Chalon sur Saône

Dans « Drôle de genre », la transsexualité, embrumée, a viré à l’arc-en-ciel…

Dans « Drôle de genre », la transsexualité, embrumée, a viré à l’arc-en-ciel…

Quand un époux apprend en face-à-face que sa conjointe, aimée durant plusieurs décennies, n’est plus du tout celle qui a été, alors le ciel lui tombe soudainement sur la tête ! La crise identitaire qu’il prend de plein fouet le met au commencement dans l’embarras, puis le fait chuter dans un dédale inextricable aimanté par une appartenance en trompe-l’oeil et son mélange des genres…

Un antagonisme pur et dur

Ce dimanche 17 décembre en matinée à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, les Théâtrales, par le biais du vaudeville « Drôle de genre » mis au monde par Jade-Rose Parker, ont encore et toujours été jouées à guichets fermés. Ca en devient même routinier, mais considérant qu’abondance de biens ne nuit pas… Si la thématique avait de quoi dérouter  de par un sujet épineux, l’hermaphrodite dans la durée a copieusement fait rire le grand espace, tout en donnant du grain à moudre à la conscience collective. Venu pour se gaver du jeu de la volcanique Victoria Abril plus de deux heures durant–une apparition inédite dans la cité de Niépce- le public en a eu pour son argent, mû par sa force réactive. Pour tenir tête à sa dulcinée : Lionnel Astier, un homme quelque peu bourru qui campe sur d’intouchables certitudes. Une tragicomédie rédigée avec subtilité pour une invite sans réserve à la largeur d’esprit, l’altérité, et, au-delà, aux fondements de la personnalité de tout un chacun. Oser être soi au su et au vu de tout le monde, pas si limpide au demeurant !

Ils se sont rendu coup pour coup

Homme politique en pleine campagne électorale, François (Lionnel Astier) eût pu se concentrer uniquement sur sa tâche du moment. C’était sans compter sur le courrier reçu par sa femme (euh…), qu’il a pris comme un camouflet, une gifle violente aux relents de cataclysme et d’apocalypse ! Plutôt inattendu ce verdict d’une dame affectée officiellement par un cancer de la prostate ! Auparavant, Carla (Victoria Abril) était…Carlos ! « Je suis une femme, mais dans un corps d’homme. J’ai gardé certains marqueurs de mon passé », a-t-elle balancé sans ménagement à son cher et tendre, consécutivement à une opération au Brésil. La réaction ne s’est pas fait attendre : «Ma femme est un bonhomme ! Ca fait quand même trente ans que tu me prends pour un con ! » Et La suite fut à l’avenant...Nullement irréprochable –son passé de coureur de jupons remontant à la surface- François a ramé comme pas possible pour tenter de se faire entendre, Carla ne s’avouant jamais vaincue. Quand la fille adoptive Louise (Jade-Rose Parker) fit irruption pour être l’annonciatrice d’une très bonne nouvelle, son petit ami Julien Rachon (Axel Huet), un centriste concurrent de son papa, l’affaire de connaître un sérieux épaississement…Du confortement, et, à l’opposé, du renversement de situation à la pelle pour enfoncer le clou d’un entendement chahuté.

Reprise le 21 janvier

Les Théâtrales se poursuivront le dimanche 21 janvier prochain à Chalon, à 16h30 à l’Espace des Arts. Jugnot père et fils seront notamment à l’affiche, dans « Le jour du kiwi ». Renseignements sur les-theatrales.com, auprès de Fanny Liziard au 03 85 46 65 89 ([email protected]), ou de Layra Rodrigues au 01 53 20 00 60

 

                                                                                                                  Michel Poiriault

                                                                                                                  [email protected]