Chalon /autour de Chalon
La famille, plaque tournante de la comédie « Chers parents », à Chalon le 24 novembre
Par Michel Poiriault
Publié le 19 Novembre 2024 à 14h24
La famille et ses valeurs refuges, il n’y a que cela de vrai. En revanche, lorsque par exemple le nerf de la guerre pointe le bout de son nez, c’est une autre paire de manches ! Nous en voulons pour preuve la comédie des Théâtrales « Chers parents » (c’est complet !), laquelle fera apparaître l’envers du décor le dimanche 24 novembre à 16h30, à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône. Interview d’Emmanuel Patron, l’un des deux auteurs.
Coauteur d’une comédie, est-ce que ça coule de source, ou bien s’agit-il d’un casse-tête ?
«Déjà, on rigole bien à deux, car j’écris avec ma sœur, donc c’est plus facile pour écrire une comédie. Je suis comédien en plus, et j’ai joué la pièce à la création. Quand on écrit, le fait d’avoir deux voix, d’avoir une réponse immédiate, c’est quand même très, très agréable. On nous dit tout de suite si c’est bien ou pas.»
Ecrire avec sa sœur, étiez-vous déjà plus ou moins dans la thématique de « Chers parents » ?
« Absolument, en fait la famille nous passionne, c’est un sujet de prédilection. On a eu la chance d’avoir une famille assez soudée, assez heureuse, et c’est vrai qu’on est bien ensemble. On a perdu nos parent maintenant, on est des petits orphelins, mais bon voilà, c’est un sujet qui nous intéresse beaucoup, parce qu’on a eu la chance de vivre une enfance très heureuse. Donc évidemment en bons scénaristes on s’est dit : mais qu’est-ce qui pourrait mettre la pagaille dans une famille très soudée ? On s’est dit que l’argent était un levier universel et très, très intéressant. Comme disait Sacha Guitry : « Il n’y a pas de famille heureuse tant qu’il n’y a pas eu d’héritage ». Nous sommes partis là-dessus. »
Comment ce texte à quatre mains a-t-il vu le jour ? Quelle a été la répartition des rôles ?
« En fait avec Armelle on » brainstorm » ensemble. On se lance des idées, et après chacun commence à écrire, propose des choses, des scènes. On écrit à deux au début, après c’est chacun chez soi. Et puis on se retrouve, on partage ce qu’on a écrit. On aime ou on n’aime pas, on réfléchit. Ce n’est pas mal quand on est deux, frère et sœur en plus, car il n’y a pas de problème d’ego mal placé. C’est-à-dire que si Armelle me dit : »Manu, ça je n’y crois pas trop », je lui réponds : d’accord, très bien, je réfléchis. Et puis si en effet au bout de deux jours je m’aperçois que mon idée n’est pas très bonne, on la vire, on la remplace. Il y a un partage assez fluide. »
Les valeurs véhiculées dans la pièce pourraient finalement s’adresser à toutes les familles ?
«On parle beaucoup de l’impermanence en fin de compte. Le fait que tout va bien, et puis d’un seul coup tout peut exploser. Il faut faire attention aux gens qu’on aime, et dire à ses parents qu’on les aime tant qu’ils sont encore là. On parle aussi du fait que beaucoup d’argent peut rendre fou. »
Au terme de trois ans de succès, la comédie est repartie pour un quatrième exercice. A partir de quand avez-vous estimé que c’était gagné ?
« Au début nous pensions, même les producteurs d’ailleurs pour être vraiment sincère avec vous, jouer un mois. On ne savait pas du tout, c’était notre première pièce. Nous nous sommes dit au bout de six mois, quand c’était plein, bourré, que quand même c’était bien parti. »
Les publics rient-ils davantage toujours aux mêmes endroits ?
« Il y a souvent des rendez-vous quand même, c’est assez étonnant. Pas partout ; par exemple on a joué au Maroc, où les rendez-vous ne sont pas les mêmes, on a joué en Belgique où les rendez-vous ne sont pas forcément les mêmes…En général en France, en tout cas à Paris ou en province, ce sont un peu les mêmes rendez-vous. »
En plus d’Armelle Patron et d’Anne Dupagne, vous êtes le troisième équipier pour la mise en scène. Une complexité ?
«Complexe, non, parce que ça fait longtemps que je fais et que j’aime ça. J’étais dans la pièce à la fois en tant qu’acteur et metteur en scène, c’est très bien d’avoir un regard extérieur, car c’est compliqué d’être à la fois sur le plateau, de se rendre compte de ce que cela implique, de la vision de la salle, de savoir si nous sommes justes ou pas…L’impression d’un acteur, ses sensations, ne sont pas forcément les meilleures. C’était important d’être plusieurs. »
Que rêvez-vous de consigner noir sur blanc ?
«Là, je viens de réaliser le long-métrage de la pièce avec André Dussollier et Miou-Miou, que je viens juste de terminer, c’était avant-hier (interview réalisée le jeudi 14 novembre NDLR). Nous avons tourné à Saint-Rémy-de-Provence. On a adapté la pièce pour le cinéma, c’est génial, et le rêve que j’ai, c’est que je m’y remette avec Armelle, pour qu’on fasse une autre pièce. Et que nous ayons la chance que ça marche aussi bien, parce que nous sommes très conscients tous les jours de la chance que nous avons, que cette pièce marche, qu’elle parte encore en tournée, que les gens se déplacent. Je suis toujours étonné que les gens paient leur place, se déplacent le soir pour venir au théâtre dans le noir afin d’écouter cette histoire. C’est toujours bouleversant, je trouve. Nous sommes très reconnaissants envers le public, les programmateurs, les mairies, qui ont eu confiance, qui ont confiance, et qui programment cette pièce. »
Y a-t-il une hiérarchie dans votre esprit entre le cinéma, le théâtre ?
« C’est un rapport très différent. J’avoue qu’au théâtre j’aime beaucoup être en contact avec le public, jouer avec les autres ; le théâtre c’est vraiment un marathon. On joue tous les soirs différemment pour un public différent, avec des sensations différentes. On a un rapport et un retour toujours directs. Si le public n’est pas content on le sent très bien, et c’est horrible pour nous ! Mais quand il est content et que nous le sentons rire, que nous le sentons applaudir, être avec nous, c’est une sensation très, très agréable. Le cinéma, c’est du 100 mètres, il faut faire une prise, qu’elle soit bien, et une fois qu’elle est dans la boîte, c’est fini. »
Crédit photo : DR (Armelle et Emmanuel Patron) Propos recueillis par Michel Poiriault
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