Politique

Vœux de la Fédération des Républicains de Saône-et-Loire : Gilles Platret ne mâche pas ses mots

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 30 Janvier 2023 à 08h39

Vœux de la Fédération des Républicains de Saône-et-Loire : Gilles Platret ne mâche pas ses mots

Le président de la Fédération des Républicains de Saône-et-Loire n'est pas du genre à parler la langue de bois. Cela a pu se vérifier lors de ses vœux, vendredi au Studio 70, durant lesquels l'édile a dit ses quatre vérités. Plus de détails avec Info Chalon.

Vendredi 27 janvier, la cérémonie de présentation des vœux aux Républicains de Saône-et-Loire a été l'occasion pour le maire de Chalon-sur-Saône, qui en est le président, de dresser un bilan amer sur le parti et d'alerter sur les dangers qui guettent notre pays.

Les Républicains du département ont investi le Studio 70 en masse ce soir-là. Un événement qu'ils ne manqueraient pour rien au monde car toutes les chaises de la salle ont été prises d'assaut et au moins autant de personnes sont restées debout afin d'assister religieusement à la cérémonie. 

Et preuve qu'il arrivait en terrain conquis, c'est sous un tonnerre d’applaudissements que Gilles Platret a été accueilli. 

Peu réputé pour être un fervent de la xyloglossie, l'édile a tenu un discours sans ambages.

 «Nous sommes orphelins d'une certaine idée de la France !»

Voilà qui donne le ton.

Nostalgique de la France de De Gaulle, le président de la Fédération a point du doigt les différents gouvernements qui, non seulement n'étaient pas à la hauteur de la situation, mais  sont fautifs d'avoir laisser perdrurer sur le sol national «une immigration irrégulière qui nourrit l'insécurité et le séparatisme».

Se revendiquant comme le tenant d'une pensée «condamnée par les trois quarts de ceux qui écrivent», Gilles Platret fustige «une certaine classe bien-pensante à l'abri des problèmes» et sourde à la détresse de «ceux qui subissent cette insécurité».

Voulant «mettre des mots sur ce que vivent nos concitoyens», il déclarera tout de go que «le discours officiel n'est pas celui du terrain» pas plus que celui «de la vérité».

Pour ce dernier, nous vivons dans «une France où la violence et l'insécurité ne font qu'augmenter».

Estimant que nous sommes pas loin d'une nouvelle «guerre de religion», le président de la Fédération met en garde contre «un islamisme galopant».

Et dans la salle, de nombreuses têtes qui acquiescent.

Il n'en oublie pas pour autant cette «fraction grandissante de la population en colère prête à voter aux extrêmes».

«Quelles seront les conséquences pour notre pays ?», s'interroge-t-il.

Selon lui, «il y avait un discours de raison qui disait les choses. Aujourd'hui, les mots de la politique ne valent pas plus d'un kopeck. La politique, c'est aussi dire la vérité, même si elle est dure à dire».

Mais il a tenu à rappeller que «tous les maux que nous subissons, ne sont pas nés de la dernière pluie». Ils sont le fruit «des erreurs politiques passées».

Le coupable est tout désigné : «la gauche qui a abandonné le monde ouvrier au profit des immigrés et des musulmans», livrant le pays «aux démagogues et aux extrémistes».

«La démagogie ne conduit pas son peuple au bonheur», assure l'édile.

Balayant du revers de main «la vague de repentance», il est très clair à ce sujet : «Je ne suis pas comptable de ce qu'a pu faire mon arrière-grand-père».

Il fera référence à d'autres de ses bêtes noires : la cancel culture et le wokisme, des tendances qui veulent, selon lui, la peau du «mâle blanc occidental» et des racines chrétiennes du pays.

«Avons-nous à rougir d'être les descendants spirituels du Général de Gaulle ? D'être le pays des droits de l'Homme ? (...) nous sommes les héritiers de cette France-là !»

Gilles Platret est ensuite revenu sur la Guerre russo-ukrainienne, un conflit militaire qui a d'importantes répercussions sur les marchés mondiaux de l'énergie et des denrées alimentaires.

Selon lui, au train où vont les choses, «nous courons à une guerre généralisée».

«Peut-on jouer avec des dons d'armes qui sont une participation directe à la guerre ?»

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le président de la Fédération des Républicains de Saône-et-Loire ne peut être accusé d'une quelconque forme d'atlantisme.

Jugez plutôt...

«Notre destin n'est pas d'être des suiveurs». 

Il fera notamment allusion à l'ancien président Jacques Chirac qui, en 2003, adressera un non cinglant au président américain George W. Bush à une intervention de la France en Irak à ses côtés pour abattre le régime de Saddam Hussein, aiguillonné par son tempétueux ministre des Affaires étrangères d'alors, Dominique de Villepin.

Une position courageuse qui avait valu à la France une popularité considérable à l'étranger, notamment dans la rue arabe.

Le maire a rappellé que «la construction européenne s'est faite dans la préservation de la paix» et que la France est entraînée dans le «jeu du lobby militaro-industriel américain».

Il demande entre autres de consulter les Français au sujet de ces fournitures d'armes ou d'une éventuelle intervention aux côtés des Ukrainiens.

«Nous ne sommes pas obligés de marcher dans les sabots des Américains !»

Un point de vue qui tranche avec les positions de la plupart des cadres du parti gaulliste. 

L'édile est ensuite revenu sur le système des retraites que le gouvernement veut réformer, «un système basé sur une solidarité».

«Avant la guerre, la vieillesse conduisait à la pauvreté», rappelle-t-il.

Une réforme, jugée par ce dernier, comme «purement comptable».

Mais là aussi, il est en opposition avec les lignes du parti.

«Je suis estomaqué que la droite a oublié qui elle était», lance-t-il à une assistance séduite.

«Je suis estomaqué que la droite a oublié qui elle était (...) Nous avons oublié ce qu'était une véritable politique familiale», lance-t-il sans note à une assistance séduite.

Il parlera également d'une «déshumanisation des servces publics».

«Travailler pour l'avenir, c'est ce qu'on attend des politiques !».

«Travailler pour l'avenir, c'est ce qu'on attend des politiques ! (...) De nos jours, nous nous contentons de répondre à des oukazes européens pour se mettre au diapason de pays qui connaissent la décroissance», déplore ce dernier.

Étrillant au passage ces «parlemntaires accrochés à leurs sièges» et cadres du parti qui ont été prêts à toutes les compromissions pour conserver leurs prérogatives et espérant à un retour des fondamentaux qui font l'essence du mouvement gaulliste, Gilles Platret estime qu'il n'y a une seule alternative possible pour la droite : être dans l'opposition pour mieux réconquérir le pouvoir.

«Comment voulez-vous rester le cul entre deux chaises ? Je crois très sincèrement que se mentir à soi pour protéger des intérêts personnels, c'est trahir les Français», dira-t-il avant d'expliquer pourquoi il a refusé de rejoindre les équipes d'Éric Ciotti, le président du parti.

Toujours sans langue de bois, il estime qu'il ne faut pas voter cette réforme, au risque d'offrir un blanc-seing au président de la République, Emmanuel Macron.

Il terminera son propos par des questions.

«Avons-nous encore une audience ? À qui notre famille politique parle-t-elle encore ?»

Après la Marseillaise, la soirée s'est terminée autour d'une galette des Rois et le verre de l'amitié.

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati