Agglomération chalonnaise

Atteint du syndrome d’hyperactivité, Pouki a retrouvé un équilibre grâce à une thérapie comportementale et médicamenteuse

Atteint du syndrome d’hyperactivité, Pouki a retrouvé un équilibre grâce à une thérapie comportementale et médicamenteuse

Grâce à sa propriétaire et l’aide d’une vétérinaire comportementaliste zoopsychiatre, ce berger australien a retrouvé une belle qualité de vie dans sa famille. Quels sont les signes du syndrome HSHA ? Quel traitement ? Info-chalon a recueilli les paroles du maître et du soignant.

Myriam Rossignol n’a jamais baissé les bras quand elle a compris que son chien avait un problème de comportement. Elle a tenté vainement plusieurs approches avant de trouver une solution auprès d’une vétérinaire comportementaliste zoopsychiatre.

Les symptômes de Pouki

Né dans une ferme, ce jeune berger australien est adopté à l’âge de 2 mois dans une famille de Saint-Rémy. Myriam Rossignol a toujours eu des chiens, elle connaît les joies et les responsabilités d’une adoption.

« Chaque dimanche, je l’emmenais à l’éducation canine. On commence par l’école du chiot pour le sociabiliser, puis on l’éduque en groupe pour le dressage. Assez rapidement, je me suis rendu compte que le comportement de Pouki était problématique. Il était infatigable et se reposait très peu. À la maison, il nous sollicitait sans cesse, aboyait pour un rien, tournait en rond et se mordait la queue dès qu’il n’était plus en activité. C’est vite devenu difficile à gérer. Le pire, c’est que nous avions l’impression d’avoir tout essayé. Et parfois l’entourage vous culpabilise : vous êtes trop laxiste, vous ne savez pas vous y prendre… Aujourd’hui, je sais que c’est par méconnaissance qu’on peut parler ainsi. »

Envers et contre tout, Myriam continue de chercher une solution. « Nous l’avions adopté, ce n’était pas pour l’abandonner ! »

C’est à la Clinique de La Rocade de Chalon que s’ouvre la bonne porte. « Notre vétérinaire, Dr Tuetey, nous a orientés vers une collègue comportementaliste zoopsychiatre, le Dr Bénédicte Salavert. »

Poser le bon diagnostic

C’était il y a deux ans, se souvient Myriam : « Pouki avait environ 1 an. J’ai dit au Dr Bénédicte Salavert : J’ai un fils hyperactif, j’ai le sentiment que Pouki l’est aussi ! Elle a souri puis m’a demandé de lui décrire ses comportements en détail : quelles situations, quelles réactions ? »

Le diagnostic est posé : Pouki souffre du syndrome HSHA : le syndrome d’hypersensibilité-hyperactivité.

« Il s’agit d’un trouble du développement, explique le Dr Salavert, ce qui signifie qu’il apparaît avant l’adoption. Ce ne sont donc pas les maîtres qui sont responsables de ce type de comportement, il faut le préciser. »

Comment savoir si notre chien est atteint de ce trouble ?

Les symptômes décrits par la spécialiste vont bien au-delà du comportement naturel du chiot, qui normalement apprend progressivement l’autocontrôle (de la morsure notamment) et présente une exploration rationnelle de son environnement.

« Les signes cliniques qui doivent alerter sont caractérisés par une hyperactivité dans la motricité ; il ne s’arrête jamais et a tendance à sauter sur les gens. Le chien est impulsif, car il contrôle mal ses émotions et a du mal à filtrer les informations environnantes. Il est donc en permanence sollicité par tous les stimuli du quotidien, d’où les aboiements incessants et pour un rien. Cela se traduit par un comportement envahissant qu’on ne peut pas stopper : mordillements difficiles à stopper, difficultés à se calmer notamment lorsqu’ils jouent, difficultés à se concentrer dans les apprentissages, nombreuses bêtises et destructions, ils engloutissent plus qu’ils ne mangent et donnent l’impression de ne jamais être rassasiés. Ces chiens sont par ailleurs davantage exposés aux risques d’occlusion intestinale ou d’intoxication. Le syndrome HSHA existe aussi chez le chat. »

