Saône et Loire

Lamas et alpagas, bien réfléchir à tous les paramètres avant une adoption

Lamas et alpagas, bien réfléchir à tous les paramètres avant une adoption

Derrière ces très belles "peluches" à l'incontestable aura se niche une réalité de terrain qu'il vaut mieux soupeser avant de s'engager le cas échéant dans l'écriture d'une histoire commune. Johnny est bien placé pour affirmer de quoi il en retourne.

Recommanderiez-vous ces animaux à des particuliers ?

« (silence…).Oui, à condition qu’ils aient de la patience, du temps, et qu’ils acceptent que l’environnement, le parc où ils sont, soient particulièrement dégradés, car ça fait quand même du dégât. S’il y a des arbres fruitiers, des haies, des massifs, ils vont tout manger. Là en ce moment ils attaquent l’écorce de mes vinaigriers, il n’y a plus d’écorce du tout, mes pommiers n’en ont plus aussi. Je me demande s’ils vont fleurir au printemps. Sinon, c’est super sympa, silencieux, ils ne crient pas souvent, on ne les entend crier que s’il y a du danger. Il arrive qu’ils se battent, et ils se courent après, se bousculent, ils peuvent casser des choses comme des branches, ils renversent très souvent des petites statues qui sont dans mon parc. Le sol n’est pas ravagé étant donné qu’ils ont des ongles et non des sabots, donc pas de trous comme si c’étaient des bovins, par contre comme ils ont un bon appétit, il faut avoir grand. 2000 m2 par animal, il vaudrait mieux avoir 4000 pour être tranquille, et pour être sûr d’avoir toujours de l’herbe dans le terrain. Là, je vois que je suis obligé de donner du foin toute l’année, l’herbe ne suffit pas, et quand il n’y en a plus la mousse s’installe, et une fois qu’elle est installée, eh bien l’herbe a du mal à revenir. Si on ne ramasse pas les déjections des lamas, l’ammoniac des crottes finit par brûler l’herbe, donc il faut entretenir le parc. C’est fastidieux, il y a quand même de l’entretien. Il faut également une clôture en dur qui soit à peu près en état, car ça arrive qu’ils fuguent, et ne pas se limiter à mettre un fil électrique. Prendre du courant, les animaux n’apprécieraient pas, et puis ce n’est pas sympa comme méthode. Je dirais qu’il faut bien réfléchir avant de se lancer dans l’aventure. »

 

Qu’est-ce que lamas et alpagas signifient pour vous ?

« C’est le caractère entier, ils savent ce qu’ils veulent, ils ne sont pas faciles à vivre quand même. Ce ne sont pas des moutons, il faut savoir les prendre, et c’est ça que j’aime. Par exemple le chef lama c’est le plus vieux, il m’en veut à mort et il ne me le pardonnera jamais, c’est lui qui s’est fait limer les dents l’an dernier…Il s’en rappelle, il n’a pas supporté la séance de dentisterie…et à chaque fois que je m’approche pour essayer de l’attraper, il me crache dessus. Ils ont énormément de mémoire, ils sont intelligents aussi. Quand ils me voient arriver avec la tronçonneuse dans le parc, ils savent que c’est pour aller couper des bambous, ils font le lien, et ça va leur permettre de manger toutes les feuilles. Le lama se fait à toutes les situations, par contre il ne faut pas le prendre pour un con, sinon il réagit. Ces animaux donnent beaucoup quand on est en balade. Comme moi, je ne regarde pas le temps passer, je me plie en quatre, eux aussi. Les lamas sont vraiment patients, mais la plus grosse récompense, c’est que les gens reviennent. J’ai même des gens qui reviennent pour la troisième fois alors que je ne suis en activité que depuis deux ans, c’est une belle moyenne. Des fois des enfants viennent me voir avec des dessins de lamas, j’ai de bons retours sur internet. C’est génial, mais la grosse récompense ce n’est pas l’argent, ce sont les yeux des uns et des autres,  faire plaisir. »

 

Avez-vous des envies de développement ?

