Saône Doubs Bresse

CONFLU'ART 2018 - Martine Le Normand, alchimiste de la rouille

CONFLU'ART 2018 - Martine Le Normand, alchimiste de la rouille

Originaire de Mâcon, à l’extrême sud de la Saône-et-Loire, Martine Le Normand est l’une des invités de Conflu’Art. Elle y expose actuellement son travail avec la rouille.

« L'habitude nous joue des tours : 
Nous qui pensions que notre amour 
Avait une santé de fer. 
Dès que séchera la rosée, 
Regarde la rouille posée 
Sur la médaille et son revers.

Elle teinte bien les feuilles d'automne. 
Elle vient à bout des fusils cachés. 
Elle rongerait les grilles oubliées 
Dans les prisons, s'il n'y venait personne.

Moi, je la vois comme une plaie utile, 
Marquant le temps d'ocre jaune et de roux. 
La rouille aurait un charme fou 
Si elle ne s'attaquait qu'aux grilles. 

Avec le temps tout se dénoue. 
Que s'est-il passé entre nous, 
De petit jour en petit jour ?

À la première larme séchée, 
La rouille s'était déposée 
Sur nous et sur nos mots d'amour. 

Si les fusils s'inventent des guerres 
Et si les feuilles attendent le printemps, 
Ne luttons pas, comme eux, contre le temps. 
Contre la rouille, il n'y a rien à faire. 

Moi, je la vois comme une déchirure, 
Une blessure qui ne guérira pas. 
Notre histoire va s'arrêter là. 
Ce fut une belle aventure.

Nous ne nous verrons plus et puis... 
Mais ne crois pas ce que je dis : 
Tu sais, je ne suis pas en fer. 
Dès que séchera la rosée, 
La rouille se sera posée 
Sur ma musique et sur mes vers. »

Les inconditionnels de Maxime Le Forestier connaissent certainement cette chanson à la douceur mélancolieuse (écouter ICI), que l’on se surprend parfois à fredonner dès le lever, sans raison apparente.

Quand info-chalon.com en a parlé à Martine Le Normand, il a dû la lui chanter, car elle ne la connaissait pas. Chanter Maxime Le Forestier pendant un reportage, une première !

A sa manière, et dans un domaine qui lui est propre, la peinture, l’œuvre de Martine Le Normand est un hommage à la rouille, qu’elle « laisse progresser (…) sur des papiers et des cartons, matériaux qui ne contiennent pourtant pas de métaux oxydables » (Julia Evans), ce qui est déjà en soi remarquable. Plus exactement, c’est un travail avec la rouille et ses couleurs, qu’elle fait advenir avec de l’eau, de l’acier, la température ambiante, variable selon les saisons.

Depuis l’enfance, quand elle se trouvait près d’un grand-père entouré de grilles et d’objets de métal corrodés et oxydés, Martine Le Normand est fascinée par la rouille. Pas tant par ses effets délétères sur la matière que par sa beauté. Alors qu’initialement, elle n’intervenait qu’à la marge dans son évolution, elle s’introduit désormais en son sein, par le biais de couleurs de son cru. Au final, ses toiles sont autant de surfaces de projection, desquelles l’esprit d’un observateur peut retirer une sensation de bien-être, d’apaisement.

En dehors de la rouille, c’est la lune qui a inspiré et inspire encore Martine Le Normand. En plus de toiles, elle a consacré à l’astre de la nuit un recueil de haïkus, une forme poétique japonaise marquée par la brièveté, visant à la fois à dire et célébrer l'évanescence des choses. 

D’un côté, une substance de couleur brun-rouge formée quand des composés contenant du fer se corrodent en présence de dioxygène et d'eau. De l’autre, un satellite naturel de notre planète ayant pour particularité de réfléchir la lumière du soleil et d’exercer une influence gravitationnelle sur la Terre. D’aucuns pourront sans doute voir chez Martine Le Normand une attraction prononcée pour des processus physiques qui n’en finissent pas d’éveiller la curiosité des hommes et de les émerveiller. Il y a peut-être un peu de cela. Il y a surtout une réceptivité à ce que les conséquences plus ou moins visibles de ceux-ci peuvent avoir sur l’imagination et l’esprit, que Martine Le Normand immortalise visuellement, ou par l’entremise de sa plume.

(à g., Martine Le Normand ; à d., Christian Oddoux)

Exposée à Conflu’Art jusqu’au 30 août, Martine Le Normand fera preuve d’une forme d’ubiquité artistique puisqu’elle exposera du 24 août au 2 septembre, en compagnie du sculpteur sur bois Christian Oddoux, à l’espace Sainte Avoye de La Clayette (Lire ICI).

Samuel Bon

Infos pratiques :

Lieu : Verdun-sur-le-Doubs (Anciennes halles)

Dates : du 14 au 30 août 2018

Pour plus de renseignements : 03.85.91.87.52

Entrée : libre

Site de Martine Le Normand : http://martine-le-normand.com/

Site de Christian Oddoux : http://www.oddoux.net/