Saône et Loire

EUROPEENNES - " Il y a 37 façons de ne pas voter Macron et 35 façons de ne pas voter l'extrême-droite" assure Guillaume Lacroix, tête de liste Europe Territoires Ecologie

EUROPEENNES - " Il y a 37 façons de ne pas voter Macron et 35 façons de ne pas voter l'extrême-droite" assure Guillaume Lacroix, tête de liste Europe Territoires Ecologie

Crédité de guère plus de 1 % des intentions de vote, le Président du PRG n'en oublie pas ses valeurs et le sens de son engagement sur les questions européennes. Absent du scrutin européen depuis bien longtemps, c'est Guillaume Lacroix en personne qui a décidé de porter le combat.

Conseiller du Premier ministre Manuel Valls en 2015 puis de Bernard Cazeneuve jusqu’en janvier 2017. Désormais conseiller référendaire à la  Cour des comptes, il siège en qualité de conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes en 2021, tout en assumant la Présidence du Parti Radical de Gauche depuis 2019, avec une réélection à la tête du parti en 2023. Aux côtés de Patrick Molinoz (3) et Francine Chopard (64), les locaux de l'étape, c'est tout naturellement l'une des figures historiques du radicalisme de gauche, Claudette Brunet-Lechenault qui a accueilli ce moment de militantisme, à Bouzeron, ce dimanche.

"Ni Macron, ni LFI", Guillaume Lacroix assume ostensiblement la fracture

Convaincu que l'espace politique existe entre les deux entités politiques, le chef de file du PRG s'est associé pour l'occasion avec Volt France, Régions & Peuples Solidaires (R & PS), le Mouvement des progressistes (MDP), le Collectif des sociaux-démocrates conservateurs et le Mouvement des citoyens (MDC) pour former la liste Europe Territoires Ecologie. Autant de micro-partis qui s'étaient un temps donné associés aux écologistes ou à la macronie. Signe que les temps changent et que l'après-Macron est déjà en train de se préparer, les élections européennes vont sans doute servir de galop d'essai à cette gauche française qui entend bien se redonner de la voix. Totalement annihilée après la victoire d'Emmanuel Macron et le basculement au fil des ans des politiques gouvernementales toujours plus à droite, l'espace à gauche existe. Encore faut-il créer les conditions du renouvellement et de la reconciliation entre des sensibilités totalement éparpillées entre LFI et la Macronie. 

A une semaine des élections européennes, Guillaume Lacroix confie "un état d'esprit étonnament positif. Le positionnement ni Macron ni LFI  est très attendu. Je sens réellement une attente d'un discours différent. Plus les 8 (listes les plus attendues) parlent moins les gens vont voter. Il y a une attente d'autre chose. Finalement, les gens écoutent les "petites listes" que nous sommes.

"On plaide pour un Airbus de la pharmacie"

"Il faut parler de l'Europe au concret. Je suis le gars qui parle du médicament dans la pharmacie. Je suis un pro-Européen. Quand on parle à un agriculteur, il sait ce que fait l'Europe pour lui  mais pas les citoyens. Alors quand je commence à parler de paracétamol et d'antibiotiques , là les gens écoutent. Il y a des ruptures dans les stocks, des prix non maîtrisés, c'est un marché totalement extérieur à l'Europe. Les molécules, les principes actifs sont en Asie  et l'Europe n'incarne que le chéquier en fait. Elle achète quand elle peut et quand on veut bien lui vendre. Il faut une dérogation aux règles du Marché Commun, autoriser des ententes d'entreprises, permettre des aides publiques et rapatrier les molécules, les principes actifs et la production. Ça ne peut être de la souveraineté nationale sur ces questions. Il y a des dispositifs juridiques qui existent, il faut les utiliser. On l'a bien fait pour les avions... on peut le faire pour du doliprane. Beaucoup de brevets sont tombés, on peut très bien relocaliser la production".

"Il faut que l'Europe dispose d'un établissement public de production de médicaments. Il faut faciliter les regroupements de laboratoires, des ententes jusqu'à présent interdites.. vous permettez la recherche, le développement et de la production en commun et un établissement public à l'échelle européenne chargé de la distribution".

"On doit tirer les leçons de la crise du COVID"

"On pensait qu'avec un chéquier on pouvait tout faire  et qu'on n'avait plus besoin de rien et puis avec la crise, on a vu des masques se négocier avec des valises de billets sur les tarmacs d'aéroports. Nous, on a présenté un chéquier et pas de valise de billets. Ça a montré toutes les limites. L'Europe pensait que par sa richesse, elle pouvait s'extraire de la production secondaire. La démonstration a été faite".

"Ce n'est pas le Village gaulois de Bardella qui va résoudre les problèmes"

"Il faut être très pratiques dans nos approches. C'est valable pour la défense ou l'énergie. Il faut être clair, il n'y aura pas d'armée européenne, on le sait tous, ça sert à rien de faire croire qu'il y en aura une. On propose un pilier commun de l'OTAN, prévu statutairement en 1996. C'est peut être le moment de se mettre d'accord. Un pilier de l'OTAN qui vient contrebalancer l'influence américaine. Ça ne demande pas de révolution, c'est prévu dans les statuts."

"Du côté de l'armement, on est pour la préférence communautaire. Les armées nationales doivent s'équiper en armement européen". Une forme de paradoxe alors même que les Allemands regardent du côté des fournisseurs américains, l'occasion pour Guillaume Lacroix de confier qu'il "na jamais cru au couple franco-allemand. L'Allemagne a toujours roulé pour elle. Le sujet est de remettre plus de pensée européenne dans nos pratiques. L'Allemagne a envoyé le signal qu'elle ne voulait pas d'Europe de la défense".

"Il faut que la part des armées nationales soit prise en charge par l'Europe dans le cadre de la défense globale. Et l'Allemagne n'a pas envie de cela."

"3 euros dans le renouvelable pour 1 euro dans le nucléaire"

"Le sujet de la souveraineté nationale, c'est notre capacité de production et notre mixte énergétique. L'urgence est de sortir du fossile mais le nucléaire ne peut être le seul mode de production. Il faut commencer à rééquilibrer le mixte énergétique. Le Projet Carbone est typique dans ce que l'Europe doit faire dans sa capacité à relocaliser la production photovoltaïque. On sait bien qu'on arrivera pas à être totalement autonome, il ne faut pas mentir mais il faut être moins dépendant du gaz et renégocier les prix."

"5 % c'est 33 voix par commune !"

"Je sais bien qu'on fera pas 33 voix par commune mais on peut ne pas être très loin des 5 %. Cette élection réserve toujours des surprises. Il y a toujours un outsider. C'est la dernière semaine mais c'est la semaine où les gens s'intéressent. Glucksmann est dans un derby de la France qui va bien avec Valérie Hayer. Entre les deux, c'est la question de la garde partagée ou garde alternée de la France qui va bien. C'est leur affaire, moi je ne mène pas cette campagne là. On va avoir plus de visibilité ces prochains jours, on va voir si les gens cherchent des votes un peu différents. On partait de zéro alors 5% n'est pas impossible". 

"C'est logique que Macron soit sanctionné"

"Ca fait 7 ans. C'est la dernière élection avant la présidentielle et les résultats ne sont pas au rendez-vous. La logique de la sanction est normale. De là à ce que la sanction soit Bardella, c'est un problème. Il y a 37 façons de ne pas voter Macron et 35 façons de ne pas voter l'extrême-droite. "

Laurent Guillaumé