Culture

Yves Jamait tel qu’en lui-même, et ensuite cap sur Chalon le 19 mai avec « Parenthèse 2 »

Yves Jamait tel qu’en lui-même, et ensuite cap sur Chalon le 19 mai avec « Parenthèse 2 »

L’auteur-compositeur-Interprète Yves Jamait sera de retour à Chalon-sur-Saône le jeudi 19 mai à partir de 20h au Théâtre du Port Nord, pour la plus grande joie de ses admirateurs. Que la fête soit « jamaitienne », c’est-à-dire parée de ses plus beaux atours excluant superficialité et fausseté ! Interview pour info-chalon.com

A quoi peuvent s’attendre les Chalonnais le 19 mai ?

«J’allais dire presque comme d’habitude, on a quand même une belle histoire avec Chalon depuis un moment. En tout cas comme ce n’est pas un spectacle où on défend un album, c’est une parenthèse, donc c’est entre deux albums, une tournée entre deux tournées en gros. Ca va permettre de revisiter beaucoup de chansons. On a refait des arrangements vu qu’on n’est que trois sur scène, on se balade à travers les albums, avec des chansons qui sont souvent attendues par le public, et d’autres que je ressors un petit peu de la poussière dans laquelle elles étaient. Et puis on a tendance à se marrer beaucoup sur cette tournée.»

Quel(s) qualificatifs serait-il possible d’ajouter, vous concernant, au terme chanteur ?

«Oh là là, je ne sais pas si je suis le mieux placé pour donner une réponse à ça, il faudrait que j’aie déjà le recul, que je me voie de l’extérieur. Je me sens probablement un peu ordinaire, et puis je ne sais pas trop quel(s) adjectifs ajouter. Je ne saurais pas dire. »

On sait que vous n’êtes jamais à court d’engagement pour les bonnes causes, pourquoi cette fois-ci un concert en faveur du service pédiatrique du Centre hospitalier de Chalon ?

« Parce que je suis un citoyen comme tout le monde, qui est touché par ce qui arrive aux autres avec des choses qui ne sont pas forcément très cool, et qui a la possibilité de pouvoir mettre en lumière certaines choses. Ce ne sont pas forcément des gros projecteurs, car je n’ai pas un impact pas possible,  je me sers de ça pour aider d’autres gens qui en ont besoin tout simplement. Si je peux apporter un coup de main, j’apporte un coup de main. »

Vous entretenez un rapport passionnel avec les mots. Quelle signification ont-ils pour vous, et n’y a-t-il pas le risque que leur valeur intrinsèque ne soit pas toujours interprétée comme il se devrait ?

«Déjà, quand on  écrit une chanson, s’il y a dix personnes qui lisent la chanson, il y a dix versions de la chanson. Il ne faut pas essayer de savoir si les gens ont bien compris exactement ce que je voulais dire ou je ne sais pas quoi, je ne m’en soucie pas en fait. Chacun de toute façon écoute, entend ou lit la chanson avec le filtre de sa vie, donc la compréhension sera forcément tronquée. Qui plus est, en tant que «mec qui poétise un peu », justement la base de la poésie c’est de s’amuser à détourner des mots avec une signification ou un autre angle, pour qu’on ait la sensation d’une autre signification. Donc j’aime faire ça, je peux me le permettre, si les gens ne comprennent pas l’endroit où ça doit être compris,  il n’y a pas de dogme là-dessus, chacun l’entend comme il veut. Je n’ai pas peur de ça, de toute façon les mots sont dénaturés constamment, c’est le principe aussi d’une langue vivante qui évolue. Il y a par exemple des choses que je regrette, mais c’est comme ça. Chaque mot qui s’inscrit aujourd’hui, dans cinquante ans il sera peut-être largement obsolète, ou il changera, ou on ne s’en servira plus. Je déplore bien sûr l’anglicisation de la langue, mais ça a toujours existé. Il y a beaucoup trop de mots à mon goût, mais après, on ne pourra de toute façon pas lutter. « 

La chanson n’est-elle qu’un mirage, ou bien contient-elle des germes contre les maux du monde ?

