TRIBUNAL DE CHALON - « Je fais plein de mal. Je ne comprends pas »
Par Florence Saint-Arroman
Publié le 16 Juillet 2021 à 11h39
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Arrivés à la trentaine, certains ont déjà fondé famille, d’autres non mais ils travaillent.
Arrivés à la trentaine, ils ont leurs vies entre leurs mains, c’est souvent le cas. Et puis il arrive qu’on en croise un qui a encore sa tête de moineau, posée sur un corps d’homme. Un dont le regard est celui d’un enfant et dont les poings se serrent. Un qui ne sait pas ce qui lui arrive.
Celui-ci a 29 ans, une coupe de cheveux nette et une tenue nette également, tout ce qui préoccupe le tribunal et son avocat se loge dans son regard et dans sa gestuelle. Il est domicilié au CCAS de Chalon, parce que lorsqu’il est sorti de prison, en janvier dernier, sa mère l’a hébergé 15 jours avant de le passer dehors, avec l’aide de la police dit le prévenu. Une voisine l’a recueilli et merci à elle parce que les gens qui lui tendent la main ne courent pas les rues, ben non. Cette femme est assise sur une des chaises réservées aux victimes. Masquée (c’est toujours obligatoire dans les lieux clos), la tête couverte d’une capuche, on ne voit rien d’elle. Le 4 juillet, il l’a frappée. 4 jours d’ITT. « Pour madame, c’est une grosse erreur. Je ne lui en ai jamais voulu. » Le président Dufour le corrige : « Ce n’est pas une erreur, c’est un délit. »
Le tribunal demande une expertise psychiatrique avant de le juger
Le prévenu poursuit pour expliquer qu’en revanche pour sa deuxième victime, dans la nuit du 12 au 13 juillet, eh bien il avait plutôt une bonne raison de s’énerver. Le compagnon de sa mère. Qui s’incruste depuis un bon moment, estime le jeune homme. Bref, il arrive, il voit sa mère avec le genou gros « comme ça ». Une double entorse ! Il soupçonne le compagnon d’y être pour quelque chose, il sort un couteau, il pique le gars. Il tue le chien. … Il voudrait qu’on le juge maintenant mais le président met d’emblée dans les débats la question d’une expertise psychiatrique. « Les raisons pour lesquelles vous êtes passé à l’acte interrogent. » 18 mentions à son casier. On devine une enfance trop tôt interrompue, malmenée. « …déferlement de violences sur sa compagne et son beau-père. Il a tué le chien. Ça interroge », renchérit le procureur.
« Mettre des coups de couteau à quelqu’un à cause d’une entorse ? … On ne comprend pas »
« Monsieur n’est pas opposé à cette mesure, dit maître Duquennoy. Des faits posent question, notamment les actes de cruauté envers le chien. Lors de son interpellation, monsieur est complètement ivre et s’est uriné dessus. » Ces détails racontent un peu l’état dans lequel il se trouvait. Un état de stress majeur. Le prévenu colle sa tête dans l’ouverture de la meurtrière taillée en bas de la vitre du box. Tout le monde ou presque s’est habitué à ces conditions de comparutions : derrière une vitre, coupé de son avocat, avec souvent des difficultés à entendre, voyant le tribunal et la salle de ce point de vue-là, coupé. Mais le gamin ne désarme pas et reprend : « Quand j’étais chez ma mère, elle avait une double entorse, et franchement, une double entorse, on la fait pas comme ça, et… - Mettre des coups de couteau à quelqu’un à cause d’une entorse ? … On ne comprend pas », répète le président.
« Je fais plein de trucs bien pour moi et je fais plein de mal à côté. Je ne comprends pas »
Que pense-t-il de son casier judiciaire ? « J’en pense rien, moi ! C’est du passé et voilà. » Une 19ème condamnation s’y ajoutera bientôt, en date de janvier 2020, 16 mois de prison dont 8 mois assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, pour des violences aggravées. Et puis, une bonne nouvelle : il a intégré, à sa sortie de prison, le DAQ, dispositif d’accès à la qualification. Il voudrait être boucher. Le voilà en formation ! Mais le voilà dans le box… « Je fais plein de trucs bien pour moi et je fais plein de mal à côté. » Il écarte les mains. « Je ne comprends pas. » Alcool et drogue pour tenir le coup. Il réitère sa position : pour madame il s’en veut et il regrette, pour monsieur (qui n’est pas venu à l’audience), il ne s’en veut pas. Et en ce qui le concerne : « Je suis dégouté pour mon projet. »
« J’ai plus la force »
Le jugement est renvoyé, le temps qu’un expert psychiatre intervienne. Le procureur requiert le maintien en détention du prévenu. Maître Duquennoy constate que son client « n’a aucune solution d’hébergement ». Le jeune homme est placé en détention provisoire jusqu’à fin août. Il se penche tout contre l’ouverture en bas de la vitre du box : « Je voudrais être seul en cellule. » Une larme silencieuse coule, il l’écrase. « J’ai pas le courage, j’ai plus la force. »
Florence Saint-Arroman
Le tribunal explique au prévenu qu’il n’a pas de prise sur les conditions de détention, mais le président demande au chef de l’escorte s’il peut en dire un mot lors de l’arrivée du garçon. L’homme acquiesce.



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