Saône et Loire

Attendu comme le Messie aux Nuits Bressanes, Florent Pagny était en état de grâce

Attendu comme le Messie aux Nuits Bressanes, Florent Pagny était en état de grâce

Le natif de Chalon-sur-Saône, qui a usé ses fonds de culotte très jeune à Châtenoy-le-Royal et ensuite à Saint-Rémy, a toujours le vent en poupe. Amoindrie ces derniers temps par un cancer du poumon, la star a fait la démonstration éclatante ce vendredi 7 juillet aux Nuits Bressanes de Louhans qu’elle avait remonté la pente. Comme si de rien n’était, extérieurement parlant.

Le lever d’affiches blanches à son nom, quel geste impressionnant dans la nuit noire !

La Bresse était une terre d’accueil pour celui qui devait être de la partie en 2022, mais qui avait dû, à son corps défendant, jeter l’éponge, car pas au top niveau. Huit ans après sa dernière prestation ici, l’artiste majuscule a concentré sur sa personne l’indéfectible amour que son public lui voue depuis presque la nuit des temps. « On va se retrouver entre nous ce soir », a-t-il parlé à la cantonade. Autrement dit, entre gens de même obédience. Sûr de son fait, Florent a d’emblée pris l’initiative du ban bourguignon à destination des plus de sept mille courtisans avérés ou potentiels. Nullement ingrat, ceux-ci lui ont brandi une affiche sur laquelle il était inscrit : »Ici c’est Pagny ». Un échange de bons procédés, et l’on se serait cru avec ce pseudo-bulletin de vote fracassant tout sur son passage dans une république bananière ! « Depuis trente-cinq ans je vous envoie des messages de toutes sortes », reconnaissant par ailleurs que »c’est vrai que l’école et moi c’était pas la folie.» Donc Florent Pagny, au timbre de voix si caractéristique vécu comme un cadeau de la nature, n’aura eu de cesse de mettre à dure épreuve son organe vocal sans l’ombre d’une défaillance. C’était pain bénit pour les épicuriens, voire les hédonistes.

En terrain conquis, tout a coulé de source

Le héros du soir a remonté le temps, puis est reparti de l’avant en resituant les chansons dans leur contexte. Il s’est alors ensuivi par ordre chronologique une flopée de titres émergeant comme autant de tubes, ou en position de l’être. On y va ? «N’importe quoi », « Bienvenue chez nous », « Caruso », « Savoir aimer », « Chanter », « Et un jour une femme », « Ma liberté de penser », « Les murs porteurs », «Rafale de vent »…Zazie est même remontée sur scène pour solidifier à ses côtés « Si tu veux m’essayer ». L’homme à la voix aux six octaves a également sorti du tiroir le célébrissime « Comme d’habitude », rendu un vibrant hommage au grand Brel avec l’interprétation de « Vesoul », et enfin souligné le manque occasionné par la disparition de son pote Johnny. La reprise de «Je te promets » a été sa contribution. Et juste avant minuit, « L’avenir », une chanson emplie d’espérance afin de bâtir le futur, devait mettre un terme, à regret,  à un énième moment d’anthologie dans ces lieux.

                                                                                                  Michel Poiriault

                                                                                                  [email protected]