Agglomération chalonnaise

Salle comble et comblée à Chalon-sur-Saône pour le concert de Hugues Aufray

Salle comble et comblée à Chalon-sur-Saône pour le concert de Hugues Aufray

Vendredi soir, Hugues Aufray donnait un concert très attendu à la salle Marcel Sembat. Une soirée particulière et intime comme des adieux murmurés.

« Chanter devant une salle pleine est un cadeau du ciel pour un artiste, surtout à mon âge. Je vous remercie tous d’être là. »

Son âge, cet artiste de 94 ans ne le cache ni ne le renie. Et c’est simplement inouï de le voir entouré de ses excellents musiciens, enchaînant chansons et confidences sur son parcours et ses rencontres depuis 1959. Et quelques autres confidences plus personnelles…

Dans une actualité secouée par les drames successifs – l’artiste ne l'ignore jamais, lui qui a toujours été engagé dans les causes humanistes – il est là pour donner à son public une énergie qui résiste à tout désenchantement.

Un répertoire émaillé de rencontres

Sur la longue route de cet artiste, nombreuses ont été les rencontres. Et ce soir, l’artiste fait revivre celles qui ont ponctué et teinté son répertoire. Son ami Bob Dylan qu’il a été le premier à traduire et faire connaître en Europe, ces révélations d’artistes qu’il pressentait à l’orée de leur carrière comme cette jeune Italienne de 16 ans, Cigliola Cinquetti qui remporte l’Eurovision en 1964. Et tant d'autres.

Le public devient dépositaire d’une construction de plus de 60 ans de carrière. Il est au plus près du chanteur Hugues Aufray.

Entre pudeur et sincérité

Non, c’est n’est pas un concert comme les autres. Celui-là revient au cœur de ce qui l’a construit. L’émotion et la joie alternent dans le public devant cet artiste qui se raconte en confiance.

Entre pudeur et sincérité, Hugues Aufray évoque les débuts de sa sœur, Pascale Audrey (son nom de scène), qui s’est imposée au cinéma dans L’eau vive, adapté du roman de Giono.

Sa scolarité de dyslexique… « Je suis devenu chanteur par hasard, confie l’artiste. Je me promenais avec ma guitare, un instrument peu répandu alors » : on est dans les années 50.

« Je vais vous raconter une histoire… » Il dépeint un passé que beaucoup de gens ont oublié comme ces familles de bergers lors des transhumances.

Certaines de ses chansons rendent vie aux “gens de peu” qu’il n’a, lui, jamais oubliés.

Elle fut particulière, l’émotion, quand Hugues Aufray entame « Adieu monsieur le professeur » ce vendredi 13 octobre, faisant un triste écho à l’assassinat d’un professeur de français le jour même.

Le vent tourne subitement quand résonnent les premiers accords de « Santiano ». Les voiles se regonflent, les gens se lèvent, on s’approche de la scène, on brandit son portable pour immortaliser Hugues Aufray et ses musiciens qui tiennent la barre. Oui, on a besoin aussi de ce moment de liesse.

L’artiste a tenu parole, il a bien donné à son public, donné du souvenir et de l’espoir, de l’émotion et de l’énergie. « Tatatin ! » conclut sa dernière chanson, clin d’œil à son ami Renaud.

Et comme ultime présent à ces témoins de son histoire, Hugues Aufray invite sa femme sur scène. Ensemble, avec Murielle et ses musiciens, ils saluent leur public conquis.

Nathalie DUNAND
[email protected]

Retrouvez l’interview donné par Hugues Aufray à Infochalon : ici