Opinion de gauche

«Réforme du lycée pro : les élèves ne sont pas des sous-salariés», estime EELV

«Réforme du lycée pro : les élèves ne sont pas des sous-salariés», estime EELV

Communiqué

Réforme du lycée pro : les élèves ne sont pas des sous-salariés


Emmanuel Macron a annoncé les grandes pistes de sa réforme des lycées professionnels. Si cette réforme est nécessaire, la méthode et la volonté de confier l’enseignement professionnel principalement aux entreprises représentent une régression majeure de la mission émancipatrice de l’Education nationale.
    •    Nous voulons une loi dédiée : la réforme nécessaire de la filière d’enseignement professionnel mérite un vrai débat parlementaire
    •    L’éducation nationale, et ses programmes n’ont pas à être soumises aux besoins de main d’oeuvre à court terme
    •    Le lycée professionnel ne doit pas revoir à la baisse ses missions d’enseignement
    •    Les élèves en entreprise méritent une juste rémunération
    •    Le travail sur la réforme des filières professionnalisantes doit s’organiser autour des enjeux de l’avenir et non aux lois immédiates du marché
    •    La revalorisation des enseignant.es doit se faire sans contrepartie
    •    L’émancipation doit rester la boussole de l’Education nationale, y compris pour la voie professionnelle
Le lycée professionnel a longtemps été l’école de la seconde chance, avant que les gouvernements de droite n’en fassent la variable d’ajustement de l’enseignement secondaire. Ils n’ont eu de cesse de dénaturer et amputer les programmes d’enseignement général.
Nous voulons une loi dédiée : la réforme nécessaire de la filière d’enseignement professionnel mérite un vrai débat parlementaire.
Le lycée professionnel, s’il faut le réformer, relève bien de l’éducation et non d’un projet de loi « travail » et ses élèves méritent mieux que la voie réglementaire, qui priverait les parlementaires/la représentation nationale de vote (une fois encore !). Or c’est bien dans ce cadre que risquent de se dérouler les débats, qui concernent l’avenir d’un tiers des lycéen.ne.s de notre pays.
L’éducation nationale, et ses programmes n’ont pas à être soumises aux besoins de main d’oeuvre à court terme
Le lycée professionnel n’est pas l’apprentissage. C’est un lycée certes professionnalisant, avec du temps en entreprise, mais pas aux dépens de la formation scolaire. Les stages ne peuvent être l’alpha et l’omega quand l’illettrisme touche 28% des élèves de CAP et 16% de ceux en bac pro.
Les élèves en entreprise méritent une juste rémunération
Sachant que la moitié des stages sont des tâches qui ne sont pas au niveau de la formation suivie, le fait de rémunérer les élèves ne sera pas un gage de stages de qualité ou de qualification transférable. Les écologistes souhaitent qu’un revenu minimum citoyen soit versé aux élèves de lycée professionnel.
Le travail sur la réforme des filières professionnalisantes doit s’organiser autour des enjeux de l’avenir et non aux lois immédiates du marché
Un travail sur l’évolution des formations vers de nouvelles filières telles que la transition écologique et le numérique était attendu depuis de nombreuses années. Cette transformation demandera des investissements importants qui ne pourront être supportés uniquement par les Régions, or aucune annonce budgétaire n’accompagne ces évolutions. La réforme telle qu’elle est proposée va être le moteur d’une accélération des inégalités territoriales, avec des lycées totalement dépendants du tissu économique du territoire où ils se situent.
La revalorisation des enseignants doit se faire sans contrepartie
Enfin concernant la rémunération des professeurs, nous rappelons encore une fois au Président de la République que “travailler plus, pour gagner plus” ne revient pas in fine à une augmentation de salaire… Les écologistes demandent une revalorisation des salaires des professeurs sans contrepartie.
L’émancipation doit rester la boussole de l’éducation nationale, y compris pour la voie professionnelle
En France, 70% des élèves de lycée professionnel sont enfants d’ouvriers, d’employés ou d’inactifs. Quand on tourne la formation entièrement vers l’entreprise, on risque de bloquer l’accès au supérieur à des jeunes déjà discriminés. Quand on s’attaque à la formation professionnelle, on s’attaque aux classes populaires. Quand on laisse les entreprises prendre la main, on forme une main d’œuvre dont l’employabilité compte plus que l’émancipation.
Pas de doute, la voie professionnelle doit être transformée. Creuset des inégalités, elle est trop souvent pensée comme voie de relégation de systèmes scolaires et sociaux élitistes.
Alors continuons toutes et tous fièrement la lutte pour un lycée professionnel égalitaire, émancipateur et vraiment formateur !