Chalon sur Saône

TRIBUNAL DE CHALON - « Au secours elle va tuer l’enfant ! Appelez les gendarmes ! » a crié le père.

TRIBUNAL DE CHALON - « Au secours elle va tuer l’enfant ! Appelez les gendarmes ! » a crié le père.

 Une voisine a appelé les gendarmes. La mère du bébé est dans le box, à l’audience des comparutions immédiates ce lundi 12 mai. 

Pas de suspens inutile : le bébé va bien. Pourtant le 10 mai, à Chagny, grosse colère méchante et violente de la mère, et grosse frayeur pour les témoins dont le frère aîné, âgé de 5 ans. 

La prévenue est née en 1998. Elle est mère de trois enfants, fut condamnée le 28 mars dernier, pour des violences sur le père des enfants. Le tribunal lui avait alors retiré l’autorité parentale (enfants témoins de la scène).

Pourtant elle avait rappelé son conjoint, il avait accepté qu’elle revienne « j’ai cru qu’elle avait changé ». La prévenue dit que c’est lui qui lui a demandé de revenir. Elle a, quoi qu’il en soit, enfreint l’interdiction de contact ainsi que celle de paraître au domicile, depuis environ trois semaines.

Le bébé 

La femme avait accouché de ce troisième enfant, prématurément, chez elle, en novembre dernier. Le bébé présente une malformation congénitale. Et puis elle pleure « tout le temps » dit la mère, du moins elle pleure davantage qu’avant et « j’ai du mal à accepter le handicap de ma fille ». 
Ce 10 mai, un des enfants dormait dans la chambre, du coup le bébé était dans la salle, dans un cosy. La mère est allée à la boulangerie. Elle est revenue, « j’étais très énervée ». Elle saisit le cosy alors que l’enfant n’était pas attaché. Un geste de la mère et le bébé s’est retrouvé « à la verticale », rattrapé par la capote de la nacelle. Des insultes : « Mongole, ferme ta gueule, handicapée.» Panique du père et de leur fils. Les enfants ont 5 ans (témoin), 2 ans (elle dormait), et donc, six mois (victime). 

« Un enfant ne peut pas se défendre. Et vous déchirez toutes les tétines des biberons ! »

« Il n’y a pas plus vulnérable qu’un enfant, il ne peut pas se défendre » dit la présidente. « Et pourquoi vous avez déchiré toutes les tétines des biberons ? C’est grave, madame, de s’énerver comme ça. »
« J’ai eu du mal à accepter son handicap et puis le décès de mon papa (en 2016) m’a vraiment choquée. » Elle répète ça. Elle dit même qu’elle doit « travailler le moral » et « le comportement ». Elle a dû consulter déjà, pour user de ces termes qui font la feuille de route de la réadaptation sociale. Pour l’heure, ça ne va pas. 

« Il est surtout question, madame, de l’usage que vous faites de votre violence »

D’autant moins que dire « le » comportement en parlant d’elle-même, c’est une façon de pas y toucher. La procureur centre son propos là-dessus : « Madame reconnaît les faits, mais tout en indiquant qu’elle n’a pas agi la violence. Je suis mal à l’aise avec son discours. Elle dit que son poignet ‘a lâché’... or le petit garçon ne dit pas ça, la voisine entend les cris, le père témoigne de sa peur. » 
La magistrate regarde la prévenue : « Il faut aller, madame, au bout de ce que vous dites. » Elle reprend les insultes. « Vous avez dit ‘Ferme ta g...’ à un bébé de six mois. Vous n’en pouvez plus d’entendre cet enfant pleurer. Vous hurlez : ‘Je te préviens, je jette la tétine du biberon’, votre fils de 5 ans le rapporte. Vous saisissez le cosy que vous secouez et retournez. Le petit garçon mime le geste devant les gendarmes et il se met à pleurer, tant il a eu peur. Ça a duré quelques minutes, vous n’en pouviez plus, madame. La voisine est venue toquer à la porte, ‘il faut appeler les gendarmes’ et vous partez. 
Il faut reconnaître la gravité de ces faits. Vous dites que le handicap de votre fille est difficile à accepter, et vous parlez du deuil de votre père, mais la réalité est plus crue : il est surtout question, madame, de l’usage que vous faites de votre violence, lorsque vous êtes débordée, par les affects. » 

Un effondrement 

« Il y a eu un simple geste dramatique, de la part de madame, mais pas d’acharnement. Un geste, unique, malheureux qui découle d’un effondrement. Cette femme a une image d’elle-même très, très abîmée. Elle reconnaît les faits mais elle en a honte. J’avais mis dans les débats la nécessité d’une expertise psychiatrique - mais madame ne voulait pas -, parce qu’en trois mois, on a un effondrement et une même victime : le noyau familial. »

8 mois en détention puis deux ans sous main de justice 

Le tribunal relaxe la prévenue pour les violations des interdictions de contact et de paraître au domicile, la dit coupable de violence sur son bébé et la condamne à la peine de 18 mois de prison dont 10 mois sont assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, avec obligations de travailler, de suivre des soins, de payer le droit fixe de procédure, et interdiction de tout contact avec le bébé ainsi que de paraître à son domicile. 
Le tribunal ordonne son maintien en détention pour les 8 mois ferme.
La femme a déjà perdu l’autorité parentale en mars dernier. 

FSA