Culture

Elan collégial et partial pour un Booder très en verve à Chalon

Elan collégial et partial pour un Booder très en verve à Chalon

Et encore une salle Marcel-Sembat remplie à ras bord, ce à base de laudateurs pas partis pour faire dans la demi-mesure. Booder y a décliné longuement son identité en mettant la main sur ses attributs, aux allures de déclaration d’humour. La tchatche n’a pas opéré vainement avec ce propagandiste à la langue bien pendue.

A bas les faux-fuyants

Dans son premier spectacle braqué sur la « beaugossité », l’homme au chapeau circonscrivait un certain modèle de société auquel les honneurs étaient rendus. Dans le second, « Booder is back », c’est le couronnement de son existence qui a obtenu ses faveurs ce dimanche 30 avril en matinée. Ville étape, Chalon-sur-Saône aura su retenir les fuyards tentés par l’escapade du pont du 1er mai, conscients que l’intérêt porté à l’humoriste notoire valait bien une frustration, au demeurant vite enterrée. C’est que Booder met du cœur à l’ouvrage dans tout ce qu’il entreprend, depuis sa chambre, tout autant point de départ que substrat pour ses faits et gestes. Un endroit privilégié à partir duquel quantité de rêves ont éclos. L’artiste passe aussi du coq à l’âne, prouve qu’il n’est pas du genre à se servir de la brosse à reluire pour sa petite personne. Il n’économise en somme nullement son capital autodérision, et sa plastique s’avère durement ébranlée par les coups de boutoir donnés à son encontre. Partant de là, aucun filtre ne prend l’ascendant sur les propriétés de sa condition humaine. Chacune de ses assertions n’a d’autre but que de déclencher le rire, quel que soit le support employé.

Osmose franche avec un public sensible aux dires, et improvisations à l’avenant

Si Booder a nécessairement eu une vie propre, en aucune façon banale, il a dû depuis quelques années céder une part de ses prérogatives à son descendant. Le parallèle établi ne tourne d’ailleurs pas automatiquement à son avantage… »Celui qui me permet de garder les pieds sur terre, c’est mon fils », a-t-il humblement reconnu. Avant de révéler la teneur d’interactions jubilatoires…à l’extérieur du cercle familial ! Soucieux d’un réalisme accru, Booder n’a pas rechigné à la besogne, en allant quand bon lui semblait dans la fosse interroger quelques-uns de ses louangeurs. Sur leur aspiration majeure d’antan…comparativement à leur actuelle situation professionnelle, avec parfois des écarts prodigieux. Pas grand-chose n’a échappé à son regard acéré. Pas même ce spectateur venu lui confier son besoin de s’absenter momentanément pour cause d’envie naturelle pressante…Le pauvre a dû endurer à son retour les lazzis du public gonflé à bloc par le conditionnement à peine imposé par le mentor sur les planches ! Sûr de sa rhétorique, l’arpenteur de scène a également administré une leçon de tolérance par la voie de la religion. En convoquant sans autre forme de procès l’islam, dénonçant au passage ceux qui suscitent ou entretiennent la peur, mais prêchant pour sa paroisse : le vivre-ensemble, ainsi que le rire-ensemble. Tout un programme, et le geste d’acquiescement du ban bourguignon en bout de course par des spectateurs entièrement aux côtés du diseur de bons mots. Ce signe ostensible en disait long sur les ondes de plaisir procurées tant et plus chez les tenants de la « Booder attitude».

                                                                                                                                Michel Poiriault

                                                                                                                                [email protected]