Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Alcoolémie au volant à répétition pour un chef d'entreprise

TRIBUNAL DE CHALON - Alcoolémie au volant à répétition pour un chef d'entreprise

Il vit entre Chagny et Chalon où il est né il y a 56 ans. Il travaille, il a une petite affaire qui finit par être en difficulté.

Comme lui. Le 21 février dernier un accident de la circulation le met en cause avec un taux d’alcoolémie à 1.73 gramme. Il n’est pourtant déféré que le lundi 9 mars. Le procureur de la République l’oriente sur le champ à l’audience de comparution immédiate qui va se tenir au rez-de-chaussée.

Dépression + alcoolisme

Le prévenu demande un délai pour préparer sa défense, le tribunal expose donc les éléments à partir desquels décider de son sort d’ici là. En 2013, 2013, 2015 (deux fois cette année-là, avec une conduite malgré l’annulation judiciaire de son permis de conduire), 2017 : condamnations pour conduites sous l’empire de l’alcool. Le prévenu est alcoolique. Un alcoolisme qui s’est greffé sur une dépression qu’il traîne et subit depuis 20 ans. Il prend un anti-dépresseur, il biberonne, on imagine que son quotidien n’est fait que de luttes et de glissades, on sait que ça mène à la dégringolade, et parfois à la mort.

« C’est trop dur »

Mais enfin, tout ça, c’est son problème. Le problème de la justice c’est qu’il est interdit de conduire lorsqu’on a bu. « Votre permis de conduire vous a été retiré il y a des années, monsieur, le bouscule un peu la présidente Verger. – Je regrette énormément, répond le prévenu. Ça fout en l’air tous mes projets. » Il a zappé la case « autrui », la juge le souligne : « Le problème doit se poser aussi sous l’angle de la mise en danger des autres. » Faut dire que ses projets, vu de loin, ressemblent fort à une reddition : il veut vendre son affaire, il ne s’en sort plus, c’est trop de soucis, de stress, « c’est trop dur ». Une juge assesseur pointe un élément intéressant : il a porté trois fois un bracelet électronique, et les trois fois tout s’est bien passé. « Oui, c’est encadré », confirme le prévenu.

Le ministère public

« Le débat se pose en des termes simples. C’est la 6ème fois que monsieur conduit en état alcoolique à des taux très élevés. Son permis est annulé, il ne respecte même pas ça. Sa place est en détention. On est dans un des départements où les accidents de la route sont en nombre élevé, tout ça parce que des gens ne veulent pas changer. Donc le soigner, oui, mais après une période de détention longue. » Damien Savarzeix, procureur de la République, requiert son placement en détention provisoire.

La défense

« Le débat ne se pose pas en des termes si simples que ça. Il y a quelque chose en lui qui ne lui permet pas d’aller au-delà de son addiction à l’alcool. Il est dépressif, cela entraîne sa consommation d’alcool et pourtant il a mis en œuvre énormément de choses pour s’en sortir. Il est même allé à Dijon, participer à un test clinique de déprogrammation cérébrale, ça a été un échec. » Maître Charrier en appelle ensuite à la cohérence des magistrats : « Il est rentré chez lui, après l’accident du 21 février. On l’a envoyé à l’hôpital, on a mesuré son alcoolémie et il est rentré. On n’a pas décidé de le placer en garde à vue. Il a passé ces deux semaines en liberté, jusqu’à ce qu’il soit convoqué en gendarmerie pour une audition libre qui finalement sera une garde à vue. Donc depuis 15 jours, le parquet ne se souciait pas de savoir si monsieur était un danger pour les autres ou pas. » L’avocate plaide pour une mesure peu appliquée : un contrôle judiciaire sous bracelet électronique. Pour le coup c’est cohérent avec le besoin de cadres contenants de son client.

Décision

Le tribunal renvoie son jugement au 2 avril, place le prévenu en détention provisoire. Il aura besoin de son traitement : anti-dépresseur et anxiolytiques.

FSA

https://www.alcool-info-service.fr/Actualites/Quelle-relation-entre-alcool-et-depression#.Xmd91EpCeM8