Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Ok pour l'excès de vitesse mais l'accusé nie la notion de rodéo !

TRIBUNAL DE CHALON - Ok pour l'excès de vitesse mais l'accusé nie la notion de rodéo !

Au palais de justice, en ce lundi 8 octobre au 7 comparutions immédiates, les gens le désignent sous le sobriquet de « Le rodéo », et pourtant il conteste. Excès de vitesse, oui, rodéo, pas du tout.

Accélérations – freinages, le cirque

M. X est né à Chalon en 1989, il y vit également, et gagne sa croûte dans le secteur automobile. La BMW n’est pas la sienne, elle appartient à un homme dont le nom est célèbre au TGI. Vendredi, un équipage de la BAC constatait une infraction lorsque la BMW est passée « à très vive allure » à plusieurs reprises à proximité. Accélérations – freinages, le cirque. A ce stade les policiers estiment la vitesse à 130 km/h, elle est limitée à 50 dans ce secteur des Prés Saint-Jean. A son troisième passage, la BMW rejoint d’autres véhicules dont pas mal de grosses cylindrées au parking de Saint-Hilaire. Son immatriculation est visible : elle est connue pour des refus d’obtempérer.

« C’est la faute du véhicule qui est trop puissant pour les rues de Chalon »

Peu avant 23 heures, elle redémarre, va prendre l’avenue Kennedy en direction du centre-ville, elle trace, elle bombe, au milieu des habitations et de piétons. A 23h45, le conducteur est interpellé. Ce n’est pas sa voiture, mais c’est lui qui est au volant, or M n’a plus de permis : il avait perdu tous ses points, à force d’excès de vitesse, de franchissements de lignes continues, de grillages de feux rouges, etc. Mironton, mirontaine, c’est pas le conducteur de l’année. Qu’a-t-il à dire au sujet de sa conduite vendredi soir ? « C’est la faute du véhicule qui est trop puissant pour les rues de Chalon. »

600 mètres en 12 secondes, soit 180 km/h

Les enquêteurs ont recouru au service des images de vidéo-surveillance qui jalonnent son parcours. On a fait des tronçons puis procédé au calcul approximatif de la vitesse en s’appuyant sur le temps, les distances parcourues, et un GPS. Résultats : tronçon n°3, 850 mètres en 27 secondes, soit 113 km/h ; tronçon n°4, 600 mètres en 12 secondes, soit 180 km/h. M dit que c’est impossible, madame Saenz-Cobo, vice-procureur, se lève pour lui démontrer que si. Elle aussi elle aime les grosses voitures, et elle connaît ces questions, et même si le conducteur dit qu’il ne regardait pas son compteur, il avait le temps de prendre conscience qu’il dépassait largement les 50 km/h.

La loi du 3 août 2018

A propos de « prendre conscience », le prévenu dit que la garde à vue et le passage en prison lui ont permis cette avancée : « C’est bon. » Conscience de quoi ? Que ça ne valait pas le coup de se voir privé de liberté, coupé de sa femme et de ses enfants auxquels il a beaucoup pensé, juste pour faire le kakou au volant d’une grosse voiture ? Avec 11 condamnations à son casier, il connaissait pourtant déjà les réalités des conséquences judicaires. Le parquet rappelle la loi du 3 août 2018, loi toute récente et encore peu usitée. « Cette loi vise à réprimer les rodéos urbains, et réprime une conduite répétant de façon intentionnelle des manœuvres violant les conditions de sécurité et de prudence, compromettant la sécurité ou la tranquillité publique. » La vice-procureur démontre que M cumulait le tout.

Une procédure pas assez ficelée

Maître Faure-Révillet ne l’entend pas ainsi : « on entend », répète le PV, mais « à quel moment on constate ? ». Sur les vidéos, on ne voit pas la plaque d’immatriculation (la voiture roulait trop vite, ndla). Sa deuxième audition s’est faite « sans son avocat ». Elle cite les deux pages du JSL, « si c’est pas racoleur, qu’est-ce c’est ? », « Ce n’est pas une pièce de procédure, intervient la vice-procureur, allez voir le JSL ! ». Et les conditions d’interpellation sont où ? « Était-il au volant quand on l’a arrêté ? On n’en sait rien. » L’avocate regrette l’orientation en CI, pense qu’une enquête plus aboutie et une procédure plus complète (l’enquête sociale, « succincte » dit la présidente Pertuisot) auraient permis de mieux juger cet homme et cette affaire. Avoir le cœur net, dans un sens ou dans un autre. « Dans le doute, requalifiez en excès de vitesse, ça, il le reconnaît. »

Le tribunal déclare M X coupable et le condamne à 6 mois de prison avec sursis, à un TIG de 205 heures, à une amende de 500 euros, à un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Interdiction de repasser son permis de conduire pendant 3 mois. Il a dit : « J’ai pas une conduite exemplaire, je suis d’accord. Mais là j’ai vraiment pris conscience. » Il a dit aussi : « « C’est la faute du véhicule qui est trop puissant pour les rues de Chalon. »

Florence Saint-Arroman