Politique

Un natif de Saône-et-Loire candidat à la primaire du parti écologiste

Un natif de Saône-et-Loire candidat à la primaire du parti écologiste

Inconnu du grand public, Gérard Charollois, a déclaré sa candidature cette semaine à la primaire d’Europe Ecologie Les Verts, qui doit désigner le candidat du mouvement à la présidentielle. Ce magistrat, qui exerce encore à Périgueux, sans illusion sur ses chances d’être qualifié, a bien voulu évoquer pour Info-chalon.com ses souvenirs saône-et-loiriens, ses convictions et sa vision – plutôt radicale - de l’écologie.

Vous êtes né à Montceau-les-Mines en 1951, quels souvenirs gardez-vous de la Saône-et-Loire ?

J’y suis né en 1951. Mon père a longtemps travaillé   aux Houillères à Montceau de 1950 à 1975. Nous habitions rue Jean-Jacques Rousseau, près du Lac du Plessis et en allant sur Saint-Vallier, une petite maison, vendue en 1980. Mon père a désormais 95 ans, ma mère est décédée et une bonne partie de ma famille est enterrée à Blanzy et Montceau. J’ai perdu la vue à l’âge de huit ans et j’ai du suivre mes études dans une école spécialisée pour déficients visuels à Villeurbanne. Je revenais toujours avec plaisir pour les vacances dans la région. La Saône-et-Loire, pour moi, c’est synonyme de vacances.

Vous êtes magistrat à Périgueux, spécialisé dans les affaires familiales. Vous militez depuis des années pour l’écologie, notamment contre la chasse et la souffrance animale au sein d’associations diverses. Vous avez été président du Rassemblement des Opposants à la chasse (ROC) de 1981 à 1995. Votre engagement militant semble assez rare dans votre corps de métier. Cela vous a-t-il gêné ?

Pas du tout. Je reconnais que certains présidents de tribunaux où j’exerçais, au plus fort des conflits avec les chasseurs n’étaient parfois pas très rassurés, mais ils m’aimaient bien. Du fait de ma présence, on avait barricadé le tribunal périgourdin en février 1989, lors d’une manifestation de chasseurs opposés aux interdictions que mon association défendait. C’est vrai que le magistrat qui veut faire carrière est un peu obligé d’être discret et gris muraille. Selon moi, l’obligation de réserve c’est un peu une obligation d’hypocrisie. Le magistrat est un citoyen comme les autres, il pense, il réfléchit et a des opinions. Faire croire que les juges sont sur Sirius ou qu’ils doivent être incolores, c’est une grande hypocrisie. Cacher son opinion n’est pas une preuve d’honnêteté. L’honnêteté, c’est assumer ce qu’on est et la probité   consiste à juger honnêtement les autres. Avoir une opinion, même pour un juge, ce n’est pas malhonnête. Un médecin, s’il est socialiste, ne soignera pas mieux les gens de gauche que les gens de droite.

Pourquoi avoir décidé d’être candidat à la primaire d’EELV ? Vous dîtes vous même que vos chances de vous qualifier pour cette compétition interne sont extrêmement réduites.

Le règlement pour participer précise qu’il faut avoir 36 conseillers fédéraux EELV (le parlement interne du parti) signant en votre faveur. Je n’ai aucun appui en interne, je ne me fais bien sûr aucune illusion, mais j’ai un comité de soutien auquel ont déjà adhéré 2500 personnes, des associatifs, comme moi, qui agissent sur le terrain pas des politiciens qui deviennent social-démocrate au gouvernement et gauchiste en dehors. Les gens en ont assez des postures, des plans de carriére. Cécile Duflot, si elle remporte la primaire EELV et se présente, elle fera 2%, moins qu’Eva Joly en 2011, j’en suis persuadé. Or, un petit score est préjudiciable à l’écologie toute entière et affaiblit la cause, y compris les associations. Si un candidat écologiste regroupe 10% des voix à l’élection présidentielle ou autre, ses idées seront reprises même si ça n’est pas terrible pour le candidat, qui ne se qualifie pas. Avec 2% des suffrages, non, évidemment... Personnellement, j’étais pour Nicolas Hulot. Les électeurs en ont assez des politiciens professionnels, il était différent, il aurait pu faire un bon score et créer la surprise.

 

Vous vous définissez comme un candidat « biocentriste » ? C’est quoi exactement un candidat biocentriste ?

Ca n’a rien à voir avec le centre politique en tout cas. Moi, je suis un défenseur du vivant, de toute forme de vie sur terre. Le vivant, c’est LE centre des valeurs sur terre, ce n’est pas l’économie, ce n’est pas l’argent. Le premier livre que j’ai lu enfant, après avoir perdu la vue, en braille, c’était « Le grand voyage de Niels Olgersson » , où les oies sauvages expliquent à Niels que les hommes doivent aussi leur faire une place sur terre. On détruit la terre. On est infernal avec les animaux. On n’a pas le droit de leur faire vivre un enfer. Je suis responsable de la Convention Vie et nature, qu’on peut définir comme un think tank, qui est une boite à idées et une boîte à éthique. J’écris un édito chaque dimanche, sur tous les sujets. Je ne cherche pas à être élu local ou à avoir une place, mais à faire avancer les idées.

Quel est votre atout principal ?

Je suis un homme de conviction, et j’ai près de 2500 personnes derrière moi, du monde associatif, qui me soutiennent. Je crains que   le parti EELV ne représente plus assez l’écologie de terrain et c’est dommage, c’est un gâchis. D’autre part, ce n’est pas parce que j’ai peu de chances de concourir que je ne dois pas me présenter. Il y a pléthore de petites structures, des petites poussières écologistes. Les lilliputiens, vous savez, peuvent toujours gagner s’ils se réunissent. J’organise une réunion le 15 octobre prochain à Paris pour défendre ma candidature. »

Propos recueillis par Florence Genestier

Au programme de Gérard Charollois : abolir la chasse, la corrida et la vivisection, en finir avec l’élevage industriel et les abattoirs, préserver les milieux naturels et sauver les océans, adopter une loi créant un vrai statut de l’animal.

Son site : http://gerardcharollois2017.fr/2016/04/19/gerard-charollois-attend-15-octobre-2016-a-14h-a-paris/

La primaire organisée par EELV se tiendra fin octobre. Sept candidats sont déjà déclarés dont les plus connus sont la députée Cécile Duflot et les parlementaires européens Yannick Jadot, Karima Delli et Michèle Rivasi.