Chalon sur Saône

NOYADE DES PRES SAINT JEAN - Le maire de Chalon juste cité à comparaître, ni plus ni moins

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 27 Octobre 2022 à 15h35

NOYADE DES PRES SAINT JEAN - Le maire de Chalon juste cité à comparaître, ni plus ni moins

La date fixée pour l'audience sera connue ce vendredi.

Sur le rôle de l’audience correctionnelle prévue ce vendredi 28 octobre, un dossier douloureux, celui de trois enfants morts noyés dans le lac des prés Saint-Jean le 8 juillet 2018 (voir article ci-dessous). Au rôle, deux prévenus : la compagne du père qui avait la charge des enfants ce jour-là, et Gilles Platret en tant qu’il représente la Ville de Chalon ; et la même prévention : homicide involontaire le 8 juillet 2018 à Chalon. 

Mais l’audience de jugement devrait être renvoyée, car en réalité si le maire de Chalon-sur-Saône apparaît comme « prévenu », il ne fut ni mis en examen par le juge d’instruction, ni poursuivi par le parquet : il est cité à comparaître par la partie civile (la mère des enfants) qui avait déposé plainte contre lui.

Or la citation directe intervient tard, puisqu’elle est faite début septembre, selon le parquet, et elle impose, dans ce cas de figure (où l’action de la partie civile n’est pas jointe à celle de l’autorité publique) que le tribunal correctionnel fixe le montant d’une somme que la partie civile doit déposer au greffe, pour garantir le paiement d’une amende qui pourrait être prononcée si le tribunal jugeait que cette citation est dilatoire ou abusive.

L’audience de consignation n’aurait pas encore eu lieu, toujours selon le parquet, et elle est procéduralement obligatoire avant le jugement. C’est le premier point qui justifierait un renvoi. Le second point c’est que dès l’instant où le représentant de la Ville de Chalon est cité, son statut de prévenu lui ouvre des droits, dont celui d’être défendu. Son avocat peut demander un délai pour préparer sa défense, sa demande est de droit.

Nous saurons demain la date fixée pour une audience qui sera lourde de la mémoire des ces trois enfants morts noyés, vêtus et chaussés, auxquels, et ce n’est pas sans sel vu le contexte, l’institution judiciaire de la République, à travers les magistrats et avocats, consacrera plusieurs heures et toute son attention.

FSA

Notre article du 8 juillet 2018 : 

Il est 22 h 30, ce dimanche 8 juillet, lorsqu’Hervé Dumaine, adjoint au maire de Chalon-sur-Saône en charge de la sécurité, nous confirme le décès des trois jeunes enfants dont les corps avaient, peu de temps auparavant, été évacués vers le centre hospitalier, toujours sous ventilation.
Trois enfants, 2 garçons et une fille, tous assez proches en âges, 10 ans en moyenne, et tous de la même fratrie. Le malheur a frappé, il a frappé trois fois.

Les petits corps ont été repêchés vraisemblablement pas loin de l’endroit où ils ont perdu pied : du côté du lac qui longe l’avenue Edouard Herriot, pas loin de l’espace Jean Zay, « une percée entre deux bosquets d’acacias » décrit Hervé Dumaine qui n’a pas d’autre réaction que celle de « la tristesse, une infinie tristesse », sensible à « la détresse des parents voir leurs petits ainsi intubés », puis à leur douleur de les avoir perdus. « C’est sinistre ».

Sur place, la police nationale, les pompiers, des plongeurs, des équipes du SAMU 71, le commissaire Bertrand Pic, la vice-procureur Aline Saenz-Cobo, et puis la foule. Des habitants hébétés, sonnés, inquiets. Une femme effondrée, soutenue par d’autres, lance une plainte lancinante. La douleur d’une mère. Les décès n’ont alors pas encore été constatés, les protocoles de réanimation iront jusqu’à leur terme, mais les chances sont infimes, la mère le sait. Les petits ont passé une heure sous l’eau. Paul Thébault, président de la régie de quartier et conseiller municipal délégué sur les prés Saint-Jean, est lui aussi accablé, il dit le danger de ce lac dont le fond est boueux, d’une boue qui colle. Des panneaux interdisant toute baignade avaient été posés autour du lac (mais ensuite arrachés par incivilité, selon nos informations) : c’est trop dangereux.

Mais les corps repêchés n’étaient pas en maillots de bain : les enfants étaient habillés et chaussés, ils portaient tous les trois des baskets. Que s’est-il passé ? Nul ne le sait encore, et chacun suppute. Étaient-ils sous surveillance d’un adulte ? 
Bien sûr, tout sera mis en œuvre pour éclaircir les circonstances qui ont mené trois minots, trois frères et sœurs, dans un fond de 4.50 mètres de profondeur dont ils ne pouvaient pas s’extirper. 
C’est le quartier tout entier qui est frappé de deuil, tant la cruauté de ces jeunes disparitions saisit les cœurs de chacun. C’est le premier dimanche des grandes vacances, et c’est une tragédie. 


FSA