Consulter le plus tôt possible

La spécialiste poursuit : « Il est important de ne pas laisser durer cette situation parce que les maîtres s’épuisent : ils s’investissent beaucoup dans l’éducation du chien et sont déçus du manque de résultat. Il arrive même que ces chiens soient refusés dans les cours d’éducation canine où ils peuvent semer la zizanie. Les chiens atteints de ce syndrome peuvent, en plus, présenter à l’âge de l’adolescence des troubles hiérarchiques car ils ont du mal à acquérir les règles sociales de la vie familiale. Dans ce cas, des manifestations agressives peuvent apparaître. On observe donc une altération dans la relation avec son maître. »

Quelles sont les causes possibles du HSHA ?

« Elles prennent leur origine dans les premières semaines du chiot. C’est pourquoi on parle de trouble du développement. Quand le chiot est séparé trop tôt de sa mère, celle-ci n’a pas le temps de lui apprendre à se contrôler. Ou bien quand la mère est débordée, ce qui arrive dans les portées trop nombreuses ou pour certaines mères immatures. »

Attention donc, quand vous adoptez un chien : laissez-lui le temps des apprentissages nécessaires auprès de sa mère. Par ailleurs, assurez-vous qu’il reste bien en contact avec elle jusqu’au moment de l’adoption, certains éleveurs séparant les petits de leur mère dès qu’ils n’ont plus besoin de téter.

Oui, une solution existe

La guérison totale est illusoire, mais une approche bien conduite permet un bon contrôle du chien et de sa qualité de vie, comme l’explique le Dr Salavert : « Le traitement repose sur 2 volets simultanés : une thérapie médicamenteuse à l’aide d’un psychotrope, et comportementale. Le traitement médical a pour but d’agir sur l’anxiété du chien, sur son impulsivité et va l’aider à accepter de nouveaux apprentissages. La thérapie comportementale aura pour but d’aider le chien à se concentrer, à retrouver des autocontrôles, à analyser les informations de son environnement en étant à l’écoute de son maître, ce qu’il était incapable de faire jusqu’alors. Le chien pourra aussi prendre du plaisir dans certaines activités et la relation chien-humain n’en sera que meilleure. Selon les progrès réalisés, le sevrage médicamenteux sera envisageable. »

Le Pouki d’aujourd’hui

Pouki a 3 ans. Après le confinement, il est retourné à l’éducation canine et… a décroché son premier diplôme : le CSAU (Certificat de Sociabilité et d’Aptitude à l’Utilisation).

« J’ai aussi la chance que ma mère ait 2 chiens de race border collie. Pouki a beaucoup appris à leur contact. » ajoute Myriam.

Le Dr Salavert confirme ce point, qui n’est pas anecdotique : « Mettre un chien souffrant d’HSHA au contact de chiens adultes « éducateurs », c’est-à-dire patients et bons communicants, est bénéfique. Les chiens apprennent beaucoup et plus facilement au contact de leurs congénères, notamment les règles de communication et les autocontrôles. »

Une belle histoire, une belle victoire même, qui ne doit pas nous faire oublier qu’en France, plus 2 chiens abandonnés sur 3 le sont à cause de problèmes de comportement. Plus de la moitié d’entre eux seraient atteints du syndrome HSHA.

À la fin de notre échange, Myriam nous confie : « Souvent, je me dis : heureusement que Pouki est tombé sur nous, d’autres l’auraient peut-être abandonné ! Quand on aime ses animaux, on cherche à les comprendre et on fait ce qu’il faut pour leur bonheur. »

Nous ne pouvons pas finir sans saluer la détermination de la maîtresse de Pouki.

Nathalie DUNAND
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Clinique vétérinaire LA ROCADE
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