« Si la chanson devait faire changer des choses, ça se saurait. Je pense qu’il y a des changements et qu’elle accompagne des mouvements qu’il peut y avoir dans une société, une civilisation autre, mais je ne pense pas qu’elle les provoque. Il ne me semble pas que la chanson puisse être le déclencheur, ça peut être le déclencheur, mais alors c’est  quelque chose qui existait. Elle peut révéler une vocation, mais ce n’est pas elle qui les crée. C’est un exutoire  la chanson avant tout. »

La culture, éternel parent pauvre au fil des élections, qu’est-ce que ça vous évoque ?

«Je vais peut-être en choquer plus d’un, mais je m’en tape, je m’en fiche un peu. Je ne me sens pas assez légitime pour avoir une opinion là-dessus. Pendant le covid, un certain nombre de journalistes m’ont appelé pour que je m’exprime sur ce sujet, pour qu’en gros je dise mon indignation quant au fait qu’on était inutile, qu’on n’ était pas essentiel, c’est tout. Je suis peut-être trop d’un milieu ouvrier. Si un mec se pointe dans le désert avec une guitare alors que j’ai soif, je m’en fous un peu,  je préfère qu’il m’amène de l’eau. Donc, voilà, peut-être que j’ai tort, je n’en sais rien, mais il y a un tas de choses qui me semblent essentielles effectivement pour les gens, et que les autres n’hydratent pas avec la culture ça ne m’étonne pas, et donc les politiques notamment. C’est un peu révoltant, mais c’est révoltant à partir du moment où on a un certain statut culturel, un certain bagage culturel, sinon pour quelqu’un qui n’a pas de bagage culturel ça ne veut pas dire grand-chose. Par conséquent  je pense souvent à ma marraine, qui était quelqu’un de, je ne vais pas dire analphabète, mais qui n’était pas forcément très cultivée. Ca ne l’empêchait pas d’être, et c’est vrai que sa culture à part Guy Lux ça n’allait pas plus loin… donc on aurait dit à cette dame que la culture est en danger, je ne sais même pas si elle ne serait pas allée voir si ses patates se portaient bien…Je me sens un peu proche de ça, j’ai toujours un peu de mal pour prendre position et pour me sentir bien comme un acteur culturel. Je ne suis pas très à l’aise avec ça.»

Avez-vous davantage d’affinités avec certaines de vos chansons ?

« J’en ai beaucoup avec les prochaines, celles qui arrivent, car je suis en train de les faire, je suis en plein dedans. J’ai un avantage sur d’autres, peut-être, c’est que je ne me lasse pas de chanter les mêmes chansons. Il y en a que j’ai chanté un bon millier de fois, d’abord on change souvent les orchestrations, on amène des tas d’autres choses, on les présente différemment. C’est comme un plat, moi qui suis cuisinier à la base, je n’ai pas marre de manger bourguignon si ce n’est pas tous les jours, mais c’est pour dire que je n’ai pas de préférence pour des chansons. J’aime bien m’amuser à construire un spectacle, j’ai de quoi puiser pour le faire, et parfois je les choisis juste par rapport aux propos du spectacle, pas forcément pour tel ou tel aspect. »

Qu’est-ce qui joue un rôle prépondérant pour vous : la mélodie, le texte ?

«Au début j’écrivais  beaucoup de textes sur lesquels j’essayais de mettre des musiques, puis les choses ont un peu changé, j’ai aussi trouvé des mélodies sur lesquelles j’ai essayé de poser des textes. Aujourd’hui, en général je lance trois-quatre mots, je cherche une musique en même temps,  ça implique un certain vocabulaire, une façon de faire, la sonorité des mots, il y a plus de choses qui entrent en compte. Donc maintenant je suis un peu pass work, le corps travaille sur l’écriture, et réciproquement. »

Quelque chose de plus que vous souhaiteriez dire ?

« Non, je pense qu’on fait trop causer les chanteurs, il faut les laisser chanter, et ne pas trop leur demander leur avis. »

 

Des places sont encore vacantes

Concert assis, placement libre. Hélène Piris assurera la première partie. Réservations auprès de l’Office de tourisme et des congrès du Grand Chalon (27,00 euros la place), ainsi qu’auprès de l’association givrotine « Le rêve de Marie dream » (26,00 euros). A savoir également que le chanteur se rendra ce jeudi 19 mai à partir de 17h à l’Espace culturel du Leclerc de Chalon pour une rencontre assortie d’une séance de dédicaces.

 

Crédit photo : Stéphane Lavoué                                Propos recueillis par  Michel Poiriault

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