Chalon sur Saône

Le barreau du TGI de Chalon « en résistance vivante contre la réforme Justice du 21ème siècle »

Le barreau du TGI de Chalon « en résistance vivante contre la réforme Justice du 21ème siècle »

« Le pouvoir judiciaire est un véritable pouvoir. Il n'est pas qu'un Cabinet d'application des ordonnances Macron, il est plus qu'une macédoine de légumes. » C’était vendredi 7 septembre, semaine de toutes les rentrées.

Le barreau de Chalon a organisé son audience solennelle, devant les chefs de la juridiction, des députés, le maire de la Ville, le président du grand Chalon, mais aussi des bâtonniers des barreaux les plus proches, et des greffiers.

« Tous dans la même galère », ont dit en substance les discours de madame le bâtonnier Ravat-Sandre, et de maître Ligerot, désignée pour prendre la parole en tant que jeune avocate. Sa plaidoirie, mordante et bardée d’humour, a fait rire tout le monde en dépit d'un fond éminemment sérieux dont les enjeux n’échappent à personne. En voici quelques morceaux choisis.

« Un discours qui n'a pas vocation à faire exister le moindre isthme entre les justiciables et le pouvoir judiciaire (nous), le pouvoir législatif (Emmanuel Macron) et Emmanuel Macron.  (…) Du démantèlement de la séparation des pouvoirs au Profit d'un Pouvoir Administratif tout puissant et par voie de conséquence l'ablation progressive de Droits et de Libertés Fondamentales, (…) Si aucune audience n'est rendue, si personne ne vient vous représenter, si aucun jugement n'est rédigé, aucun commandement de payer délivré : la Loi n'est pas appliquée, elle devient sans effet, le Pouvoir législatif et Exécutif est impuissant.  (…)

Je trouve que la magistrature a tendance à oublier cette force qui est la sienne et à se contenter d'attendre que les deux autres Pouvoirs, aujourd'hui tenus par le même homme, acceptent de nous jeter des miettes pour une Justice à la hauteur de notre Etat de Droits. (…) En faisant cela, en acceptant d'avance que tout n'est que paperasserie, que tout est plié d'avance, et que le but est de faire sortir les dossiers, les magistrats se privent de leur véritable Pouvoir : celui de créer le Droit. (…) Si vous laissez les algorithmes prendre votre place, et que vous sacrifiez les plaidoiries, comme vous avez déjà trop tendance à le faire, vous priverez les avocats de leur fonction essentielle dans l'existence d'un état de droit démocratique : " allumer dans le cœur des Athéniens l'enthousiasme de la liberté", "allumer dans le cœur des Athéniens l'enthousiasme de la liberté - et à faire trembler, du haut de la tribune aux harangues, le redoutable Macédoniens". (…)

On se souvient trop de ce que c'est qu'une sentence appliquée par une machine, que celle-ci soit actionnée par un seul homme, ou par un ensemble d'hommes formés à traiter l'autre comme un sujet dénué de toute humanité. (…) Et puis franchement, quand tu vois que même confier tes courses à une application ça ne fonctionne pas, comment tu peux te dire ‘je vais confier la justice de mon pays à une machine?’ »

FSA