« Je pensais éventuellement mettre une yourte ou un tipi dans le parc pour proposer des nuits, mais je vais peut-être attendre un petit peu, car j’ai prévu de mettre un abri pour les animaux afin que tout le monde soit à l’abri du vent, et j’ai quelques travaux de clôture. J’ai mis une maisonnette, mais avec les caméras je me suis aperçu que tous les lamas n’y allaient pas. Elle peut en contenir quatre, mais pas plus. Donc il y en a deux qui restent dehors. Avoir plus d’animaux ce n’est pas possible, je manque de place, je ne veux pas qu’ils soient en surnombre, donc ce ne sera jamais plus de cinq, ou six si j’ai un pensionnaire. Celui-ci je ne l’aurais pas toute l’année, que de temps en temps. Et puis en avoir davantage ça me prendrait trop de temps, parce que je veux aussi profiter un peu de ma retraite, j’ai trop de travaux à faire dans ma vieille ferme. Les balades, j’ai vu cet été, ça me prenait des journées entières. Préparer les animaux le matin, les premières balades à 10h, les dernières qui se terminent quelquefois à 19h… Je vis seul, je n’ai ni compagne ni enfants, il faut que j’arrive à gérer l’ensemble, à trouver une organisation. Déjà, pas plus de trois balades par jour, deux s’il fait chaud, et encore, une le matin, et l’autre l’après-midi , puisqu’il ne faut pas fatiguer les animaux à cause de la chaleur. Bien sûr, si j’avais plusieurs hectares, je prendrais quelqu’un avec moi , et on développerait. Pourquoi ne pas aller en Ehpad, etc. ? On me l’a demandé plusieurs fois pour les fêtes de fin d’année, mais j’ai décliné, car je n’ai pas de moyen de locomotion. Alors si, l’éleveuse pourrait me prêter son camion, mais il faudrait aller le chercher, le ramener, ça ferait de la distance, non, ce n’est pas bien pratique. Je préfère encore que les gens viennent me voir. »

 

A votre connaissance, y a-t-il de la concurrence dans l’Ain et la Saône-et-Loire sur le principe des sorties ?

« Dans l’Ain, je pense qu’il doit y avoir une famille ou deux. Je sais que dans le Revermont il y a un gars qui s’appelle Jérôme Tragus, lui il ne fait que les Ehpad avec ses lamas. Dans l’Ain, peut-être que je suis le seul à faire des balades. Il y en a dans le Rhône, l’Isère, en Savoie…Je n’ai pas vraiment regardé en Saône-et-Loire. Les lamas se démocratisent, mais pas au point de proposer des balades. Les gens en possèdent uniquement pour leur plaisir. Tant mieux pour moi, pourvu que ça dure, sachant que ça donne des idées à certains. Des personnes sont venues me voir, elles souhaitent mettre des lamas, pourquoi pas pour leurs clients, car ils ont des gîtes entre autres ? En avoir autour du gîte, et après éventuellement une petite balade ? Tant que ce n’est pas à quelques kilomètres et une concurrence directe, ça va. Après, c’est au meilleur de s’imposer, à celui qui se débrouille le mieux. »

 

Où se fournir en animaux ?

« L’élevage le plus proche c’est celui de Saint-Trivier-sur-Moignans. Il s’appelle le Domaine du Chevalier, ce sont des gens très compétents qui sont devenus des amis. Ils proposent des lamas et des alpagas, sevrés, pucés, avec carnet de vaccination, des lamas plus ou moins dressés, donc un peu sociabilisés. On peut les acheter chez eux en toute confiance. En France il doit y avoir une quinzaine d’élevages.« 

 

Il paraît qu’un film doit vous être consacré ?

« Oui, deux sœurs cinéastes viennent me voir le 24 janvier pour que l’on parle du synopsis qu’elles m’ont envoyé. A la lecture je le valide, il n’y a pas de souci. Elles sont bien entrées dans les détails, mais bon ça ne me gêne pas, je n’ai rien à cacher. On avance sur le projet. Après notre rencontre on commencera le début du tournage aux beaux jours, au printemps. Je ne sais pas quand le film sera bouclé, car le montage leur prendra un peu de temps, elles ont aussi prévu d’aller filmer l’élevage où je me suis procuré mes lamas. Elles vont parler aussi de tout mon parcours. Je vous rappellerai lorsque j’aurai fait mon entretien avec elles. Ca sera proposé dans un concours de films amateurs, et ensuite, si le film est primé, ça passera dans les cinémas en première partie, entre les pubs. J’espère être retenu, mais il y a peut-être d’autres sujets plus intéressants que le mien. Est-ce que ça accrochera les gens ? »

 

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