Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - « Je suis pas Pierre Richard, moi ! »

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 08 Décembre 2022 à 20h15

TRIBUNAL DE CHALON - « Je suis pas Pierre Richard, moi ! »

Il dit qu’il est systématiquement contrôlé et qu’il y a de l’abus. Le souci c’est qu’à chaque fois qu’il est contrôlé, il y a matière à poursuites. Animé, bavard, il est jugé ce jeudi 8 décembre en comparution immédiate.

Il fut déjà présenté le 24 octobre mais il avait demandé un délai pour préparer sa défense. Il est en détention provisoire depuis le 21 octobre. Il ouvre l’audience (après que la présidente l’ait ouverte, tout de même) en demandant que les journalistes présents ne notent pas son identité entière, « pour mes enfants ». Il a 46 ans mais fut un enfant qui a quitté l’école en 5e. « Madame, dit-il à la présidente Catala, depuis mineur j’ai grandi dans les foyers de la DDASS, j’ai grandi dans…, dans, dans… p*t***. » En conséquence, ses fils qui ne posent pas de problèmes et poursuivent leurs scolarités, dit-il, il en est fier, très fier. D'ailleurs, ils sont assis dans la salle.

« Je suis pas Pierre Richard, moi ! »

Fier de ses fils mais alors pour vivre dans les embrouilles, lui, il est champion. « Je ne suis pas un grand voyou » dira-t-il au tribunal en fin d’audience. C’est peut-être vrai, mais il a 13 condamnations à son casier, et il a toujours un truc ou un autre en cours au commissariat. Aujourd’hui il est jugé pour un fait de recel, une fourgonnette volée à chalon, localisée aux Bizots avec ses empreintes dedans : « Un gitan me l’a proposée, je suis allée voir dedans, mais j’en voulais pas ! », en mai 2019. « Si c’était moi je serais pas allé à la mairie pour appeler un taxi ! Je suis pas Pierre Richard, moi ! »

Cocaïne : « Je suis trop mal dehors »

Recel, donc, à quoi s’ajoutent 3 conduites sans permis les 25 juin, 18 septembre et 20 octobre 2022. Une fois, positif à la cocaïne, « je suis trop mal dehors, dit-il avec une candeur qui convainc, et en prison c’est bien, je suis à zéro ». Une fois, non assuré. Son permis fut suspendu pour 6 mois en mars 2022, il n’a fait aucune démarche pour le récupérer. « Je suis routier, je passe une visite tous les 5 ans, mais je ne savais pas qu’il fallait en passer une pour le petit permis. »

« Toujours une bonne explication, une bonne excuse »

On la fait courte mais ses interventions prennent du temps. Aline Saenz-Cobo, vice-procureur, le souligne ainsi : « Il a toujours une bonne explication, une bonne excuse. C’est jamais de sa faute. » Elle requiert une peine de 15 mois de prison avec maintien en détention, glissant que vu le nombre d’infractions commises, ça fait pas cher l’infraction. Mimiques du prévenu pour signifier que le parquet et lui n’ont pas les mêmes vues sur le coût de l’infraction à l’unité. « Il a reconnu tous les faits, mais ne reconnaît pas le recel du vol. » Maître Faure-Revillet reprend l’ensemble puis plaide contre l’accusation de recel. « Il veut la clémence du tribunal, il a des regrets, il a acheté une grange à rénover. » Son client demande à pouvoir travailler de nouveau, « être routier, c’est une passion ».

18 mois, maintien en détention

Le tribunal le déclare coupable, et le condamne à une peine supérieure aux réquisitions : 18 mois de prison avec maintien en détention. Wow, l’accusé se lève et d’une voix puissante, envoie à la mère de ses fils : « On fait appel ! Et prends ‘bip’ (nom d’un avocat) ! » L’escorte le fait sortir du box. « Vive la France ! »

FSA