Opinion

COURRIER DES LECTEURS - La Laïcité, un principe de cohésion sociale et de tolérance

Face aux tentations communautaristes, aux replis identitaires et à l’instrumentalisation de la laïcité, il n’est sans doute pas inutile de rappeler quelques vérités.

 

Historiquement, la laïcisation de la société française a été amorcée durant la Révolution Française, la Convention annonçant le 21 février 1795 «  nul ne pourra être empêché d’exercer le culte qu’il a choisi ». Il faut attendre ensuite l’année 1870, pour que le professeur Jean Macé, fondateur de la Ligue de l’Enseignement, lance une pétition pour la laïcité de l’école qui recueille 1 267 000 signatures. Puis la Commune de Paris, dont nous pouvons célébrer, ces jours-ci le 150e anniversaire, au cours de sa séance du 23 mars 1871, affirme la revendication de «  la séparation des Eglises et de l’Etat ». 

 

Depuis la loi de 1905, la laïcité est un principe républicain qui assure la liberté de conscience. Chaque citoyen est libre de croire ou de ne pas croire sans être inquiété ou discriminé pour ses croyances religieuses et il peut se rendre dans le lieu de culte de son choix. En ce sens, la loi de 1905 est une loi de tolérance qui favorise la cohésion sociale. Il n’appartient donc pas à un quelconque groupe religieux d’imposer à l’Etat républicain des textes de lois, des décrets ou des arrêtés municipaux contraires au principe de laïcité. 

 

Si la tentation est forte pour chaque religion de faire valoir ses droits et d’exprimer son autorité, il est utile de prendre le recul nécessaire pour situer la réalité et la diversité des pratiques religieuses en France. Selon une estimation de l’Observatoire de la Laïcité de 2019, les non-croyants, athées, agnostiques ou non-croyants représentent 46 % de la population, les croyants, toutes religions confondues, 37%, les indifférents 10 % et les sans réponse 7%. 

 

Par ailleurs, un sondage de l’IFOP en date du 3 mars 2021, commandé par la Licra, montre que 44% des lycéens se déclarent «  non religieux », 27 % «athée convaincu ». De fait, 70% des lycéens  affirment, aujourd’hui, n’avoir aucun lien avec une quelconque religion. C’est là une réalité objective dont les élus de la République devraient s’inspirer pour mettre à distance leur propre subjectivité avant de vouloir modifier les lois. 

 

Dans ce contexte, la laïcité tantôt brandie comme un totem, tantôt objet de fantasmes, tantôt politiquement instrumentalisée à des fins de stigmatisation ou de réduction des libertés individuelles, devrait être, au contraire, le principe républicain du rassemblement et de la citoyenneté. En aucun cas, le principe de laïcité et les lois qui l’encadrent devraient servir de paravent pour masquer les idées séparatistes, racistes, et en définitive rétrogrades. 

 

Le respect de la laïcité, dans son principe comme dans la loi, est un gage de fiabilité et de solidité de nos institutions républicaines. Il s’agit de savoir pérenniser le modèle républicain laïque en lui faisant franchir une nouvelle étape de son développement en respectant la diversité qui fait ce que nous sommes: croyants et incroyants !

 

Lucien Matron

Ancien élu municipal, membre de la Ligue de l’Enseignement 71