Bourgogne

« François Hollande n’a vraiment pas de pot »

« François Hollande n’a vraiment pas de pot »

Ce mardi à 16h30, François Hollande se retrouvera devant les journalistes pour sa grande conférence de presse de début d’année. Cet exercice, que le président affectionne d’habitude, va se transformer en un grand numéro d’équilibriste suite à « l’affaire » : sa liaison supposée avec Julie Gayet. L’analyse du politologue bourguignon Claude Patriat.

Nous nous sommes entretenus environ une demi-heure avec le politologue bourguignon Claude Patriat pour analyser le contexte politique dans lequel François Hollande se trouvait à quelques heures de sa conférence de presse à l’Elysée et censée marquer le tournant de son quinquennat. Pendant tout ce temps, et malgré nos efforts, nous avons eu bien du mal à nous écarter des conséquences que les révélations du magazine Closer sur la vie privée du président vont avoir sur cet événement. Pas par voyeurisme, mais tout simplement parce que « l’affaire » a pris tellement d’ampleur qu’il est crucial pour François Hollande de trouver le moyen de la désamorcer au plus vite sous peine de tomber encore plus bas qu’il ne l’est déjà.

« Ce calendrier imposé par les circonstances est détestable pour le chef de l’Etat » explique d’emblée Mr Patriat. « Normalement, ce début d’année 2014 devait permettre à François Hollande de prendre un nouveau départ, d’imposer un nouveau cap économique centré sur le pacte avec les entreprises évoqué lors de ses vœux le 31 décembre lui permettant de montrer qu’il n’était plus ce personnage hésitant tant critiqué. Là, le voilà empêtré dans une affaire où la communication a encore une fois été mal gérée, à laquelle il n’aurait pas dû réagir, et qui se complique avec l’hospitalisation de Valérie Trieweiler. D’ailleurs il est évident que cette publication n’est pas sans lien avec le calendrier. Tout le monde savait que ça allait sortir et il aurait été possible de discuter d’un report. Ca aurait pu attendre une semaine… ». Mais non.

Pour sortir de ce pétrin, « François Hollande doit faire du De Gaulle » 

Pour notre expert, le problème de base c’est l’exposition du couple présidentiel et la place donnée à la compagne de François Hollande qui a un bureau à l’Elysée et des conseillers. « Dès le départ elle aurait dû éviter de s’y installer. Du temps de Nicolas Sarkozy, Carla Bruni intervenait souvent dans les réunions mais sans fonction officielle ». Une situation qui oblige donc le chef de l’Etat à aborder le sujet ce mardi mais avec une latitude limitée : il ne peut pas non plus du jour au lendemain mettre fin à la présence de Valérie Trieweiler à l’Elysée « au risque de se ridiculiser » selon Claude Patriat, « c’est à elle que revient la décision. En tout cas son hospitalisation montre que cette publication l’a fortement touchée ».

Alors comment faire pour éviter que « l’affaire » ne parasite les médias toute la semaine et que l’on finisse par revenir aux vrais sujets ? Notre politologue a un conseil à donner au président : « il faut qu’il fasse du De Gaulle. Qu’il évoque le sujet avant même que l’on ne lui pose de question en faisant en sorte de clore le débat immédiatement. Ce serait habile ».

D’après Claude Patriat, depuis l’article et les photos de vendredi, cette semaine qui devait juste être un moment important est devenue « plus lourde de conséquences que tout ce qui s’est passé depuis l’élection de François Hollande. L’enchaînement des événements et le calendrier sont catastrophiques mais 2017 est encore loin et tout peut encore s’arranger ». Mais ça ne se fera pas sans un vrai tournant que le chef de l’Etat semble avoir amorcé, « un virage à la manière de l’anglais Tony Blair » comme le qualifie notre enseignant en sciences politique qui rappelle que François Mitterand avait pris un chemin semblable en choisissant la rigueur deux ans après son élection. François Hollande va donc désormais devoir se la jouer social-libéral, rénover le socialisme en profondeur, montrer de la fermeté… puis remanier, mais au bon moment, « quelque part entre les municipales et les européennes » selon Claude Patriat alors que l’on s’attend à des scrutins marqués par l’abstention.

En résumé ? Hollande est au plus bas mais pas encore enterré. Il est mal conseillé mais joue aussi de malchance avec son calendrier. Et malgré toutes les épines mises sous ses pieds « personne ne sortirait gagnant d’une crise politique » estime Claude Patriat. Reste que la pente sera difficile à remonter et que si François Hollande a une bonne carte à sortir de son chapeau, ce mardi c’est le bon moment.

Olivier COLLET