Culture

Le «Napoléon» de Ridley Scott était en avant-première au Mégarama Chalon

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 22 Novembre 2023 à 10h00

Le «Napoléon» de Ridley Scott  était en avant-première au Mégarama Chalon

À l'occasion de cette avant-première ce mardi 21 novembre à 19 heures, le Musée Denon présentait une exposition «Napoléon et Chalon» dans le cinéma et précédé d'une conférence de Gilles Platret. Plus de détails avec Info Chalon.

Prévu pour sortir ce mercredi 22 novembre dans toutes les salles obscures de l'Hexagone, le «Napoléon», de Ridley Scott (à qui l'on doit des chefs-d'œuvre comme «Alien», «Blade Runner», «Kingdom of Heaven» ou «Gladiator»), était en avant-première ce mardi au Mégarama Chalon. 

Les premières images du film - coproduit par Apple - montrent un Napoléon taiseux et grave, campé par un Joaquin Phoenix charismatique, au milieu d'impressionnantes scènes de bataille.

Réalisé à partir d'un scénario de David Scarpa (auteur pour Ridley Scott des scripts de «Tout l'argent du monde» et «Gladiator 2»), cette œuvre suit la même stratégie que le mirifique «Kingdom of Heaven» qui fusionnait le parcours intime et mélancolique du croisé veuf Balian d'Ibelin avec de monumentaux affrontements, entre les armées de Baudouin IV de Jérusalem, dit Le Lépreux, et de Saladin, le grand héros (kurde) des Arabes, en Terre sainte.

Ce «Napoléon» est donc à voir comme la romance torturée entre le futur empereur et Joséphine de Beauharnais (Vanessa Kirby) – un méga show dont seul Ridley a le secret et qui sait jouer des grandes orgues épiques.

Nul doute que le film en horripilera plus d'un, à l'instar des premières secondes du film : la patiente montée sur l'échafaud de la dernière reine de France, Marie-Antoinette, au son du célèbre chant révolutionnaire «Ah ! ça ira, ça ira, ça ira»… version Édith Piaf

Allez ! Passons les inexactitudes factuelles (délibérées), au risque de passer pour un rigoriste, et voyons-le plutôt comme un spectacle hors norme, traversé d'authentiques visions de pur cinéma, avec des reconstitutions historiques saisissantes de grandes batailles menées par l'Aigle comme la prise du Fort de Toulon, la Bataille des Pyramides, d'Austerlitz, de la Moskova et...Waterlo.

Du jamais-vu pour certaines d'entre elles.

Surtout que Ridley Scott ne recherche pas l'exactitude parfaite dans ce film, mais plutôt la perfection de l'immersion.

On regrettera toutefois que l'œuvre politique, culturelle, civile de la période soit totalement absente, comme si Napoléon n'avait été qu'un meneur de soudards affamé de conquêtes.

Et preuve que, 202 ans après sa mort sur l'île Saint-Hélène, la figure de l'Empereur fascine encore les Chalonnais et les Grand-Chalonnais, ce fut un raz-de-marée au niveau des guichets.

À l'occasion, les spectateurs étaient accueillis par Greg et Laetitia de Dolce Prestazione, grimés en Napoléon et Joséphine de Beauharnais, et une exposition «Napoléon et Chalon» était présentée dans les allées du cinéma par le Musée Denon.

La projection du film du cinéaste britannique qui signe ici son 28ème long-métrage, fort de ses 2 heures 40, était aussi l'occasion pour Gilles Platret, le maire de Chalon-sur-Saône, également historien, de tenir une conférence d'une vingtaine de minutes.

Ce dernier a tenu à rappeler que Chalon-sur-Saône a un lien particulier avec l'Empereur

Le 14 mars 1815, ce dernier autorisera, durant la période des 100 jours et sa remontée de Toulon à Paris, la ville à mettre l'aigle de la Légion d'Honneur dans ses armes, en souvenir de sa défense héroïque contre les Autrichiens, en 1814. Il s'agit de la première ville à obtenir une telle distinction.

Une ville où il séjourna également le 6 et 7 avril 1805 à l'Hôtel Chiquet, situé au 5 rue des Tonneliers.  

Dans l'assistance, nombreuse pour une avant-première en semaine, notons la présence de Bénédicte Mosnier, l'adjointe au maire en charge de la culture, Serge Rosinoff, le conseiller municipal chargé de mission Mémoire et monde patriotique, Chantal Thévenot, la président de La Bobine, Yves Fournier, le président de l'Université pour Tous de Bourgogne (UTB), et Joseph Sassonia, le président de l'Université Populaire du Chalonnais (UPC), pour ne citer qu'eux.

Même si ce film offre une vision parfois dégradante de l'Empereur, trempée dans l'inconscient collectif britannique revanchard — après tout, l'Empereur le disait lui-même : «La vérité historique est souvent une fable convenue», le «Napoléon» de Ridley Scott sera à n'en pas douter l'un des films évènement de l'automne.

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati