Saône et Loire

Au CHS de Sevrey, la psychiatrie française s'est penchée sur la problématique de l'attractivité de la profession

Au CHS de Sevrey, la psychiatrie française s'est penchée sur la problématique de l'attractivité de la profession
Au CHS de Sevrey, la psychiatrie française s'est penchée sur la problématique de l'attractivité de la profession
Au CHS de Sevrey, la psychiatrie française s'est penchée sur la problématique de l'attractivité de la profession
Au CHS de Sevrey, la psychiatrie française s'est penchée sur la problématique de l'attractivité de la profession

Ils sont venus de Béziers, Nantes, Lyon, Paris... et tous avaient à coeur de se pencher sur les raisons du désamour envers la psychiatrie. Des échanges factuels et de bon sens particulièrement intéressants sur la manière dont la psychiatrie est traitée en France.

Agnes Raffiot (CHS de Sevrey),  Stéphane MORICONI (CHS Sevrey), Pascal MARIOTTI (ADESM), Dr SCHMITT (Commission Nationale de la Psychiatrie), Dr Radoine Haoui (Groupe Opérationnel Psychiatrie), Dr Laurent MORASZ (Fédération de l’Hospitalisation Privée),  Stéphane ALIX (IFSI Chalon) sur l'estrade... et des professionnels venus de toute la France dans l'auditorium, pour cette journée de travail dédiée à la question de l'attractivité des métiers de la psychiatrie en France.

"On traite la psychiatrie que par les faits divers"

A tour de rôle, les interlocuteurs du jour ont dressé un portrait de l'état de la psychiatrie, afin de mettre des mots sur les raisons du désamour de cette spécialité auprès des plus jeunes. Si les recrutements au sein des hôpitaux publics généralistes sont clairement évoqués ici ou là dans la presse, la psychiatrie est le parent pauvre de la médecine en France. Pourtant, "c'est la plus grosse dépense de la santé publique en France" mais la psychiatrie est incarné "par un psychiatre qui fume et qui boit du café". Des stéréotypes qui ont la vie dure et qui mettent à mal l'attrait auprès des plus jeunes. 

Lorsque la question est posée sur la formation assurée en institut de soins infirmiers, c'est Stéphane Moriconi, intervenant à l'IFSI, qui monte au créneau, et qui évoque les quelques dizaines d'heures assurées sur une année de formation. Des propos chocs qui sont venus déstabiliser la salle. La question d'une année de spécialisation pour les futurs infirmiers psy est également revenue sur le devant de la scène, afin de rappeler l'importance de la formation nécessaire pour oeuvrer en psychiatrie. 

Autre sujet central de l'état de la psychiatrie, c'est bien sûr sa médiatisation. Les professionnels de santé ont pointé le  traitement de la psychiatrie auprès du grand public, uniquement sous l'angle faits divers, dans la presse. Un traitement qui là aussi pour être sujet à interprétation et créer le désamour. 

"La Qualité de Vie au Travail, c'est un vrai défi pour notre attractivité"

A partir d'études menées sur les raisons pour lesquelles, les professionnels de santé quittent la psychiatrie, la question de la rémunération n'est jamais venue sur le devant de la scène. "C'est le sens que l'on donne à ce qu'on fait" qui est primordial dans l'analyse des professionnels. "Il faut une organisation, une lisibilité des parcours. La qualité  de la vie au travail, le respect entre vie privé et professionnelle est fondamental".  Les professionnels de la psychiatrie ont rappelé l'importance du management des équipes dans les raisons qui font le succès ou pas de leur profession. Trop de départs sont liés à ce management des ressources "même si la crise du COVID est venue montrer que la psychiatrie avait été au rendez-vous. On a su s'adapter en proposant des solutions de téléconsultations ou de travail à domicile". 

"L'envie de réfléchir ensemble pour trouver des solutions"

"Le Collectif doit nous enrichir et constituer un projet d'établissement fédérateur. La psychiatrie a toujours été innovante. En sachant qu'un Français sur 4  est affecté par une maladie mentale dans sa vie", c'est dire l'ampleur du défi pour les professionnels de la psychiatrie française.

"Sur la question de l'attractivité, il faut être plus offensif et ne pas boire la tasse. La question de fond est de donner du sens au travail. C'est le fil rouge de cette journée de travail, et rendre l'hôpital magnétique, travailler avec celui qui arrive et celui qui est déjà là. Il faut être au clair avec notre savoir-faire. Nous n'avons pas à rougir". 

Management, accompagnement des futurs professionnels, tutorat ont été autant de thèmes abordés qui doivent structurer la réflexion globale autour de la psychiatrie française. Une belle journée d'échanges qui aura permis de confronter la psychiatrie à ses propres turpitudes. 

Laurent Guillaumé