Chalon sur Saône

Vers un passage aux 12 h de nuit à l'hôpital de Chalon... les organisations syndicales dénoncent l'irresponsabilité de la direction

Vers un passage aux 12 h de nuit à l'hôpital de Chalon... les organisations syndicales dénoncent l'irresponsabilité de la direction

Avis de tempête en perspective à l'hôpital William Morey de Chalon sur Saône avec en perspective un passage de 10h25 à 12h pour les agents de nuit. Les explications d'info-chalon.com.

Le seuil maximal autorisé par la loi pourrait être atteint à l'hôpital de Chalon sur Saône. La direction va ouvrir une consultation du personnel d'ici quelques semaines sur l'idée d'ouvrir une réorganisation du temps de travail, à l'image d'un certain nombre d'autres établissements de santé métropolitain. Malgré les conclusions de toutes les études menées sur les risques psycho-sociaux sur le passage en horaires prolongés, la direction de l'établissement a ouvert le principe. 

Une situation que refusent les représentants du personnel FO et CGT. Une consultation des principaux intéressés, à savoir les centaines d' agents de nuit, a été menée à travers un référendum. Une consultation dont la valeur est purement symbolique mais qui en dit long sur le ressenti des équipes de nuit. Le résultat est sans appel avec 98 % de non recueillis dans la consultation et que les syndicats tiennent à disposition de la direction. 

"Une direction qui va noyer le poisson en consultant tout le personnel"

Malgré ce premier résultat, la direction de William Morey va consulter l'ensemble du personnel, sur la question du passage en 12H des agents de nuit. Une consultation d'ores et déjà biaisée dénonce les représentants du personnel, avec une valeur identique donnée aux agents de jour et aux agents de nuit, "sans même informer ceux de jour de l'impact qu'une telle décision aura sur leur organisation de travail". 

"Des agents de jour qui ne mesurent pas l'impact sur leur organisation de travail"

En jouant exclusivement sur le dossier "agents de nuit", "la direction laisse entendre le zéro impact sur l'organisation de jour, mettant dos à dos les services. On invite tous les gens à se renseigner, à l'image du résultat au CHU de Dijon. L'alternance a été de facto mise en place. Il est faux de laisser entendre que les agents de jour ne seront pas impactés". 

Aujourd'hui, les agents de nuit ont une visibilité sur l'année complète et demain ? 

C'est l'un des gros avantages de la nuit, une forme de compensation naturelle sur le sacrifice du travail nocturne. "Les agents savent sur une année quelle est l'organisation de travail. Demain ? tout sera remis en cause. C'est inévitable". 

"La direction fait valoir un point d'attractivité en passant à 12h"

Il semble bien qu'auprès des plus jeunes infirmiers et aide-soignant, la contraction du temps travaillé soit un élément d'attractivité au sein d'un établissement. Un sujet que les organisations syndicales ont bien intégré, tout en pointant le fait "que ceux qui réclament une telle organisation ne tiennent pas dans la durée. On ne compte plus les démissions, les arrêts et autres impacts sur le fonctionnement des services. C'est une réalité que la direction ne peut écarter au prétexte de la seule réponse à l'attractivité de l'établissement".

"L'impact sur la transmission des dossiers"

"Une journée fait 24h à ce qu'on sache. Qu'on nous explique comment va s'opérer la transmission entre les équipes de jour et de nuit ?". "On entre dans une ère d'illégalité au-delà de la 12h travaillée". Les risques psycho-sociaux explosent au-delà des 10 heures travaillées avec les risques que cela engendre sur les patients. Un changement d'horaires dont les risques sont multiples, à la fois pour les agents mais aussi pour les patients et dont les plus jeunes praticiens ne mesurent pas encore l'impact de leurs aspirations. 

D'autres solutions sont à préconiser dans l'attractivité des métiers rappellent les représentants du personnel et déplorent que "la seule idée de la direction soit celle du passage à 12h alors même qu'il y a quelques mois, la même direction avait précisé son opposition à un tel déploiement". "La mise en place de 3 équipes sur 24h est l'un des scénarios préconisé par les syndicats plutôt que de s'enfermer dans une organisation qui ne ferait que attiser le mal-être au travail. 

Trop d'établissements de santé sont dans l'illégalité 

Durée quotidienne du temps de travail, dérogation, respect du temps de repos... le passage aux 12h de nuit ouvre trop de risques d'abus et de non-respect des salariés. "On ne compte plus les cas où les agents cumulent des horaires en dehors de tout cadre légal, avec l'impact sur leur vie professionnelle mais aussi personnelle. Quelle sera la responsabilité de l'établissement si sur la route du retour vous avez un accident de la route ?".  Même si la direction peut mettre en avant la réduction des coûts de déplacement pour les agents, le nombre de repos plus élevés... le diable pourrait bien se cacher dans les détails de l'organisation. 

Quoiqu'il en soit, CGT et FO en tête, vont attendre le prochain CSE de l'établissement fixé fin mars, mais préviennent déjà que les choses ne se passeront pas simplement. 

Laurent Guillaumé