Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Ivre, il est arrêté au volant, la voiture à l'arrêt à moitié sur la chaussée

TRIBUNAL DE CHALON - Ivre, il est arrêté au volant, la voiture à l'arrêt à moitié sur la chaussée

Le voilà parti à la pêche à la carpe, ce mardi 7 juillet. Était-ce sur son trajet aller ? Était-ce sur son trajet de retour ?

Un coup du soir à 10 mois ferme

« Allez, je vais tenter le coup du soir », s’est-il peut-être dit, à supposer que ce qu’il raconte au tribunal soit vrai. Le voilà parti à la pêche à la carpe, ce mardi 7 juillet. Était-ce sur son trajet aller ? Était-ce sur son trajet de retour ? L’audience de comparution immédiate ce jeudi 9 ne le précise pas. En revanche pour un coup du soir, c’en fut un : les gendarmes l’ont récupéré endormi sur son volant, sa voiture stoppée à cheval sur la chaussée et le bas-côté de la route, le moteur tournait toujours. Alcoolémie supérieure à 2 grammes.

Pris deux fois (bien) bourré au volant, en 10 mois

Le lendemain, soit le 8 juillet, il partait en détention provisoire. Il n’a que 35 ans, il vit à Louhans, 6 fois condamné déjà. Alcoolique, il a dû restituer son permis de conduire il y a 7 ans, mais conduit quand même. Par voie de conséquence il conduit une voiture qui n’est pas assurée. Et le 27 octobre dernier, avec 1.8 gramme d’alcool par litre de sang, il ne portait en outre même pas sa ceinture de sécurité. Il devait passer en correctionnelle plus tard mais les gendarmes l’ayant trouvé en train de comater sur son volant : réitération, comparution immédiate.

Il s’achète des voitures, malgré tout

Il est trop, il assure au tribunal qu’il ne conduit que pour aller à la pêche, c’est tout, et surtout pas pour aller travailler. De toute façon il travaillait en interim, il avait perdu son CDI. Pourquoi ? Oh, il ne sait pas trop, c’était « à l’amiable ». Bref, ces temps il ne travaille pas. Célibataire, un enfant de 5 ans qui vit avec sa maman. Il n’a jamais repassé son permis : trop cher, pas les moyens. En octobre, il conduisait une Seat Ibiza, ce mardi il avait une autre voiture. Il les achète. Pourquoi ne s’achète-t-il pas une voiture sans permis, comme on dit ? Il ne sait pas, mais la prochaine, juré, elle sera sans permis, « et ça me permettra de retrouver du travail ».

« Y a des choses qui choquent, quand même. Tous les accidents qu’ils montrent »

Bon, tout cela est de bon augure, mais le tribunal doit le juger sur les faits d’octobre et sur ceux de juillet. Il sait que c’est dangereux, de conduire alcoolisé, pour lui et pour les autres, mais il le fait quand même. Maître Mirek plaidera le confinement, qui a mis à l’eau ses rendez-vous au Kairn 71. Il avait donc eu un élan vers l’arrêt, mais plouf. N’empêche que sa première condamnation pour conduite sous l’empire de l’alcool date de 2009. Il n’a jamais fait de cure. Il a eu un traitement médicamenteux, il a arrêté de le prendre. La présidente Catala revient sur la peine de 2009, justement. Elle comprenait un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Il en a pensé quoi ? « Y a des choses qui choquent, quand même. Tous les accidents qu’ils montrent. »

Est-il parfaitement maître de ses choix, dans ce contexte ?

« Tout ça pour aller à la pêche ! s’exclame la représentante du ministère public. L’alcoolisme est une maladie et il la subit, c’est une certitude. Mais conduire en ayant bu, c’est interdit. Il en a fait le choix. Il a dit lors de son défèrement : ‘il n’y a pas eu d’accident’. Oui, mais si c’est interdit, c’est justement parce que lorsqu’il y a un accident, c’est dramatique. » Mathilde Kara-Mitcho requiert 12 mois de prison dont 5 mois seraient assortis d’un sursis probatoire. Maître Mirek ne pense pas que son client soit complètement maître de ses choix, vu un alcoolisme bien ancré. « Un suivi est nécessaire, le maintenir en détention n’est pas forcément opportun, il y a d’autres solutions. »

10 mois de prison ferme, 2 ans de probation

« Si vous savez que c’est dangereux, et que vous continuez à boire, quelle était la solution ? – Me faire soigner. – Non, la solution c’était de ne pas conduire. »
Le tribunal le condamne à 18 mois de prison dont 8 mois sont assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, avec obligation de soins et de travailler. Maintien en détention pour la partie ferme. Amende de 150 euros pour le défaut du port de ceinture de sécurité. Il aura un abattement de 20 % s’il s’en acquitte dans les 30 jours.

Florence Saint-Arroman