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"On maintient les agriculteurs dans une forme de dépendance aux pesticides" pour Maria Pelletier
Publié le 19 Mars 2015 à 15h56
Maria Pelletier, qui a longtemps vécu à Charnay-lès-Macon avant de prendre les rênes d'une PME bio de l'Ain est présidente nationale de l’association Générations Futures, en pointe pour l’information sur les pesticides. L’association, à la veille de la semaine d’alternatives aux pesticides du 20 au 30 mars, a publié une étude prouvant la présence de 21 perturbateurs endocriniens dans les cheveux des femmes en âge de procréer. Soixante mille tonnes de pesticides sont utilisées en France chaque année, un record européen. Une pomme subit une trentaine de traitements chimiques avant d’arriver dans nos assiettes. Le point, avec une pionnière de la question.
Maria Pelletier, Vous êtes présidente de Générations Futures depuis 2011. Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis une femme comme les autres impliquée d’une part dans la vie économique en tant que responsable d’une PME engagée dans l’agriculture biologique depuis 1984, le Moulin Marion, dans laquelle nous avons développé des filières avec un grand nombre d’agriculteurs éleveurs auxquels nous apportons aussi des appuis techniques. D’autre part dans des syndicats de producteurs et transformateurs bio et groupes de travail institutionnels. Consciente des problèmes majeurs environnementaux et de santé publique, je suis également très engagée dans la défense des droits à la santé, j’ai participé aux travaux du Grenelle de l’Environnement avec l’Alliance pour la Planète, regroupant plus de 80 ONG. Je continue ce travail notamment en tant que présidente de l’association nationale Générations Futures. J’ai aussi participé à la première édition de l’Earth Hour, pendant laquelle 3 M de foyers ont éteint leurs lumières quelques minutes en même temps. J’ai fait partie des fondateurs du réseau environnement santé (RES), qui est à l’origine des révélations et de l’interdiction du bisphénol A avec l’ancêtre de Générations Futures, le MDRGF (Mouvement pour les droits et le respect des générations futures).
C’est le dixième anniversaire de la semaine pour les alternatives aux pesticides. Qu’attendez-vous de cette manifestation ?
Mettre en avant ces alternatives aux pesticides dix jours par an, c’est la moindre des choses. Quand Générations Futures intervient publiquement, c’est sur la base d’études scientifiques étayées, ce qui permet de résister aux attaques et critiques nombreuses. Dire qu’on est face à des menaces sérieuses sur la santé est un devoir. On est à plus de mille nouveaux cas de cancers par jour en France aujourd’hui. Nous ne revendiquons pas pour revendiquer. Les produits utilisés aujourd’hui en agriculture génèrent des pathologies. On veut que la population soit informée et nous participons à cette information. Générations Futures a une expertise scientifique, est reconnue d’utilité publique. Nous dérangeons des habitudes établies. Nous mettons en place des communications ultra vérifiées. Ces actions concernent l’ensemble de la population, hors partis politiques. Notre liberté de parole est importante, quel que soit le parti au pouvoir. C’est un travail d’équipe. François Veillerette, notre porte-parole et Nadine Lauvergeat sont les rouages principaux de Générations Futures.
Un exemple de votre action en tant que présidente de l’association ?
Je suis intervenue récemment à Bruxelles où j’ai demandé un changement radical des pratiques et un calcul du coût réel de l’emploi de ces produits en matière environnementale, sociétale et santé. On tue la biodiversité animale et végétale. Cette économie a oublié ses valeurs de base. Par exemple, on paie le pain moins cher, il est moins bon et plus trafiqué et la boulangerie industrielle peut créer des poches de chômage et des déserts par la simple fermeture de petites boulangeries de campagne. Nous avions voilà quelques années à Générations Futures lancé une action appelée « menu toxique » (consultable dans son ensemble ici : http://www.menustoxiques.fr/). Rien qu’au petit déjeuner un gamin peut avaler 128 molécules chimiques différentes issues de l’agro-alimentaire industriel, ce qui peut perturber le système endocrinien. Voilà trente ans, nous n’étions pas dans cette industrialisation excessive de l’alimentation. Certaines molécules peuvent avoir une incidence sur deux ou trois générations.
Localement, comment ce message-là, anti-pesticides et alternatif, est-il reçu sur le terrain en Rhône-Alpes et Bourgogne ?
On maintient les agriculteurs dans une forme de dépendance aux pesticides. Il faut appréhender l’agriculture d’une nouvelle façon. Les techniques agrobiologiques proprement dites, notamment pour améliorer la qualité des sols, ne sont plus sollicitées au quotidien. Face à un problème rencontré dans une exploitation, on envoie d'abord un produit en disant qu’il est adapté, que c’est la solution ad-hoc. Or, il peut créer de nouveaux dégâts. Au contraire, si vous changez de méthode, en allant vers moins de pesticides, il y a de vraies solutions. On peut nourrir les gens en bio, à condition d’être technique. C’est un savoir méconnu ou que l’on a oublié mais facile à retrouver.
Propos recueillis par Florence Genestier
Le programme saône-et-loirien de la semaine d'alternatives au pesticides http://www.info-chalon.com/articles/saone-et-loire/2015/03/19/12362-semaine-pour-les-alternatives-aux-pesticides-en-saone-et-loire-les-pesticides-c-est-pas-automatique-.html
Le site de Générations Futures : http://www.generations-futures.fr/
Maria Pelletier participe le 24 mars à un débat à Beaune (21), à 20 h à l'hôtel Bellevue en compagnie d'Emmanuel Giboulot, le viticulteur biodynamiste qui a refusé le traitement anti flavescence dorée en 2013 et qui pour cela a connu quelques péripéties judiciaires



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