Buxy et Cersot : deux nouveaux lieux du parcours mémoriel sur la ligne de démarcation

Samedi dernier, l’Association des Combattants Volontaires de la Résistance (CVR) de Saône-et-Loire a inauguré les troisième et quatrième lieux du parcours mémoriel départemental sur la ligne de démarcation, en dévoilant poteaux gravés aux anciens postes de contrôle allemand et pupitres explicatifs.


En présence d’Olivier Tainturier, sous-préfet de Chalon, de Thomas Brugger, directeur départemental de l’Office national des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, de Sébastien Martin, 1er vice-président du Conseil départemental, de Dominique Lanoiselet, conseillère départementale maire de Buxy, de Damien Leclerc, maire de Cersot, de Gilles Platret, maire de Chalon, des maires des communes avoisinantes, des porte-drapeaux, des jeunes sapeurs-pompiers, des habitants, Sébastien Joly, président de l’association départementale des CVR et professeur d’histoire, a rappelé la genèse du projet et l’histoire de la ligne de démarcation, tout d’abord à Buxy.

Le pupitre explicatif sur la Voie Verte 

La commune a été traversée de 1940 à 1943 par cette frontière intérieure. Des laissez-passer étaient nécessaires pour franchir la ligne, qu’il fallait se procurer à la Kommandantur de la ville, située rue des Juifs. Deux postes de contrôle étaient situés sur la commune : un à la sortie de Buxy vers la grille du Château de la Tour Bandin et un sur la route de Sennecey. Des passeurs aidaient des clandestins à la franchir, souvent de nuit, de façon risquée et illégale, en déjouant les patrouilles allemandes, comme Renée Thomas habitant place de Baranges à Buxy.
Le pupitre explicatif a été placé volontairement sur la Voie Verte, à quelques mètres de l’ancien tracé de la ligne, afin d’interpeller un maximum de randonneurs et de cyclistes passant sur le pont. Après les discours des officiels, Sacha jeune habitant de la commune a lu « La complainte du partisan » d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie. 

Les souvenirs de guerre de Suzanne Tissier

Puis les inaugurations se sont poursuivies à Cersot, où Sébastien Joly a pu retracer l’histoire de la commune, grâce à des témoignages (Paul Bertault et Bernard Gonnot) qu’il avait collectés en 2007 dans le cadre de son mémoire de maitrise. Récemment, il a pu rencontrer Suzanne Tissier, âgée de 101 ans. La centenaire, ancienne habitante de Cersot, lui a raconté ses souvenirs de la guerre : l’arrivée des Allemands dans le village, les passages clandestins effectués par son père Joseph...
Le pupitre, situé place de la mairie, a été dévoilé par Juliette et Antonin, deux enfants de la commune, qui ont lu le poème « Liberté » de Paul Eluard, donnant résonnance à l’actualité en Ukraine. 

Le souvenir de la petite Esther

Puis, une plaque en souvenir d’Esther Grunberger, deux ans et demi, juive belge, tuée par une patrouille allemande en tentant de traverser la ligne clandestinement avec ses parents le 20 août 1942, a été inaugurée dans le chemin des Guenins, en présence de Serge Rosinoff, président de la communauté juive de Chalon. 
Cette histoire méconnue des habitants du village a été découverte par Sébastien Joly, grâce à des recherches minutieuses aux archives départementales de Saône-et-Loire, aux archives municipales de Chalon, au Mémorial de la Shoah à Paris et au musée de l’Holocauste de Malines en Belgique. Le décès de la petite a été constaté à l’hôpital de Chalon, les parents ont ensuite été emprisonnés à Chalon, avant d’être déportés à Birkenau, où ils ne survivront pas. Désormais, la mémoire de la petite Esther est honorée à Cersot...