Faits divers
A Louhans, les gendarmes trouvent 67 plants de cannabis dans le cabanon de la grand-mère
Par FSA
Publié le 28 Novembre 2023 à 18h48
« Souvent, l'odeur de cannabis dérange car elle est trop intense. Elle attire donc beaucoup l'attention »… Eeeeeeeh oui. Comme nous ne vivons toujours pas au pays de Je fais c’que j’veux, un couple se tenait à la barre de la salle 3 du palais de justice, ce lundi 28 novembre.
L’histoire démarre le 7 novembre 2021 quand les gendarmes interviennent au domicile d’une famille à Dommartin-lès-Cuiseaux parce que leurs voisins se sont plaints que les parents fument du cannabis au point qu’eux-mêmes doivent faire rentrer leurs propres enfants pour les protéger de la fumée. Et puis en plus une forte odeur les dérange, y compris chez eux. Les gendarmes constatent une odeur qui pourrait être celle du shit, mais le couple est absent ce jour-là. Puis les voisins signalent des allées et venues en fin de journée et en fin de semaine.
Des écoutes folkloriques
Bon. Les gendarmes surveillent. Ils repèrent un véhicule qu’ils avaient déjà vu sur le parking d’un supermarché lors d’une transaction de toxiques. Ho ho, ça sent le shit, en effet. Vu le tableau, ils mettent le couple incriminé sur écoute (on dit « sous interception », maintenant) et relèvent des échanges folkloriques. Il y est question de « sacs de croquettes », « vente de pots de tabac », « passer au chalet », « achat de salades pour 120 euros », « s’occuper des plantes qui doivent rester sous des LED ». Ah on pourrait croire que tout est codé ! Que nenni. L’instruction, menée – as usual - aussi posément qu’efficacement par la présidente Clara Verger, dira qu’il y avait bien des sacs de croquettes, des pots de tabac, des salades en veux-tu en voilà, des plantes à la pelle, « on avait planté des agrumes, du cornichon, etc. ». L’intrus, c’est…
Après l’interpellation, les perquisitions, et c’est Noël en mai
L’intrus c’est le chalet. Les enquêteurs le sauront vite puisque le 25 mai 2022 le couple est arrêté et les perquisitions sont faites dans la foulée. Dans la voiture : quelques grammes de cannabis, deux sachets de graines non de cornichons mais de future beuh, un grinder… Au domicile : 43 grammes de cannabis dans un pot, 92 grammes dans un autre pot, des sachets de conditionnement… Bon. Reste « le chalet », en réalité un cabanon dans le jardin de la grand-mère du prévenu, à Louhans. C’est Noël au mois de mai : des sacs de terreau, des bidons d’engrais, « 42 prises électriques », deux radiateurs, un humidificateur, des ventilateurs, un seau d’enveloppes de graines, plus de trois kilos de feuilles de cannabis, et 67 plants de cannabis.
Des acheteurs sont entendus
Les enquêteurs procèdent alors à des auditions : des acheteurs. Or le prévenu conteste avoir fait le moindre profit avec la drogue. La présidente lui sort A. qui achetait pour 20 à 30 euros de cannabis, B. qui y passait environ 100 euros par mois, une femme qui se fournissait une fois par mois, « L » en avait pris pour 500 euros en tout, et puis « Kéké » : « Je savais qu’il vendait, ça fait bien 10 ans qu’il fait pousser. »
N'importe quoi ! Ils profitaient gratos et se sont débinés en voyant les bleus
Han le prévenu proteste ! C’est quoi ces âneries ? C’était « quelques collègues », bien contents de profiter gratos, quant au Kéké, il délire complet. Tu parles, tout le monde bouffait au râtelier et puis dès que les gendarmes se sont pointés, ah y avait plus personne ! Tsss, ces malhonnêtes. « On va être clair, lui répond Clara Verger. On a des affaires de personnes qui font pousser 3 à 4 plants. A 67, se pose la question de la commercialisation. » La commercialisation signe le trafic, le trafic c’est 10 ans de prison encourus, le prévenu ne le sait que trop bien.
« On fait pas mal de potager »
Ce couple de parents (deux enfants) tortille donc à la barre. Ils travaillaient tous les deux. Ce sont des gens dits « insérés ». Mais « c’était vraiment une sale période » plaide le prévenu. Sauf qu’à son casier : 4 condamnations toutes en rapport avec les stups, de l’usage au trafic. On songe que Kéké ne dit peut-être pas faux, mais c’est pas dans la prévention.
La femme reconnaît l’usage mais conteste la détention : « J’étais pas au courant. » L’odeur qui gênait les voisins ? Ah ben ceux-là, ils faisaient des histoires avec tout le monde. La présidente n’est guère convaincue : « Comment on passe de ‘fumer occasionnellement’ à 67 pots avec des plantes sous LED ? » Olala les deux parlent en même temps : « Y avait les agrumes, et puis on fait pas mal de potager, et puis… tadada tadada. »
120 euros de salade, ça va comme vous voulez ? … « Si, si c’est vrai. »
Grosse activité de culture et aussi grosse activité commerciale sur le versant de la dépanne, en beaucoup de choses. Les croquettes pour chien ? « On avait fondé une AMAP, on achetait en gros à une confédération de chasseurs. » Les chutes de poisson ? « Mon entreprise me les vendait et je revendais (Note : ne cherchez pas, ce couple a changé de région depuis, ndla). » Soit, mais 120 euros de salade, ça va comme vous voulez ? … « Si, si c’est vrai. On prenait de grosses quantités d’invendus et on faisait des paniers à des prix intéressants avec des légumes de qualité. »
Ils jurent que…
A la barre, ce lundi 27 novembre 2023, l’homme jure qu’il se fait soigner et qu’il ne consomme définitivement plus de drogue, la femme jure que si elle avait su tout ça, elle n’aurait pas été d’accord. Leur avocat plaide que ça fait 18 mois, que l’eau a coulé sous le pont, et qu’il ne faudrait pas tout exagérer.
Prison ferme puis deux ans sous main de justice
Le tribunal estime que sans exagérer tout trafic mérite de la prison ferme et condamne en conséquence l’homme à la peine de 16 mois de prison dont 8 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Il sera donc sous écrou pendant 8 mois, il portera un bracelet électronique, puis il vivra pendant 2 ans sous main de justice.
Quant à la femme, elle est relaxée pour la détention et condamnée pour l’usage de stupéfiants à 8 mois de prison avec sursis simple.
FSA
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